Thaddy c'est quand qu'tu vas mettre des paillettes dans ma vie ? (Thaddy & Keith)

FROID. C'était le mot qui était partout, dans les moindres recoins de notre logement, malgré les radiateurs, malgré la cheminée. Dans le four était en train de cuir une tarte tatin (j'y pouvais rien, j'adorais la pomme sous toutes ses formes, paraît que c'était bon pour la santé.), s'échappait donc de l'appareil de la chaleur, mais aussi une odeur sucrée-acidulée, Charlie aurait de quoi se mettre quelque chose sous la dent en rentrant. J'avais des écouteurs sur les oreilles, chantant à tue tête sur Faun alors que je passais l'aspirateur, le tout en m'agitant devant les baies vitrées vêtu d'un pantalon de jogging, d'un t-shirt et du kimono de Charlie, le rose, avec de jolies p'tites pivoines, parce que 1- Il était confortable, 2 au moins j'avais quelque chose de confortable pour traîner à la maison. Je chantais à m'en faire péter les cordes vocales, ramassant tout ce qui traînait. Une vraie fée du logis (c'était ma semaine... Donc j'avais pas trop le choix, et plus vite j'aurais tout nettoyé, plus vite ce sera le tour de Charlie et j'pourrais à nouveau m'éparpiller.).

Et... Alors que ma vie de p'tite ménagère de moins de 40 ans se poursuivait, il se passa deux trucs en simultané, tout d'abord, l'alarme qui indiquait la fin de la cuisson de ma tarte se mit à hurler, de même que la sonnette. Non mais avec un froid de canard pareil y'avait vraiment des gens qui sortaient pour venir se paumer du côté des falaises quoi ?! Je m'avançais vers la porte, hurlant un :

"J'arrive, un instant"

Me précipitant finalement vers le four pour en sortir la tarte, caramélisé à souhait, elle donnait l'eau à la bouche. J'arrivais finalement à la porte, que j'ouvris. Qui pouvait bien me faire chier encore ? J'espérais que c'était AU MOINS la fin du monde pour qu'on vienne me casser les valseuses durant l'un de mes rares jours de repos. J'ouvrais la porte, regardant le visiteur de bas en haut.

"Thad ?! T'as perdu le chemin de ta baraque ou quoi, qu'tu te pointes devant la porte de la mienne ?!"

Comment dire. Je m'étais réveillé avec du sable dans les boxers. Alors que voilà... j'étais chez moi. Dans mon lit, bien peinard. Autant je pouvais suspecter un coup de la part de mes colocs, autant je pouvais me dire que j'avais été con et j'avais tenté de faire un dessin avec mon cul la veille au soir. Et j'avais surtout pas envie d'aller voir ce que j'avais pu dessiner avec mes fesses donc... j'étais resté au lit. 1 minute, puis deux puis trois et puis... ce fut une heure. Puis une autre. C'était pas de ma faute en même temps si ce lit était trop confortable. Note à moi-même, il faudrait acheter des lits moins confos. Donc comment dire... je m'étais réveillé, j'avais fait mes petites salutations à mes colocs et... bah j'avais décidé de commencer ma journée par faire des cookies. Oui oui, ma journée par des cookies. Quoi, c'était pas assez conventionnel? Bah je faisais ce que je voulais hein, je rappelle que je suis un Edgien et que je fais ce que je veux.

Donc bon... j'avais ouvert le placard et j'avais remarqué que... bah la personne qui avait utilisé le sucre en dernier visiblement, elle avait fait son cochon puisqu'il y en avait plus. Soupirant longuement, j'allais remplir le pot avec un léger fond de sel, comme ça, si le cochon faisait une recette avec plus tard, il allait recevoir mon sel dans sa recette et je grommelai des insultes à voix basse avant d'aller m'habiller. Ouais.. il me fallait du sucre sinon les cookies tombaient à l'eau. Et donc, qui est-ce que je pourrais aller embêter pour trouver du sucre?

Un toc. Puis deux. Puis trois. Je l'avais connu plus rapide hein.... Quoique lorsqu'il m'a ouvert la porte. J'avais compris. Je tirais légèrement sur mes lunettes, m'appuyant avec nonchalance, apparement c'était une pose que les nanas aimaient bien et je souriais d'un air amusé « Biquette, t'es tellement sexy.... J'en conclus que c'est à Charlie c'est ça? Sinon tu devras me dire où tu l'as trouvé. Mais plus dans une teinte de bleu pour moi...  je voudrais pas te voler ton côté fabulous dans ton truc rose. Avant remonter mes lunettes sur mon nez. Bon lorsque j'activais pas la fonction, je n'avais pas accès à internet ni les jeux vidéos et comme il  y avait aucune force dedans, c'était juste pour le look quoi.

