Incense and iron | Fabien (uc)

Biographie
 15/08/1977, Warwick, Angleterre
Fabien naît de deux parents profondément épris l’un de l’autre… Mais encore plus de l’alcool et des soirées dangereuses où tout dérape. Gamin qu’on a pas su avorter, voulu par sa mère et craint par son géniteur, il voit le jour doucement dans un monde qui déjà lui fait un peu la tête. Mary, sa mère, a 17 ans. Gilbert en a 28. Expat français qui fait payer bien cher ses cours particuliers – il ne l’a pas vraiment aimée autant qu’elle s’est donnée toute entière à lui.
Néanmoins, ils ne se sépareront pas. Au contraire, la naissance d’un enfant pousse Gilbert à demander la main de Mary.
C’est juste elle qui va refuser.

17/10/1980, Warwick, Angleterre
Fabien grandit dans la famille de sa mère, les Thomas, élevé à la fois par sa grand-mère et sa mère. Celle-ci sera, dans ses quelques souvenirs, considérée comme sa sœur. Ils vivent ensemble dans une petite maison proprette de Warwick, assez exigüe mais tout à fait confortable. Mary a repris les cours après trois années d’arrêt et abandonne volontiers son enfant à sa propre mère sans vraiment savoir.
Jane n’aime pas son petit-fils. Celui-ci porte le nom d’un Français qui, par malheur, a cru bon d’aimer sa fille. S’il n’était pas mort dans un accident de voiture quelques mois après la demande en mariage stupide, elle l’aurait sans doute pourchassé jusqu’à lui faire payer ce déshonneur.
Jane n’aime pas Fabien, enfant aux grands yeux bleus qui s’accroche à elle et examine avec circonspection des publicités trouvées dans la boîte aux lettres. A trois ans, il trouve magnifique les couleurs. Elle n’aime pas la place qu’il prend, le poids qu’il est dans la vie de sa fille, l’espace qu’il gâche.
Elle en a parlé à Mary, heureuse d’avoir à nouveau une vie. Elle lui a parlé des hommes dans la rue, ceux qui prêchent auprès d’elle et convainquent, un peu trop. Elle lui a parlé du numéro qu’elle a demandé.
Mary ne s’est pas prononcée.

Jane décroche son téléphone et attend qu’au bout du fil résonne une voix.

Il leur faudra relativement peu de temps pour venir avec les papiers légaux et obtenir la signature de la mère de l’enfant. On s’occupera de lui, vous avez fait le bon choix, il fera de grandes choses et toutes ces conneries auxquelles ni l’une ni l’autre ne croient. Elles voient juste qu’il n’est plus là, et ça leur suffit.

A trois ans, Fabien rejoint l’Inquisition.

1980 à 1989, Nemi, Italie
Les débuts sont rudes : même si les instructeurs et les personnes le prenant en charge ne manquent pas de douceur face au bambin qui ne sait pas grand-chose, il est compliqué de s’acclimater et d’apprendre à vivre si loin de chez soi. L’enfant cadenasse ses vieux souvenirs avec délicatesse. Les larmes finissent pas se tarir, après quelques mois. Il n’a rien à craindre ici, tout le monde est gentil, les plus grands aussi. Les visages de Jane et Mary s’effacent peu à peu et ne reste que son nom pour lui rappeler d’où il vient.

Viennent les premières leçons. Fabien est un bon élève, juste un peu turbulent et forte tête. Il apprend vite, retient bien, se montre excellent au caractère détestable. Il aime apprendre et triompher, il déteste juste qu’on le prenne pour un imbécile – ce que certains de ses professeurs ont du mal à accepter. j’ai compris qu’on était importants, m’sieur, vous avez pas à le répéter comme un disque rayé pour la quinzième fois en dix minutes. Ca se voit que vous avez pas préparé votre… speech.
Et les mots virevoltent en italien, roulent sans accent : on pourrait le croire natif. Impertinent à l’esprit trop vif. Petit con.

Néanmoins, il se fait des amiEs, des adelphes de coeur et de sang (pacte stupide sous les rayons lunaires, une nuit blanche pour son anniversaire). Fabien se lie avec eux plus intimement qu’il ne se liera avec d’autres : ils sont trop importants pour lui. Ils grandissent ensemble, affrontent lentement les mêmes épreuves ensemble. Des liens indéfectibles que même la mort ne saura briser. (Et ceux qui les forment le savent. )

Octobre 1989 à Janvier 1996, un peu partout dans le monde
Fabien entame enfin son apprentissage réel. Six ans et quelques mois aux côtés de Giovanni, Maître du Renseignement. Ce n’est pas cette branche que l’anglais visait, pour être honnête : il aurait adoré partir en recrutement et, grande gueule comme il est, ce n’aurait été qu’un bien. Le choix n’est pas clair au début : aurait-il sciemment foiré le test ? Le laisseront-il le repasser ? Pourquoi ici ?

Il faudra quelques mois, presque un an, pour que la lumière se fasse. Fabien se fond dans la foule et disparaît, avant de revenir armé des informations les plus précieuses. Il fait parler et sait parler, converse avec une aisance désolante tant elle pue la vérité. Personne ne se méfie d’un enfant, puis d’un adolescent : il traîne tard le soir dans les quartiers avec des amiEs, boit (de l’eau), fume (des clopes empruntées), garde les yeux ouverts et impitoyablement dénonce à son retour au QG. Le gars qui court trop vite. Celui qui a cassé un poteau en fonçant dedans sans voiture. Le gros machin noir au fond du placard, qui tourbillonne et attend la nuit pour s’évader.

