friendship is magic... (Keith - Anders - Raff - Quin - Ariel)

T'attends. Convié à une soirée avec les potes de Raff. Pas ceux de l'armée, qu'il avait dit. C'est sans doute cette donnée qui t'avais décidé à y aller. Parce que le brun avait évolué un peu trop dans cette masculinité toxique dans ton adolescence et sa période chez les loups. Parfois il te racontait des anecdotes que t'aurais préféré ignorer. Tu t'étais habillé de manière décontracté, un jean gris, une marinière, et une veste sweet noir dont t'avais dû retirer le cordon de la capuche, il s'était perdu d'un côté. T'avais pas eu la foi de le récupérer. T'avais coiffé tes cheveux, ils commençaient à gagner en longueur, tu hésitais à les couper à nouveau. Tu fourrais dans un sac les cookies beurre de cacahuète et le cake aux poivrons. C'était un classique, mais t'étais pas sûr d'avoir quelques végétariens dans le groupe. On t'avait rien dit de la liste des invités. Raff semblait vouloir garder le mystère, ou alors parlait d'eux comme des ogres tout droit sorti d'un conte moyennement bien écrit. Ton téléphone ping et t'as à peine le temps d'enfiler ton écharpe et de chausser tes bottines qu'il est déjà là, le trajet se passe sans heurts, si on oublie cette foutue falaise sur laquelle il faut grimper. Pour le fait de vivre dans une grotte... On est pas loin, en plus moderne. C'est sûr. Tu te contente de suivre, sans te laisser trop distancer. Et vous voilà, tous les deux, devant la porte.

"J'ai pas peur. Je reste. Si t'as eu envie de me ramener, c'est que ces gens comptent pour toi." Tu effleures du bout des doigts la main de l'italien, avant de laisser cette main retourner dans ta poche. La tornade entre dans la pièce, sort quelques élucubrations propre à sa petite tête pour ta part tu esquisses un sourire des plus polis, présentant ta paume à l'homme qui avait ouvert. "Bonjour, Ariel." Une fois les présentations faites, tu essuyes tes pieds au tapis d'extérieur, avant d'entrer et de retirer tes chaussures. Retenant le héraut de Xipe Totec par le coude, lui évitant de se casser la gueule alors qu'il retire ses pompes, tu ranges les deux paires contre un mur, pour leur éviter de traîner. Tu fais finalement un signe à l'assemblé. "Ariel. J'suis le médecin qui le retape depuis... Un peu trop longtemps." Tu glisses un regard complice à Raff, mais n'en dit pas plus. Le regard des autres parlent pour lui, ils savent. Tu te contente de tendre le sac que tu as dans la main à l'un des deux. "J'ai aussi apporté quelque chose."

Malgré tout ce que disait Quinlan, et à quel point son esprit carburait, il n'avait toujours pas quitté la "Coloc de la plage". Mine de rien, il s'était attaché à cette bâtisse où il avait vécu ses meilleurs souvenirs - et ses meilleures cuites, rechignant peut-être encore, sans trop se l'avouer, à s'engager réellement avec Keith. Ce dernier ne semblait pas lui en vouloir pourtant, ce pourquoi Quinlan lui était infiniment reconnaissant. Peut-être aussi était-ce parce qu'il avait lui-même un colocataire et qu'il ne voulait pas spécialement le troquer pour un petit-ami envahissant ? Non, Quinlan, cesse. C'est ton cerveau qui dit de la merde là.

Parce que sous ses airs très décontractés, Quinny était rongé par l'anxiété. Il appréhendait cette soirée comme on redoute un rendez-vous chez le dentiste : on sait qu'on doit y aller, qu'on a même tout intérêt à y aller, qu'il faut voir au long terme, mais sur le coup, on a juste envie de se planquer sous sa couette et faire le mort. Quinlan allait avoir besoin de sa meilleure tenue et de son meilleur maquillage pour avoir quelque chose derrière quoi se cacher.

Il avait bien sûr entendu parler des amis de Keith, mais ne savait pas trop à quoi s'attendre, alors dans le doute, il opta pour les options mainstream les plus fabuleuses. Au-dessus d'un pantalon noir assez sobre et habillé, il portait une chemise turquoise réhaussée d'un gilet corseté dans les tons cuivrés, et brodés d'une multitude de petites fleurs bleues. Côté coiffure, ses cheveux n'ayant pas assez poussé à son goût ne lui permettaient rien d'autre qu'une coiffure gominée dans le style des années 50 pour ne pas avoir l'air de sortir du lit. Ajoutez à ça un maquillage "nude", si ce n'est pour un trait de khôl sous les yeux pour peaufiner le tableau.

