Sorry I'm Late ▬ Keith

Sorry I'm late

Keith & Anders

« I get up every morning determined to both change the world and have one hell of a good time. Sometimes this makes planning my day difficult. »

La veille, Keith t’avait envoyé un message pour le moins énigmatique. Selon ta perspective en tout cas. Pourtant il voulait juste savoir si tu pouvais passer chez lui le lendemain, il avait quelque chose à te demander. Rien d’extravagant, quoi. Sourcils froncés, tu lui avais répondu que tu t’arrangerais pour arriver en fin d’après-midi. Début de soirée au maximum. Il faut dire que tu revenais de mission hors de Spear Island, aussi. Tes supérieurs attendaient un rapport détaillé que tu devrais leur présenter. Sans compter les deux ou trois petits accrocs dont tu voulais leur parler. A un moment tu aurais mis ta main au feu que tu étais suivi. Des Inquisiteurs…? Peut-être. Quoiqu’il en soit, tu savais qu’il valait mieux en informer les autres Corbeaux. Histoire qu’ils se tiennent sur leurs gardes eux aussi.

Enfin bref. Voilà pourquoi, les mains enfoncées dans les poches de ta veste, tu chemines le long des falaises. Au loin le soleil commence à disparaître sous la ligne d’horizon. Un soupir t’échappe alors que tu te fais la réflexion que tu vas débarquer chez Keith un poil plus tard que ce que tu aurais voulu. Est-ce que le crochet par ta pâtisserie préférée de Spearton avait empiré les choses ? Oui. Sans aucun doute. Mais après être sorti des quartiers des Corbeaux à une telle heure, tu te voyais mal te pointer les mains vides. Alors tant pis. Foutu pour foutu, tu avais fait un petit détour.

C’est donc avec un sac rempli de biscuits et pâtisseries en tout genre accroché au bras que tu sonnes enfin à la porte du héraut de Seth. Un coup de vent te secoue la crinière, et un frisson remonte le long de ton dos. Bordel, il fait frisquet. Tu trépignes un peu sur tes jambes, et marmonnes entre tes dents serrées :

— C’est quoi cette idée de con d’habiter dans un coin pareil.

Toi, tu serais plus du genre à lézarder sous le soleil d’été plutôt qu’à apprécier la bise hivernale. Après tout Sekhmet est l’une des divinités du désert, non ? Normal que le froid ne soit pas franchement ton truc.

(c) DΛNDELION

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Keith & Anders

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Il sifflotait, le héraut de Seth, alors qu'il nettoyait chez lui, faisait le ménage. Il portait un kimono sombre à motifs de vaguelettes. Il en avait toute une collection, qui s'était encore agrandie. Elle ne cessait jamais. Il se sentait incroyablement seul, depuis que Charlie avait fait sa valise et était partie. Mais une mésentente avait commencé à s'installer, petit à petit, empoisonnant la maison sur la falaise.
La journée était fraîche, et une bonne flambée réchauffait l'endroit. Le froid glaçait les os du héraut de Seth et lui donnait déjà envie de dormir. Il avait envoyé, en début de journée, un message à son ami d'enfance, Anders. Il était arrivé, comme Keith et Raff, assez jeune sur l'île. Et l'absence presque totale de gones sur l'île les avaient attirés les uns vers les autres. Ils avaient grandis ensemble et, même si le destin les avait un peu éloignés, Anders chez les corbeaux, Raff ayant quitté les loups pour ouvrir sa librairie, lui, croulant sous les tâches de capitaine de phalange, ils étaient restés proches et se voyaient régulièrement. C'est pour cette raison, et par peur de finir par perdre leur lien qu'il lui avait finalement demandé de venir, avec une proposition en tête. -La colocation avec Raf était exclue, a part si l'on voulait entendre la cafetière glouglouter à toute heure et... ça aurait été une excuse de plus pour le héraut de Xipe Totec pour se cacher derrière cette excuse pour délaisser son copain du moment- Il avait donc tout naturellement pensé à Anders.

