Children of the stars - ft Anders

Une serviette banale encerclait ses hanches, maillot de bain en dessous -bien entendu- alors qu'il avançait dans des couloirs de pierre qu'il connaissait trop bien. Le Léthé était divisé en plusieurs sections, rappelant certains pays ainsi que certains panthéons. L'homme dépassa la partie "Grèce Antique" pour se retrouver dans une autre, Egypte, les pierres étaient apparentes et bien taillés, il y avait quelques frises avec des hiéroglyphes. Mais l'homme connaissait ces décors comme sa poche. Quand il avait récupéré le SPA familial, il y avait fait de multiples travaux, lui donnant ce caractère. Il aimait ces différentes ambiances, ces jeux de lumières. Ash s'appuyait sur la main courante pour s'approcher du bassin froid. Ses articulations faisaient un bruit atroce, à ses oreilles, la douleur était lancinante, comme toujours. Passer la journée à galoper ne lui réussissait pas. Et lorsqu'il avait terminé sa journée de travail, il n'était pas rare, en bon propriétaire des lieux, qu'il profite des bienfaits de l'eaux, et des sources soufrées qui passaient à Spear.

L'homme plonge dans l'eau glacée. Parfois... Cela l'amuse de voir les gens s'immerger, un orteil, puis le pied, puis ne pas aller plus loin. La fraîcheur de l'eau apaise un peu ses muscles, ses os, ses articulation, et il pousse un soupir de bien être. Une fois dedans, à la lumière bleutée, dans une semi pénombre, il se laisse aller, faisant quelques brasses. Dans l'eau... Son corps lui semble moins lourd, moins limité. Il se sent à nouveau maître de lui même, Ash, et c'est sans doute pour cette raison qu'il y revient régulièrement. Il y reste, jusqu'à ce que ses lèvres deviennent bleues, jusqu'à ce qu'il se sente frissonner. Jusqu'à ce qu'il ne tienne plus. Alors l'ancien loup sort de l'eau et se glisse dans le jacuzzi de la partie "Grèce", une jolie verrière pleins de petits bassins, de faux piliers de marbres, et de bustes achetés à un héraut de Apollon. Il y a également un olivier, au centre de la pièce, qui pousse paisiblement. C'est chiant, ça fout des feuilles partout, mais ça fait parti du décorum. Et ça plaît. Le chiffre d'affaire du business familial avait doublé, depuis que Ash' était aux commandes, peut être aurait-il été fier, si ce changement de carrière n'avait pas, encore aujourd'hui, un petit goût doux amer, sur le bout de sa langue. Il se pose, finalement, dans le bassin bouillonnant, sortant ses lunettes de soleil pour protéger ses mirettes du joli soleil de fin de journée. Il avait fait moche toute la journée, un peu de pluie, par chance, aucun héraut d'un quelconque dieu de la météo avait décidé de péter une durite et de faire tomber la grêle, dieux merci pour la verrière, il avait déjà fait remplacer une dizaine de carreaux le mois dernier. Tournant la tête vers l'homme se trouvant également dans le jacuzzi, il hoche la tête.

"J'espère que vous faites bien tamponner votre carte de fidélité à chaque fois qu'vous venez, ce serait dommage de passer à côté du massage des mains offert, paraît qu'il est d'enfer." Qu'il lance, façon de dire bonjour comme une autre, et pas uniquement pour la blague. L'un des principaux masseurs était un héraut de Xolotl. Il avait la capacité de se dédoubler, et pouvait, de ce fait, s'occuper deux fois mieux des clients. L'homme qui se trouve juste à côté de lui, dans le bassin, c'est celui qui croise sa route pratiquement à chaque fois que l'aîné des Cox se retrouve à profiter de sa propre entreprise. Au début, il était presque honteux d'en profiter ainsi. Les choses avaient bien changées.

L'homme appréciait, délasser ses muscles dans cette eau chaude. L'eau venait de quelques sources soufrées souterraine. L'eau avait une odeur qui lui était propre mais avait quelques propriétés sur la peau, les cheveux, et surtout, les douleurs articulaires et musculaires. Sa mère avait eu du flair lorsqu'elle avait ouvert son SPA. Ce que l'homme préférait le plus, c'est les bains bouillonnants extérieurs en hiver. Il sortait, laissait le froid mordre ses chairs, avant de s'immerger petit à petit dans l'eau. L'homme avait toujours apprécié l'eau, mais désormais, il l'aimait encore plus. Il n'avait plus l'impression de traîner son corps, ses douleurs. Il flottait juste. Sa tête alla en arrière, se posant sur le rebord, les deux bras accolés au même endroit, l'homme fermait les yeux, sans délaisser la conversation.