J'entrais, sans même avoir la permission avant de me tourner vers lui, retirant ma veste et la jetant sur le premier meuble (sans déco évidemment, 'étais pas un connard)  et j'haussais les épaules. « Alors, je viens de me réveiller et pouf, quelqu'un a pris tout le sucre, donc j'en ai plus pour faire mes cookies... Donc... je me suis dit que quitte entre aller voir ma biquette d'amour ou bien mon ex-femme pour avoir du sucre... je pouvais venir te voir nan?. Je relevai mes manches et lui fit un clin d'oeil avant de souffler « t'es pas mal dans ton genre comme ça hein Biquette, mais.. sincèrement, il est où ton sucre? Sinon je commence à aller fouiller moi-même hein. et je rajoutais doucement «En fait prend ton temps, j'ai mis un restant de sel dans le pot de sucre et j'ai pas envie d'être là quand la prochaine personne va tomber dessus.

La bouille de Thad' était dans l'encadrement de ma porte. Je le vis baisser ses lunettes pour me reluquer. Je suivais son regard, s'ensuivit un silence gênant alors que je remarquais que j'avais toujours le kimono de Charlie sur les épaules. J'avais pas le choix... ça aurait été encore plus ridicule de le retirer. Mais qui j'espérais tromper ? Quand je relevais les yeux pour croiser le regard de Thad, mes joues avaient prises une jolie teinte rosée. Je croisais les bras, fronçant les sourcils et arborant une moue contrariée. Avant de lâcher un grognement qui tenait plus de l'homme que de l'animal à la mention de "Biquette". C'était le surnom qu'il s'acharnait à me donner. Je me redressais de toute ma hauteur. Mais j'restais minus à côté de lui.

"Et si c'était pas à Charlie ça changerait quoi ?" Je redressais la tête, montrant les dents comme le sauvageon que j'étais, mon accent se faisant plus haché. "Bon... D'accord... C'est à Charlie, j'ai aucune idée d'où elle a acheté ce truc. Mais il est confortable."

Je me détournais, le kimono rose volant selon mes mouvements, alors que je m'éloignais de l'entrée. Empêcher Thad de rentrer... C'était risquer de le voir entrer par chai pas quelle diablerie par la fenêtre. Alors... ça abîmerait la maison, et en plus on se gèlerait les miches. Et en Janvier, j'étais pas assez marteau pour m'y amuser.

"Dépêche, je chauffe pas pour les oiseaux gars."

Je m'adossais au plan de travail de la cuisine, attendant de savoir ce qui l'emmenait chez moi. ET BON SANG ce suspense allait me tuer à force... On allait me retrouver fossilisé sur mon plan de travail si ça continuait. Je pouffais d'un p'tit rire sans joie.

"Si t'étais allé voir ton ex femme, elle t'aurait envoyé chier à 200% mon poulet. Mais t'as de la chance... J'ai du stock."

J'ouvrais la bouche quand il parla un moment de fouiller dans mes placards, un mélange de sons m'échappant.

"hebehje... Non !"

Il allait trop vite, je roulais des yeux, lui montrant du doigt l'une des chaises de la cuisine.

"THAD' ! Assied toi, sinon je te préviens, j'te mords le jarret ! Meine götter, c'est possible d'être si impatient ? Aller... Installe toi, à défaut de cookies t'auras de la tarte."  

Je mis de l'eau à chauffer alors que je parfais déjà dans le cagibi, récupérant au passage un kilo de sucre que je posais devant le museau de Thad, sur la table, soupirant.

"Je sais pas, avec une colloc pareille, comment c'est possible que vous ne vous soyez pas déjà tous étripés Thaddy, j'te jure, un jour vous ferez la une des journaux je crois."

Je me servais une tasse d'eau chaude, y glissant un sachet de thé, agitant la bouilloire pour lui en proposer, finissant par revenir avec deux assiettes, la tarte, ainsi qu'un couteau, nous servant deux parts généreuses.

"Tant qu'à attendre l'apocalypse chez moi, autant s'occuper convenablement. T'as déjà bu du café salé ? ça mettrait tout le monde en rogne je crois... Je te conseille de faire gaffe à ton cul hähnchen"

Hey il était fabulous dans ce kimono hein. Limite, j'en étais presque jaloux. Pourquoi? Parce que je pensais pas pouvoir bien porter les kimonos de la sorte. Fallait le dire, Keith, il avait une petite bouille adorable. Donc autant en profiter. J'étais peut-ête hétéro, mais je savais voir la beauté et Keith.. bah il aurait été le genre de mec avec qui j'aurai bien voulu être curieux. Après, j'allais pas nécessairement lui partager l'information. C'était un truc... enfin, peut-être plus tard que je lui dirais. Pour le moment, je voyais plus ça comme le fait que Keith portait un kimono. Et c'était cool. «Ça changerait que je te dirais que je suis jaloux de ton goût et que tu vas devoir me conseiller parce que, voilà, j'suis jaloux ?» Je pouffais doucement, rieur en le voyant me grogner dessus et de se redresser, comme si j'en avais peur. Je tendis la main, lui ébourriffant les cheveux et je lui soufflais d'un ton amusé «Quand tu la verras, ma biquette chérie, fais lui penser que j'vais avoir besoin de son adresse de kimono hein? Tu sais que je t'adore.»