Le héraut de Seth avait eu le temps de nettoyer toute la maison, le vivarium de Godzilla, sa tortue, vérifier ses différents sables et cactus, et désormais il était enseveli sous une montagne de couvertures, face à son feu, occupé à regarder quelques séries sur lesquels il avait un retard monstre. La vie de capitaine n'était pas de tout repos. Oh il aurait pu proposer à Quinny de venir habiter chez lui, mais il savait, au fond de lui, que l'un comme l'autre n'étaient pas prêts, et l'insécurité constante que Keith ressentait, seul chez lui, ne cessait jamais vraiment.

Trois coups portés à sa porte le fit se lever, ensevelit sous de nombreuses couvertures, il en profita pour glisser une bûche dans le feu. Au four, des lasagnes végétariennes étaient en train de cuir, son ami devait passer l'après midi, au final il faisait déjà nuit.

"Salut, viens, tu veux manger à la maison ?" Qu'il lance, ouvrant la porte. "Rentre vite il fait froid." Le héraut de Seth, en dessous des trente degrés risquait l'hypothermie. L'hiver pouvait être mortel pour lui. Voilà le prix à payer pour supporter les plus chauds et arides des déserts. Il offre un sourire doux à son ami. "Pose ton manteau sur le dossier d'une chaise, installe toi." Et le héraut retourne, près de sa cheminée, le visage rougeoyant, les mains brûlantes à force de les tenir proches du feu. Ses cheveux sont en batailles, un bordel de boucles en tous sens.

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Bien peu de personnes peuvent se vanter de te faire bouger alors que tu rentres à peine de mission à l’extérieur. D’habitude, tu passes les jours suivants étalés sur ton canapé à regarder pour la millième fois tes films préférés. Ou si tu te sens la patience de faire la conversation, tu t’octroies quelques heures au Léthé. Ah, se transformer en ravioli vapeur qui ignore tout du monde autour de lui pendant de longues délicieuses minutes… Un bonheur.
Un jour tu arriverais à y traîner Raff. Même si négocier quoique ce soit avec lui revient à tenter de convaincre un jar de ne plus essayer d’assassiner tout ce qui lui passe sous le bec. Le coin de tes lèvres s’étire en un léger sourire alors que tu te fais la réflexion qu’une oie ça lui correspond assez bien au final.

La porte qui s’ouvre coupe net ta réflexion.

— Un peu plus et t’ouvrais à un Mister Freeze ! lances-tu pour toute réponse tout en entrant sans te faire prier. Un soupir de soulagement s’échappe d’entre tes lèvres. Comme toujours il règne chez Keith une chaleur on ne peut plus bienvenue, et tu la laisses t’envahir avec joie. Evidemment que tu peux te réchauffer via l’un de tes pouvoirs, mais ce n’est pas pareil. Ça ne compte pas.

Sans y réfléchir plus que ça, tu poses d’abord le sac de pâtisseries sur la table, puis tu te débarrasses de ton manteau. D’un rapide coup d’oeil tu vérifies que le pull que tu portes en dessous est encore parfaitement en place. C’est le cas. En même temps, ce n’est pas le pull de grand-mère à la laine si épaisse que si quelqu’un piquait une tête avec il coulerait instantanément. Non. C’est de la laine fine, noire, mais surtout la coupe ne pourrait pas plus te coller au corps.
Et oui, tu sais qu’ici personne ne viendrait te pourrir la vie pour un pli disgracieux. Les vieilles habitudes ont la vie dure, voilà tout.

— Ah je veux bien manger ici, oui, si ça te dérange pas. Surtout considérant la délicieuse odeur qui te chatouille les narines actuellement. Puis tu viens te laisser tomber avec toute l’élégance d’un éléphant de mer sur le canapé de Keith, une main dirigée vers la boîte que tu as déposée quelques minutes auparavant. J’ai ramené le dessert, d’ailleurs. Enfin, à la base c’était juste pour me faire pardonner d’arriver en retard, j’avais pas prévu depuis le début de m’incruster pour le dîner.