"Au pire si ça arrive un jour, vous donnez votre nom à l'accueil et on tamponne double la fois d'après, on est pas chiants. A part si vous tombez sur ma mère à l'accueil. Elle peut être... Bon vous voyez. Parfois elle est féroce on dirait un vrai fauve. Faut bien pour nous avoir élevés mon frère et moi." Et il esquisse un petit sourire amusé. Sa mère était âgée, et elle travaillait peu, p't'être un jour par semaine, et encore, il la ménageait comme il pouvait. L'affaire avait un petit côté familial, mais pas que. Plusieurs hérauts et ingénus étaient embauchés pour permettre à l'endroit de fonctionner correctement. Il y avait pas mal de hérauts affilié à des divinités aquatiques. "Un abonnement ? Vous pensez que ça marcherait ? J'avoue ne pas y avoir pensé. Mais c'est peut être une idée que je soulèverait. Si cela arrive un jour, vous serez bien vite mis au courant je ne me fais pas de soucis." Et il se redresse finalement un peu, après avoir rouvert les yeux, un demi sourire sur la bouille.

"Ravi de pouvoir mettre un nom sur le client le plus fidèle du coin. Asher. Mais je préfère qu'on m'appelle Ash." Il est beau, l'homme en face de lui, cela se voit, qu'il prend soin de sa personne. Bouclettes soigneusement et élégamment formées, regard d'un bleu intense, une beauté assez atypique pour marquer les esprits. Mais l'homme ne dit rien, ne fait aucun commentaire, ce serait déplacé, et encore une fois... Sa mère s'est chargé de l'éduquer. Un petit rire grave échappe à l'ancien loup, héraut de Rudra. Et, bien caché au fond de ce rire, on peut imaginer sans mal la bestialité dont il pouvait faire preuve lors de ses combats, il y a bien longtemps.

"C'est amusant qu'on ne se soit jamais parlés, étant donné le nombre de fois où on s'est croisés. J'avais sans doute peur d'être trop inconvenant ou envahissant. Ce n'est pas mon genre." Il glisse un regard amusé. "La semaine prochaine nous lançons des massages marocains, cela vous intéressera peut être. Non pas que je fasse mon vendeur de tapis, loin de moi cette idée." Il était bon commerçant, mais détestait hameçonner les clients.

L'homme connaissait les horaires qui lui permettait une paix relative. Manifestement, Anders, également. Ash ne prodiguait pas de massages, il n'était pas formé et trop brut, il préparait et sélectionnait les thés et infusions, eaux infusées, qu'il mettait à disposition du client, de même avec les bonbons achetés à Ninian, qu'il disposait avec soin. Il choisissait la couleur des serviettes et peignoirs, qui variaient d'une semaine à l'autre (tantôt bleu nuit, tantôt vert émeraude), vérifiait le marketing, faisait la comptabilité, testait les fragrances des produits qu'ils utilisaient mais il devait bien avouer qu'il était assez peu présent dans les locaux. Le plus souvent, à son bureau. C'était quelque chose qu'il n'avait jamais trop apprécié. Mais c'était sa vie désormais. Et le fougueux loup avait laissé sa place à un entrepreneur, bureaucrate. Le brun sourit, il laisse échapper un petit soupir, l'amusement brillant dans ses prunelles.

"Sages ? Personnellement j'ai été un gamin terrible. Enfin... Ma mère me canalisait pas mal, elle a un tempérament aussi sanguin que moi, et à mon grand âge... Elle me fait encore peur." Qu'il murmure, d'une voix grave et emplit d'une malice certaine. Et pourtant, ils lui avaient mené la vie dure, à Maman Cox, déja élever deux gones avec un père... A moitié transparent, c'était pas simple, mais quand il s'agissait de hérauts et que leurs dons étaient de la partie... C'était une toute autre paire de manches.