Je ne me fis pas prier deux fois hein. Il chauffait pas pour les oiseaux alors j'étais pas un oiseau, mais j'allais pas rester au froid. Donc.. autant dire que voilà, pouf, dans la maison. Après, il fallait le dire, j'avais jamais vraiment de la chance qu'il m'appréciait autant. sinon... je crois qu'il aurait juste claqué la porte à mon nom. Je le suivis du regard, en même temps ce spectacle avec le kimono, n'importe qui aurait adoré le regarder et je souriais en le voyant s'installer dans toute sa splendeur sur le plan de travail de sa cuisine. J'haussais les épaules avant de poursuivre «Moh tu sais, c'est un va chier constant et mutuel avec elle. Après, je te cacherais pas que j'ai toujours un malin plaisir à la faire tourner en bourrique. Et elle m'a cracher à la gueule que c'était encore de la faute d'Héra si elle avait de la malchance. Écoute... moi j'ai envie de dire, elle savait dans quoi elle s'embarquait en m'épousant hein. Même si bon... on était les deux bourrés. »

En voyant le Keith autoritaire... je m'arrêtais directement, comme un chien pris sur le fait et je baissais les yeux avant d'aller m'asseoir sur la dite chaise en marmonnant un «Pardon j'ai faim.» coupable comme si je venais vraiment de faire une bêtise. Je me passais une main dans les cheveux avant de souffler «Oui c'est possible! J'ai faim! Roh! Et puis comme si tu connaissais pas mon énergie hein! Et est-ce que j'ai bien entendu? de la tarte?» Mes yeux s'ouvrirent en plus grand, totalement sous le charme de cette promesse de tarte alors que je le suivais des yeux. Où est-ce que tu pouvais cacher ton délice mon ptit Keith? où?

J'étais resté sagement assis sur ma chaise et en voyant le kilo, je sursautais un peu. Je jetai un regard un peu perdu à Keith avant de pouffer doucement «On se rend les coups hein! T'en fais pas. Et on s'aime au fond. Quin est cool. Les filles aussi... juste là bon ok j'ai fait fort, mais y'a un loulou qui a oublié de remettre du sucre. Il a que ce qu'il mérite.»

Je le remerciai d'un signe de tête poli et reconnaissant et je pris aussitôt une bouchée avant de déposer mes ustensiles et de pianoter sur la table des doigts. «Tu t'inquiètes pour mon cul? Ouais j'ai déjà bu du café salé, courtoisie de mon ex femme.» avant de pouffer doucement «Promets moi que tu vas pas te marier comme je l'ai fait! C'est juste... c'est juste de la merde en fait. Je sais plus quoi faire. J'aurai bien aimé rester en bons termes avec elle... mais.. bon faut croire qu'elle ne voulait pas hein! Et pourquoi je ferais exprès de lui donner ce qu'elle veut quand j'peux la faire chier.» En parlant, je continuais à prendre des bouchées de ma tarte, le tout en faisant bien attention de ne pas manger en parlant. Mon regard s'attarda autour de moi avant que je ne souffle doucement «Allez biquet, on fait des cookies. Toi et moi. Que j'ai l'impression que... voilà, j'ai un peu de répits dans ma journée de fou. Ils vont me chercher à la forge sinon..»

  J'arquais un sourcil à sa réponse. Je posais une main sur ma hanche, oh j'aurais pu en rire, prendre les choses avec humour, lui renvoyer la blague à la figure. C'est ce que les gens normaux font non ? Mais tout restait bloqué dans le fin fond de ma gorge. Je ne pu que souffler d'une petite voix.

"Y'a toujours moyen de s'arranger, j'peux te conseiller si il faut..."

Roh et puis pourquoi il fallait qu'il soit aussi grand. Il m'ébourrifait la tignasse, qui était déjà dans un désordre de bouclettes. Je grognais... Encore un peu plus. J'étais déjà un nain, si en prime on me prennait pour un gamin, je dégageais sa main de là.