Si tu sembles souvent détaché -un brin désinvolte diraient même certains- en vérité tu accordes une grande importance à tes proches. Sans doute parce qu’il y a une part de toi qui ne peut pas s’empêcher de penser que tu ne parviendrais pas à nouer de nouveaux liens comme ceux que tu as déjà la chance d’avoir. Plus maintenant, alors que tu es assassin dans la phalange du Corbeau, et que tu ne te vois pas le cacher aux gens. Pour certains, c’est juste un boulot comme un autre. Mais pour le reste, c’est surtout un aveu flagrant d’à quel point tu peux être dangereux. L’hypocrisie de la chose t’a toujours fait rire : en quoi est-ce qu’on se méfierait plus de toi que des autres hérauts tout aussi redoutables mais qui eux occupent des postes moins “effrayants” ?
En ça, Keith et toi vous comprenez. Lui a mauvaise presse à cause de sa divinité. C’est certes différent, mais le résultat est peu ou prou le même : il y a des abrutis qui ont peur de vous sans même vous avoir jamais adressé la parole. Dans un coin de ton esprit, tu perçois comme un long grondement sourd, distant, comme le tonnerre qui roule dans le lointain. Il disparaît toutefois aussitôt. Ah, il semblerait que Sekhmet soit un tantinet jalouse que Seth soit perçu comme menace mais pas elle. Compréhensible, songes-tu.

Toutefois tu reportes ton attention sur Keith. Et tu fronces les sourcils.

— On dirait que des harpies ont niché dans tes cheveux, t’en as conscience ? T’as essayé l’après-shampooing que je t’ai passé ou pas ? Je te préviens, si tu m’as appelé pour rattraper ça, c’est mort.

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Le capitaine des loups sourit, de ce demi sourire plein de retenu qui le caractérise bien. Celui du sale gosse repenti, pour rendre son oncle fier. Celui de l'homme qui se redécouvre et apprend à nouveau à s'exprimer. Un petit rire lui échappe, grave, trop discret, alors qu'il murmure, emballé dans sa couverture.

"A la place j'ai ouvert à la plus fabuleuse des dramaqueens, ça va je gagne au change." Et bien vite, la porte est refermée, le vent est froid, même en cette saison. La proximité de la mer et la hauteur joue en leur défaveur, et pourtant... Keith changerait de maison pour rien au monde, parce qu'il l'aime, après tout, cette maison à la vue vertigineuse. Mais elle lui semble trop vide, et il a juste l'impression de la hanter. Seul. Les moments où il n'est pas en mission. Le brun hausse finalement les épaules.

"Tu sais... J'en ai fais assez pour deux, comme je savais pas à quelle heure tu voulais venir, et Quinny est pas dispo ce soir donc tu restes autant que tu veux hein. Et... Un dessert ? J'suis gâté !" Il adorait sans doute un peu trop les pâtisseries en tout genre. Cela n'égalait jamais les souvenirs épars du strudel aux pommes de sa grand mère. Il se souvenait encore de l'odeur de beurre, de cannelle et celle des pommes caramélisés. Le loup hausse les épaules, il a ce petit sourire jovial aux lèvres. "Tu sais que t'es ici comme chez toi et que t'arrives, et tu repars quand tu veux Andy." C'est pas comme si vous aviez passé presque votre vie les uns avec les autres, trois terreurs lâchées dans les rues de Spear.

Keith lance un regard à son ami, avant de rire une nouvelle fois, plus sincèrement. "Bon sang un peu de contact humain, même pour ça, ça fait du bien !" Il passe une main incertaine dans ses boucles. C'est un bordel sans nom, bientôt ils seront assez longs pour qu'il puisses les attacher. Peut être que le changement de look plaira autant à Quinny qu'il lui plaît à lui. Keith en avait marre, d'être le p'tit gamin parfait, celui qui faisait de son mieux pour qu'on ait rien à redire de lui, mais de qui on redisait, tout de même. Il avait changé. Il ricane, doucement.