"Parfois le silence est préférable en ces lieux." Qu'il lance; haussant les épaules. "ça veut pas dire qu'on doit se taire là tout de suite hein, mais généralement on vient ici pour "oublier" l'extérieur et ses problèmes pour une parenthèse. Alors... Ne parler à personne pendant ses passages, c'est pas surprenant." Et... Lui non plus n'avait pas fait le premier pas. Il n'y venait que pour calmer ces douleurs qui apparaissaient dans ses jambes. Puis repartait, ombre du Léthée, âme hantant les couloirs de l'endroit. Le nom n'avait pas été choisi au hasard. La source de l'oubli... Combien de fois il aurait apprécié y plonger pour de vrai pour oublier tout ? C'était tentant. Il y avait cette mélancolie, cette nostalgie dans le fond du cœur du brun. Il la camouflait du mieux qu'il pouvait, mais elle était là malgré tout, à l'attendre lors des soirées sombres, alors qu'il était seul. Comparse dont il ne pouvait se défaire. Le silence finit par se faire, entre les deux hommes. Si parfois, pour certains, c'est gênant, Ash s'en est toujours accommodé. Y'a pas d'anxiété ou de besoin de tous les combler par des banalités. Le bouillonnement de l'eau, combiné à la musique qui se fait entendre, morceau de lyre délicat, le plonge dans son petit monde intérieur. La musique, ils ne la mettaient qu'un quart d'heure chaque heure, à volume extrêmement réduit, murmure musical afin de ne pas trop agresser les oreilles des visiteureuses. La question sort l'homme de ses songes, un rire franc et emplit de surprise lui échappe, mais il se reprend bien vite en entendant l'écho de ce son dans les grands espaces du SPA.

"On peut pas dire que vous alliez par quatre chemins vous. C'est... Rafraichissant. ça change de ceux qui me bouffent du regard avec curiosité et pitié." Il avait rien à cacher, et ne prenait pas mal ce genre de questions. C'est un regard brillant de fierté et de défi qu'il plonge finalement dans les mirettes de Anders. "Essaye donc de me regarder avec de la pitié et tu auras du soucis à te faire" qu'il semble dire. Et l'homme finit par répondre.

"Je suis héraut de Rudra. J'faisais parti de la phalange du loup, y'a cinq ans j'ai failli passer capitaine." Il hausse les épaules. "Mais y'a une mission qui a mal tourné. J'ai eu les jambes pétés, et du venin d'Acheris. Les membres de la phalange du serpent ont fait ce qu'ils ont pu. Mais les miracles ça existe pas. J'ai dû quitter l'armée. Je marche, je m'épuise vite et les eaux du Léthée font du bien. Elles sont soufrées. J'supporte plus le regard des gens quand ils me voient, soit ils ont peur que ça leur arrive, soit ils ont pitiés. J'supporte pas c'est une des rares choses qui peut me foutre en rogne." Il y a un moment de silence. L'homme n'a pas élevé la voix une seule fois, il y a ce calme, cette voix grave, douce. "Et vous ? C'est quoi votre job ?"

Ash parle de "son grand âge" parce que... Dans le fond, il se sent vieux, il se sent bridé par une carcasse alors qu'il devrait être au mieux de sa forme, à son âge. L'homme en oublie ce que c'est, de ne pas galérer. Ash oublie même ce que ça fait, cette décharge d'adrénaline pur avant un combat, ce sentiment de jouissance au moment de revenir victorieux. Tout ça, il l'a enfoui, tout au fond de lui. C'est un vieux souvenir qui le rend ronchon, lorsqu'il y repense, alors il évite, et l'homme se sent beaucoup trop vieux, dans un corps bien trop jeune, oh le joli paradox. Mais il n'en dit rien.

"J'ai 35 ans." Qu'il lance avec un demi sourire amusé. "Vous avez une peau très lisse pour quelqu'un de mon âge. Ou peut être est-ce le soleil que j'ai dans les yeux qui m'empêche de bien voir." Petit compliment à demi voilé qu'il lance. C'est un rire discret qui lui échappe, quand il regarde vraiment son compagnon de jacuzzi. Même impression que précédemment. Il est beau, il le sait, c'est le genre de personnes que Asher ne pourrait sûrement pas fréquenter, il ferait tâche. Mais... Dans tous les cas, n'avait-il pas l'impression de faire tâche à chaque bras ? C'était une impression qui lui collait à la peau et de laquelle il ne pouvait pas se départir.