L’évidence est là.

28 janvier 1996, Dubaï, Emirats Arabes Unis
Dernière mission en tant qu’aspirant. Celle-ci s’achève sur une réussite pour l’Inquisition, et Fabien profite de la soirée pour célébrer avec quelques amies sur place, toutes les trois de sa faction et déjà membres. Une soirée qui se soldera par un plongeon très peu habillé, un blackout pour Fabien et de très nombreuses marques sur tous leurs corps. La découverte, aussi, de la violence des sentiments pour quelqu’un avec qui iels ont grandi.
Ils réitéreront l’expérience quelque fois. Des amiEs proches. Rien de plus.

1^er janvier 1999, Paris, France
Fabien est envoyé sur une mission qui s’annonce, sinon prometteuse, au moins exagérément longue. Mettant à profit son apprentissage du français et son prénom décidément pas anglais, il fait partie des heureuxses éluEs à être envoyéEs sur Paris.

Courant mai 2001, Nemi, Italie
Le retour est dur. Il est toujours compliqué, après une longue période d’immersion, de revenir à la réalité de l’attente et des entraînements à Nemi. L’inquisiteur ronge son frein en parcourant les rues de la ville, en attendant qu’on veuille bien à nouveau le solliciter. Il trouve de quoi s’employer, et après des études relativement chaotiques se fait traducteur indépendant. Il a toujours eu un don pour les langues, de toute manière – à défaut de ne pas avoir la langue dans sa poche.

Juillet 2004 à Décembre 2004, York, Angleterre
Une mission de plus qui ne mène sur strictement rien. (Il faut bien parler des échecs)

Mars 2005, Nemi, Italie
Fabien rencontre Julian. Un agent de trois ans son aîné, un de ces combattants qui sont, selon les dires de leurs formateurs, leur seul espoir. (Conneries. Ils ont juste les plus grosses armes. ) L’amitié se noue rapidement entre les deux hommes, les deux frères. De conversations sur les marches de chez Julian aux appels Nemi – New York, lorsque Fabien part en mission. Solide amitié. Profonde amitié.

Novembre 2005, Nemi, Italie
Non mais c’est toujours de l’amitié quand on a couché ensemble et qu’on s’est dit je t’aime, juré.

Janvier 2006, Nemi, Italie
Peut-être pas.
Ce n’est pas tant d’être bisexuel qui dérange Fabien – ou Julian – c’est juste… Ce n’est pas comme si ils avaient été élevés dans l’amour de ce genre de pratique. Sans haine, mais sans approbation. Ils gardent la chose un secret, sauf pour leurs amiEs proches.


30 avril 2011, Budapest, Hongrie
Une mission-suicide.
Il ne reviendra pas. La nouvelle lui est apportée par une lettre qu’il réceptionne avant les autres. Il n’en reviendra pas, et si Fabien a perdu des amiEs et des amantEs jusqu’ici, il n’a jamais perdu d’amour. Le vide le prend et le dévore.


2015, Londres, Angleterre
Fabien déménage ses affaires à Londres. Il a gagné plus qu’assez, en quinze ans à vivre aux crochets de l’Inquisition, pour pouvoir se payer un petit appartement néanmoins confortable. Depuis la mort de Julian, vivre dans la cité italienne a été un calvaire – mais il en avait besoin. Maintenant, le deuil est fait. Plus ou moins.
Il a besoin d’un nouveau départ.

2017, Londres, Angleterre
Elle est douce, Melissa. Elle est pale et elle danse si bien, elle éclaire ses jours et calme ses nuits dérangées. Fabien l’aime mais craint pour elle. Craint que la peau fragile sur laquelle il pose ses doigts ne se fasse laminer, que ses yeux n’explosent dans ses orbites, qu’elle ne suive le chant d’une bestiole démoniaque, qu’elle ne tombe dans les filets d’une horreur sans nom. Il craint pour la fragilité humaine (la serre d’autant plus fort, d’encore plus près). Et quand ses lèvres se posent sur le tatouage de son biceps intérieur gauche, qu’elle lui demande dans un murmure ce qui ne va pas, il ne peut que lui mentir.
Elle ne doit pas savoir. Elle pourrait partir.
Elle se cache les yeux devant Harry Potter, hurle de frayeur quand la lumière s’éteint soudainement, ne va pas aux toilettes après vingt-deux heures. Elle ne doit pas savoir. Elle pourrait en mourir.

Fin 2018, la Réunion
Un message sur Whatsapp. « Je te quitte. » Le téléphone vibre. Fabien à l’autre bout du monde tente de faire bonne figure au milieu de tout le beau monde, après s’être excusé quelques minutes aux toilettes. Je te quitte. Les mots résonnent dans son esprit, s’encrent dans la chair de son cerveau, s’ancrent à ses souvenirs pour les détruire.
Et toujours sourire, faire bonne figure. Il n’est bon qu’à mentir pour mieux récupérer ce qu’il est venu chercher. Il n’est bon qu’à observer.

Il la regrette un temps, puis elle  disparaît, lentement. Fabien avance. Les jours s’égrènent et il sait qu’il n’en a, sans doute, plus pour longtemps : ils sont rares ceux de l’Inquisition à avoir poussé aussi loin. Sa cause est ce qui lui tient le plus à coeur, et pour elle, il se dévoue entièrement. Charmeur, sympathique connard qui blaguera avec vous pour plus tard sans remords vous vendre si vous êtes un danger. Homme aux multiples faces, menteur né, il n’est pas celui que vous croyez.
Et si vous savez quelque chose qu’il ignore, il saura vous l’arracher.