"J'ai pas eu le temps j'étais pas mal occupé. J'aurais besoin d'un passage chez le coiffeur mais... Va trouver cinq minutes toi." Et il secoue la tête. "Non c'est pas pour ça. T'sais cette maison à la base, c'est un appart et... Moi j'suis tout seul et j'ai... En ce moment j'ai de moins en moins envie de rentrer à vrai dire. J'proposerai bien à mon mec de venir vivre avec moi mais j'ai peur qu'il finisse par faire trois pas en arrière quand j'lui proposerai, c'est trop tôt, sans doute alors... Bah après j'me suis dis "coloc, ok mais avec qui ?" J'ai pensé à toi et Raff... Après j'me suis dis que Raff était du genre à faire tourner la cafetière toute la nuit, et qu'la sienne, elle fait un boucan d'enfer. Alors... OK il fait froid dehors, on est un peu isolés, mais t'as une belle vue quoi." Et comme rarement auparavant, il bat des cils, comme si cela suffisait. "S'il te plaît, tu veux v'nir déménager ici ? J'te promet j'm'occupe des tâches ménagères comme un chef, y'a pas un pet de poussière."

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“La plus fabuleuse des dramaqueens.” Un sourire amusé s’esquisse sur tes lèvres. Oh tu ne vas pas le nier. Parce que c’est vrai, tu es une dramaqueen. La plus fabuleuse, en revanche, eh, c’est sujet à débat. Même s’il est certain que tu dois te placer haut dans le classement. Il faut dire que tu as un don pour ça.

— Je savais plus trop ce que t’aimais ou pas -me juge pas je suis fatigué okay- donc j’ai pris un assortiment de plein de petites pâtisseries. Normalement tu devrais trouver ton bonheur. Ou en tout cas tu l'espéres. Parce que selon toi il n’y a rien de pire que de découvrir au moment du dessert que rien ne nous fait envie. De quoi plomber une soirée. Au risque de passer une fois de plus pour une diva absolument déraisonnable : si t’es au bout du rouleau et qu’on a l’audace de te proposer que des trucs que tu n’aimes pas… T’es bien capable de te mettre à chialer de frustration. T’es comme ça, on te refera pas.

— Oh d’ailleurs c’est quand que tu me le présentes, ton mec ? Non parce que je vais finir par croire que t’as honte de moi ou un truc du genre. Petite vipère, tu sais parfaitement que ce n’est pas le cas, mais ça t’amuse de lancer ce genre de piques. Ceci dit ta curiosité envers Quinlan est sincère -et tout à fait innocente. Loin de toi l’idée de foutre le bordel entre eux, au contraire. Depuis qu’ils se fréquentent, Keith a l’air plus heureux, plus détendu. Et tu n’as pas envie que ça change. Si ça pouvait durer le plus longtemps possible, ce serait pas plus mal ! Est-ce que tu te sens mis sur la touche ? Non. Tant que tes amis ont toujours un petit moment à t’accorder de temps à autres, ça te suffit.

Puis soudain tu te retrouves sans voix. Parce que tu vois où veut en venir le héraut de Seth, mais que pourtant tu peines à y croire. Est-il vraiment en train de… ? Ah mais oui. Il vient vraiment de te demander d’emménager avec lui. Pour une fois, tu te retrouves muet. La surprise est totale. Celle-là tu ne l’as vraiment pas vue venir.
Une bonne minute est nécessaire avant que tu ne retrouves l’usage de tes cordes vocales.

— Alors déjà : comment oses-tu sous-entendre que je ne fais pas le ménage. C’est honteux. Je suis un as de l’aspirateur, je te ferais dire. Et t’as déjà vu mes fenêtres ? Im-pec-ca-bles. Bon par contre je cuisine mal, mais que veux-tu on peut pas être doué en tout hein. Incapable de tenir ton masque sérieux un seul instant de plus, un grand sourire illumine ton visage. Evidemment que ça me plairait d’habiter ici avec toi. J’espère juste que t’es prêt pour le raz-de-marée de fringues qui va te tomber dessus.

Avec un discret grognement, tu te redresses sur le canapé. La perspective de trouver un peu d’animation lorsque tu rentreras à Spear Island après une mission, de ne plus pousser la porte d’un appartement vide et silencieux, suffit d’ors et déjà à te réchauffer le coeur. Et puis l’avantage non négligeable c’est que tu connais très bien le colocataire. Il faut encore réfléchir aux détails mais oh, vous avez un peu de temps devant vous.
D’un geste de la main, tu désignes la crinière désordonnée de Keith.