Et évidemment, il n'avait pas vu l'heure tourner. Le temps qu'il rejoigne les falaises, il allait sûrement être en retard, ou tout pile à l'heure : ni une ni deux, il empoigna un long manteau, sortit, ferma à clé et enfourcha son pégase. Tenant toujours le manteau de laine noire à la main, il gigota comme il put pour l'enfiler alors qu'il avait le cul en selle, provoquant dans le même les râleries (justifiées) de sa monture. Quinlan ne lui en tenait pas rigueur : il avait bien besoin de son cheval ailé pour rejoindre au plus vite la coloc de Keith et... Andreas ? Andrew ? Il avait oublié.

Heureusement d'ailleurs qu'il avait chargé les sacs de selle avant d'aller prendre sa douche, sinon il aurait sûrement oublié les bouteilles de vin et de jus de fruits premium qu'il venait de ramener de Kingston, qui seraient restées dans sa cuisine. Il avait également hésité à acheter des fleurs, avant de se souvenir que l'influence de Keith les aurait fait caner de toute façon. Alors, en plus des bouteilles, il lui avait ramené un petit cactus pour ajouter à sa galerie.

Comme prévu, il arriva légèrement en retard. Ayant récupéré ses offrandes, il frappa à la porte, puis entra quand on l'y invita. Une grande inspiration, et c'était son tour sur scène.

— Bonsoir tout le monde !

Il se présenta, alla poser les bouteilles et le potit cactus sur la table, avant de retirer son manteau et de montrer à tous la fabulosité de ses atours. C'est alors qu'il remarqua qu'il avait peut-être de la concurrence sur le terrain du glam et des paillettes. Et bordel, ce que tout le monde était beau autour du canapé aussi...

— Hé ben, on peut monter un club des bg de Spear Island !

Quinlan rigolait mais se demandait quand même si on devait l'y intégrer : c'est pas comme s'il avait le corps bardé de cicatrices. Rien que ça, ça devait le disqualifier, non ?

Un coup d'oeil vers cette pendule qui avançait trop vite à mon goût. Tout devait être parfait. Et d'un point de vu extérieur, on aurait pu se croire dans une pièce témoin chez Ikéa, je le savais, mais ce ne serait jamais assez, tout le monde gérait son stress comme on le pouvait. Je regarde un moment Anders.

"Ouais mais on va enfin pouvoir voir sa bouille ! Depuis le temps que j'entends des bruits de couloirs." J'ai beau faire mine d'être détaché et relax, je hasarde un regard vers mon colocataire. "Je crois. Mais je suis pas sûr, et attend toi à trois heures de ménage demain matin pour que tout soit à nouveau parfait. Mais... J'espère qu'ils vont passer une bonne soirée. Si tout se passe bien, ça offre pas mal de perspectives." Je hausse un sourcil à l'adresse de mon ami d'enfance. "Je compte sur toi pour mettre l'ambiance, moi je serais... Sans doute stressé." Enfin... Manifestement, j'allais pas être le dernier. La porte s'ouvre à la volée pour laisser apparaître Raff et un grand rouquin. Pour l'avoir vu de nombreuses fois de loin, et l'avoir fuit à cause de son passif qui faisait un peu trop jaser le reste du monde, je le connais. De nom au moins. J'agite la main pour eux deux.

"Faut déjà se ramener jusqu'à là Raff, ça veut dire qu'il faut être déter. A part toi quand tu manques de café, j'aimerai bien savoir qui risquerait de se pointer dans la maison d'un corbeau et du capitaine des loups. P't'être un gros maso dans ton genre." Que je lance, un sourire polisson sur la gueule. Je pointe le frigo du doigt. "On en a un peu là, le reste arrive avec Quinny." que je répond, au sujet des boissons. Je remercie le dit Ariel d'un signe de tête et d'un sourire, avant de déballer un cake et une boîte à cookie, que je dispose sur la table, entre deux ou trois autres plats. Quelques jeux de sociétés sont disposés sur la table basse, la télévision diffuse quelques clips à la mode, à bas volume, comme bruit de fond. Alors que je finis de déballer les dernières victuailles, je vois Quinny rentrer.

"Salut toi." Que je lance avec une voix chaleureuse. Il est éblouissant ce soir. Une vraie reine descendue de son trône pour nous. Je me demande qui gagne, armé d'un mascara et d'un crayon, entre Anders et lui. Je m'approche, venant lui prendre doucement la main. "Viens j'vais te présenter. Voici Anders, c'est mon coloc, Raff, notre ami d'enfance, là tu as Ariel, son..." Tu fronces les sourcils "Heu son "ami". Et voilà Quinny, c'est mon compagnon." Je lui colle une bise sur la joue, finissant par sortir quelques verres ainsi qu'un tire bouchon en forme de perroquet, un peu kitch, offert par j'sais plus qui. Je l'utilise pour ouvrir une bouteille de vin, me servant un verre. "On peut jouer en grignotant, y'a rien de mieux pour faire connaissance. Et surtout mettre tout le monde à l'aise. Faites comme chez vous surtout." Je bois une gorgée, espérant chasser ce trac de me retrouver avec autant de monde autour de moi.