"C'est la divinité, entre autre, du vent, de la nature sauvage et de la médecine." Parce que c'était une des premières choses qu'on lui avait apprit, à connaître la divinité qu'il allait servir. Rudra n'était pas présent dans les endroits peuplés, mais dès que le héraut partait en forêt, il pouvait être sur que le contact était plus fort. Cela prenait la forme d'intuitions. En rêve, c'était différent. Et il savait que Rudra était assez déçu de son abandon. Actuellement il tentait de le persuader de recueillir des bestioles. Il aurait pu, mais il n'en avait pas vraiment, ni le temps, ni l'envie. L'homme parle, se dévoile, et tu l'écoute attentivement, ton regard sombre figé sur la lionne qui orne son torse. Et l'homme hoche la tête. Si lui, on le regardait avec pitié, le joli blond, on devait le mirer avec crainte. Qu'était le pire ? Il ne savait pas, mais il restait égal. Il savait que Spear avait son réseau d'assassin et il n'était pas du genre à plonger la face dans le sable. "Sekhmet hein ? Elle n'est pas trop capricieuse ?" Il est détendu, et il discute de ces sujets comme il n'avait, jusqu'à présent, jamais pu le faire. Oui, étrangement, l'un et l'autre n'étaient que des inconnus mais Ash se sentait en confiance.

"Capitaine dans un premier temps, mais le mouvement final c'était d'être Loup. Disons que ce n'était pas vraiment un choix personnel. Celui des autres. Ils semblaient penser que je ferais un bon chef, et j'étais prêt à avoir ce genre de place, pour Spear. Je ne sais pas... Si j'aurais apprécié. Le loup retourne assez peu sur le terrain, avec le recul j'aurais trouvé le temps long, et j'aurais sans doute développé un ulcère, à force." Il se fait pensif, le héraut de Rudra, alors qu'il joue, avec ses doigts, dans l'eau, pensif. "J'imagine que le plus gros travail du Loup, c'est de s'assurer des lignes de défense en cas d'attaque, de remplir des tas de paperasses dans les loups pètent des trucs sur le terrain, et ça arrive régulièrement, j'sais pas trop ce qu'il faut d'autre, et je le saurais jamais maintenant. Corbeau... ça doit être coton, de gérer un réseau d'espionnage. Vous savez... Quand on est dedans on se dit "chouette je veux" et dans le fond on est un peu cons on sait pas trop dans quoi on s'embarque. J'pense que ça consiste aussi à être la gueule sur laquelle on tape quand le reste de la phalange a merdé ? Faut avoir les épaules pour." Et, malgré tout, l'homme murmure. "L'armée me manque. J'ai perdu de vue tous mes frères d'armes. J'en ai gardé quelques uns, on fait des jeux de rôles ensemble mais... C'est pas pareil, c'est comme si j'étais devenu un étranger. Et... J'suis jaloux, presque, de savoir que eux, ils vont pouvoir continuer à éprouver l'ivresse du combat, et que moi, bah j'suis bloqué en arrière." Et il dit, l'homme, tous les mots qu'il n'a pas vraiment su confier à son frères, toutes ses peurs, ses doutes qui le gangrène. Mais il garde la toute fin dans le fond de son coeur. Ces mots tragiques qui ne sortiront jamais de ses lèvres closes. Que parfois, dans les nuits sans sommeil, dans les nuits de douleur, il se dit qu'il aurait peut être, peut être... Préféré ne pas y revenir, de cette mission. Cela ne dure qu'un instant fugace, avant que le tout ne soit chassé par quelques insultes qu'il ne se réserve qu'à lui. Qu'il n'est qu'un idiot et un égoïste. Puis il oublie, il enterre à nouveau cette idée là, bien profond. Puis finalement il sourit doucement. Avant de montrer son biceps droit, où y repose une chèvre. "Regardez on est presque assortis, la proie, et le prédateur."

L'eau a toujours été un élément que l'ancien guerrier appréciait. Plus jeune il aimait jouer avec. Désormais, elle apaisait les douleurs qui pouvaient subvenir. L'eau avait toujours fait parti intégrante de sa vie. Sa mère lui avait expliqué que cela était normal, naturel même. La vie, la mort, l'eau accompagnait les personnes dans toutes ses étapes. Lui voyait là le moyen de panser ses plaies, autant physiques que psychiques. Son regard glisse vers l'apparition. Si ils étaient dans un conte, Asher se serait demandé si il n'avait pas là, face à lui, une sirène. Son regard pétille, et son sourire se fait joueur.