— Tu veux un coup de main avec ça ? J’ai pas toujours le temps de prendre rendez-vous chez le coiffeur donc j’ai appris à gérer tout seul. Ce sera pas aussi parfait que si t’étais allé chez un professionnel, hein, mais ça peut dépanner en attendant de trouver un créneau.

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Il y a certaines amitiés qui ne sont que de passages, qui ne durent qu'un temps. D'autres sont gravées dans le marbre et emmenées à ne pas bouger. C'était le cas de ce qui liait Keith à Anders, et qui les liait également à Raff'. Toujours fourrés ensembles, trio infernal, ils n'avaient jamais fait l'unanimité. "Sales gamins" criaient certains. Là où d'autres, plus perfides, avaient tentés de leur foutre tous les problèmes du monde sur le dos. Le trio infernal étaient devenus des adultes presque respectables. Keith quant à lui, faisait le moins possible parler de lui. La peur du regard des autres, et du jugement qui se retournerait contre son oncle. La crainte de voir la déception dans le regard de l'homme qui l'avait élevé.

Le loup ouvre la précieuse boîte, regarde un moment, avant de ranger le précieux paquetage au frigo. "Bonne pioche, t'as vu large, j'doute pas que je vais me régaler, généralement t'as l'oeil pour les bonnes pâtisseries..." Il regarde le logo, fronce les sourcils. "J'la connais pas celle là." Et il redresse la tête, regardant Anders un moment. "Ne souris pas stupidement" qu'il se dit, aller, un p'tit effort. C'est donc un sourire encore plus idiot qu'il présente à son ami.

"Andy... Chéri.. Avoir honte de toi ? J'vous traîne, toi et l'autre dingue depuis plus de vingt ans, dis pas de conneries. Tu veux le rencontrer ? On peut s'organiser une soirée tous les quatre genre... Au bowling. Ou cinq d'ailleurs, Raff pourra ramener son mec. Parce que oui... Lui aussi il a trouvé un mec. Enfin... C'est plutôt le mec qui l'a trouvé, tu connais Raff." Les ragots vont vites, aussi vite que les rumeurs, il avait suffit qu'un voisin les voit, l'un dans la main de l'autre. Ou alors était-ce le gamin, cet héraut de Zeus qui avait lâché le morceau. Le tout s'était répandu comme une traînée de poudre, et bien vite, tout le monde avait su. Personne ne disait rien. De peur de finir défiguré par un poing vengeur. "Et toi cutie, tu sors avec quelqu'un en ce moment ?"

Il plisse les yeux, le héraut de Seth, un rictus amusé sur la gueule, alors qu'il lance : "Je sous entend rien j'dis juste que je suis maniaque et que je passe l'aspi' dès que je suis à la maison. J'aurais dû être héraut de Bastet j'me serais tapé meilleure réputation. J'te laisse les fenêtres..." Et il montre le salon d'un geste vague. La baie vitrée qui surélève la côte, avec vue en contrebas. "T'as de quoi faire. Et j'm'occupe de la cuisine, j'aime bien. Mais... Ce sera du végé. Déso pas déso." Il y était passé, non seulement pour réduire son emprunte carbone, mais aussi... Parce que il avait vu quelques reportages bien dégueus. Le héraut de Seth hausse finalement les épaules.

"Y'a plus de vie ici depuis trop longtemps. Donc j'suis prêt à tout. En plus j'aurais quelqu'un pour veiller sur Godzilla quand je serais en mission." La petite tortue, Keith la laissais aux bons soins de Quinn quand il partait, ça faisait un truc de moins. Puis depuis qu'il était capitaine, fallait pas se voiler la gueule, ils se voyaient moins. Ils auraient donc une excuse pour se voir plus régulièrement. Finalement il est question de cheveux. Ceux de Keith rebiquent, pointent un peu dans toutes les directions, indomptables depuis qu'ils dépassaient sa nuque, il ne put qu'accepter. "Mais j'aimerai bien pouvoir garder un peu de longueur, ça m'va pas trop mal." Il assortit son commentaire d'un clin d'oeil à l'adresse de son ami, avant de s'écraser sur le canapé à côté de lui. "Tu veux voir ta chambre après la bouffe ? Tu veux une bière ?"