"Pardonnez mais... Je passe presque plus de temps que vous ici. Si cela préservait la jeunesse, j'aurais déjà fais fortune. En tout cas, sachez que vous faites illusions, je vous aurais donné moins." Un rire timide vient chuinter hors de ses lèvres. "Merci, c'est gentil." Fut un temps il avait fait tourner des têtes, mais cela était derrière lui. De toute façon on le trouvait trop "brut" trop franc pour que ses couples durent vraiment. Il ne cherchait désormais plus à plaire à quiconque, à quoi bon ?

Il se tourne, ce sourire polisson toujours fiché sur la bouille quand il regarde l'homme à ses côtés. L'eau chaude, il a l'impression d'être plus libre de ses mouvements dedans, de ne pas peser lourd, il a l'impression d'être débarrassé de tous ses carcans, c'est peut être ça qui apaise l'enfant tornade quand il pose ses yeux sombres sur l'autre. "Quel bon comédien vous faites, impressionnant." Qu'il pouffe, cachant un sourire derrière sa main. Caressant finalement pensivement son menton. "Tous les dieux protecteurs dans ce genre sont tous un peu pareil. Rudra n'aime pas attendre, non plus. Et il n'apprécie pas quand je ne vais pas dans son sens. Il a envoyé une horde de moutons dans mon spa la veille de la réouverture pour signifier qu'il aurait préféré que je m'occupe d'un chenil ou d'une écurie de pégases. Ils sont toujours là d'ailleurs, on leur a fait un enclos juste à côté du bâtiment."

Et peut être qu'il aurait pu se fâcher, qu'il aurait pu laisser éclater cette colère, cette rage qui pouvait être la marque de fabrique de sa divinité, et par extension, parfois, de son être. Mais il n'en est rien. Il reste calme, serein, résigné. Car lui il sait, que ceux qui aiment leur travail de tout leur être, pourraient finir avec le cœur brisé, comme lui, à l'idée de devoir claquer la porte.

"C'est un travail lourd, difficile, il demande du temps, des efforts, et peu de personnes sont prêtes à comprendre l'investissement que cela demande." Qu'il laisse échapper, entre ses dents. Et il a l'envie d'hurler sa rage, sa rancœur, sa peine, d'avoir été laissé de côté, d'avoir vu le train partir sans lui. Il pourrait dire tant de choses. "Ma mère était inquiète mais apaisée, de me savoir hors du danger. Moi... J'ai eu du mal à passer à autre chose. Vous savez pourquoi le SPA s'appelle comme ça ? D'une part, parce qu'ici on peut s'offrir une bulle, oublier l'extérieur, d'autre part parce que si j'en avais eu la possibilité, je me serais plongé tellement loin dans cette source, que j'aurais oublié jusqu'à ma propre existence. Ah... Je pense que ma mère me passerait un furieux savon pour n'avoir qu'émis cette idée. Mais j'me suis vraiment retrouvé sans rien du jour au lendemain. Aujourd'hui... ça va mieux." Qu'il lance. Il y a le feu d'un combattant dans le fond de ses prunelles, il se bat, à sa manière. Mais finalement... C'est un sourire digne d'un loup qui tire ses traits. Un demi sourire mutin.

"Non effectivement. Je suis en mesure de me défendre, en cas de besoin." Mais bien vite il perd ce sourire, et il tapote doucement la main de l'homme. "Bah, vous en faites pas, j'vais pas vous manger parce que vous aurez été maladroit. Encore que... J'crois que jusqu'à présent vous êtes celui qui vous en êtes sorti le mieux." Et tu te hisse sur le bord du bassin, les pieds encore dans l'eau. "Vous savez... J'suis plus capable de me mouvoir avec la même habilité. J'ai peur de ce que je verrais dans leurs yeux. Si vous saviez toute la pitié que j'ai dû voir le jour où j'ai dû récupérer mes affaires. J'en ai pas l'air, mais j'suis du genre fier. Et j'ai pris un sacré coup à l'égo ce jour là. Mais... Merci d'essayer d'me trouver des solutions alors que vous êtes sensés être là pour passer un bon moment, et pas écouter les élucubrations et les remords d'un vétéran." Et, il est éblouissant, il est sincère, le sourire qu'il adresse à Anders. Un sourire doux qui lui fait paraître beaucoup plus jeune que ce qu'il est. Une expression de reconnaissance sur la bouille.