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Au commentaire de Keith concernant la pâtisserie, tu hausses négligemment une épaule.

— Elle a ouvert y a pas si longtemps que ça, et elle est un peu planquée, donc ça m’étonne pas. Je te passerai l’adresse si tu veux. Ils font vraiment plein de trucs, et pour le moment y a rien de ce que j’ai pris qui n’ait pas été bon. Ils avaient plus de cookies quand je suis passé, mais c’est une tuerie. Faudra que tu les testes.

Toi-même tu n’as découvert ce petit commerce que par pur hasard. Parfois tu aimes bien trouver de nouveaux itinéraires pour aller d’un point A à un point B, ça te permet de faire un peu travailler ton sens de l’orientation. C’est comme ça que tu es tombé sur la pâtisserie. La jolie vitrine colorée a attiré ton attention, puis le reste s’est déroulé tout seul. Comme quoi parfois il n’en faut pas plus.
En revanche, à présent tu grimaces un rien.

— Un bowling ? Urgh, pitié non. Tu allais continuer de te plaindre, mais au lieu de ça tu hausses les sourcils, surpris. Attends, attends… Raff, notre Raff, a un mec ? On parle bien du même Raffaele, là ? Alors là, t’es sur le cul. Pour plusieurs raisons. Un : tu pensais pas qu’il accepterait de lâcher prise, ce putain de pitbull. Deux : qui est cet homme à la patience de saint qui ne s’est pas encore enfui en courant ? Trois : pourquoi tu ne l’apprends que maintenant ? Tu laisses échapper un son à mi-chemin entre le grognement et le soupir. Je rêve, je m’absente quelques semaines et quand je reviens j’reconnais plus rien. Nouveau soupir. Mais oui, j’ai bien envie de le rencontrer, ton Quinlan. Depuis le temps que tu nous en rabats les oreilles avec. Moi… Nan, je vois personne. J’ai pas vraiment le temps ni l’énergie en ce moment de chercher quoique ce soit, faut dire. Si ça me tombe dessus, tant mieux, mais je vais pas cavaler après.

Malgré tout, y a une petite voix au fond de ton crâne qui commence déjà t’aiguillonner désagréablement. Et si tu restais tout seul ? Keith et Raffaele casés, soudain tu as peur de te retrouver un peu isolé. Même si d’un point de vue tout à fait rationnel, tu sais qu’il y a peu de chances pour que ça arrive.
Bon, on se détend. Tu prends quelques respirations posées, puis tu adresses un sourire au héraut de Seth.

— Va pour de la cuisine végé, ma foi. Sekhmet risque de faire un peu la gueule, mais j’irai manger de la viande ailleurs. C’est pas comme si je pouvais pas m’offrir un resto de temps en temps. Et puis bon, parfois je pars pour un bout de temps. Parce que c’est aussi ça la réalité de l’existence d’un Corbeau. Souvent sur les routes et loin de Spear Island. J’suis pas particulièrement doué pour m’occuper des tortues hein, mais je ferai ce que je peux avec la tienne.

Les animaux, c’est pas ta tasse de thé. Enfin, tu les aimes bien, mais c’est compliqué pour toi de les gérer correctement. Déjà que t’as parfois du mal à te gérer toi-même correctement, eh. Le truc que tu gères très bien, par contre ? Les cheveux. Ouais, ça c’est ton truc.
Du coup tu te redresses pour passer une main dans la crinière de Keith, avec un soudain air concentré sur le visage.

— Hm… Je peux te rafraîchir tout ça sans enlever trop de longueur, t’inquiète. Je confirme, comme ça ça te va bien. Plus long ? Erh, je suis pas sûr. Tu pourras toujours essayé, ceci dit. Au pire ça se coupe. T’as une bonne paire de ciseaux et un peigne à me passer ? Ah et une serviette, que je te foute pas des cheveux partout sur ton sol impeccable, môssieur le maniaque. Puis tu tapotes son épaule avec un grand sourire. La chambre et la bière ça attendra après la coupe de cheveux. J’en ai pas pour trois heures.

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