"Attend déjà qu'elle me trucide parce que j'utilise ses affaires, et après si je suis encore vivant je pourrais voir pour lui demander et puis... J'suis pas une biquette ! Je te l'ai déjà dis !" Mais y'avait des combats qui étaient perdus d'avance, celui là en faisait parti. Dire à Thad d'abandonner ce surnom débile... C'était comme se battre contre le vent. Et j'avais pas de patience pour ça, ni même de temps à perdre. Je le laissais entrer dans la maison. De toute façon... Je refoulais jamais les gens à ma porte. Parce que autant dire que pour trouver ET la maison ET l'entrée... Fallait y aller. Elle était à flanc de falaise, et donnait donc vu sur le vide de par un côté. Donc bon... On pouvait pas décourager les gens qui allaient jusqu'à là. Il me parla un peu de son ex femme. Quelle idiotie, déjà, d'épouser quelqu'un comme Thad, et en prime de se plaindre de son comportement par derrière. Le garçon se cachait pas des masses.

"J'vois ça... C'est très agricole chez toi. Entre les biquettes et les bourriques... Et puis bon... Elle s'attendait à quoi d'autre en épousant ET divorçant d'un héraut de Héra ? ça fait parti du pack. Genre..." Je le montrait du plat de la main. "Même moi j'suis pas familiarisé avec la mythologie des copains d'en face, je sais qu'il faut pas jouer avec..  Ton sucre tu l'aurais pris avec élan dans la poire mon bon Thad, si t'étais allé frapper à sa porte. C'est pas une bonne idée."

Je faisais une grimace. Moi dans cette coloc... ça aurait été un vrai cauchemar... J'pense que j'aurais pété une pile depuis bien longtemps, c'est pour ça, j'étais bien avec Charlie. Elle grognait souvent, mais on avait un caractère semblable, et puis elle était quitte de mettre du sel dans mon café (qui faisait ça sérieusement ? Bah... Manifestement, Thad, c'était criminel vraiment.)

"Ouais... C'est du savoir vivre... M'enfin je suppose que ça arrive à tout le monde d'oublier. Manifestement le prochain qui utilisera le sucre n'oubliera plus. Hm... J'suis bien avec Charlie moi."

Il me parla à nouveau de son ex femme. Il avait beau dire qu'il adorait la faire chier, le sujet revenait souvent sur le tapis. Il avait sans doute été marqué plus qu'il ne voulait bien le faire croire ce bon Thad. Dire que j'avais chanté à leur mariage, pour que tout se casse la gueule rapidement derrière, je poussais un petit soupir.

"T'es un idiot, et elle c'est une cinglée. Et... On sale pas un café, c'est trop cruel, et en plus c'est du gaspillage... J'compte pas me marier, faudrait déjà que quelqu'un veuille d'un héraut de Seth, et ça j'suis désolé mais c'est pas gagné. Parce que "OOOUUUH si c'est le héraut du dieu du mal, il va faire pareil, c'est pas un bon parti." M'enfin les conneries habituelles. Et à côté y'a les hérauts de dieux appréciés là, ils ont qu'à battre des cils pour qu'on leur déroule le tapis rouge." Je roule des yeux un instant, ça c'était le truc que j'entendais souvent. Les gens étaient fatiguant, épuisant et cons. Parfois je regrettais de vivre dans leur petit univers. Un p'tit sourire amusé m'échappe alors que je prend une bouchée de tarte. Droit et fier sur ma chaise. "Ah... Le héraut de la déesse de la fidélité et du mariage il a pas le même soucis, c'est moi qui te le dis ! Enfin... J'aimerai quand même pas être à ta place. "

Je prend une gorgée de mon thé, haussant les épaules.

"Si tu veux. ça fait longtemps que j'ai pas cuisiné de cookies. Et puis qui pourrait bien venir te chercher ici. Par contre j'te préviens... T'en fous pas partout ! J'te connais Thad ! C'est ma semaine de ménage... Je compte sur toi !"

Il était si cute avec sa voix qui s'était figée, comme tout lui, devant ma réponse. Parce que bon, je savais bien que je l'avais surpris. Que je le surprenais à dire vrai avec mes réactions. Je n'avais pas pu m'empêcher d'avoir un petit sourire attendri, un sourire franc cette fois et j'hochais la tête doucement «Y'a rien qui me ferait plus plaisir biquet. Je t'apprécie tu sais!.» Bon ok dans la relation, je me prenais un peu pour le grand frère casse-couille. Le poto qui était un peu chiant, qui faisait ses blagues et qui prenait trop ses aises. En même temps, je crois bien que c'était pour ça qu'il m'aimait bien. Faudrait que je pense à lui demander. Parce que sinon... bah on pourrait jamais vraiment savoir à dire vrai. Quoique... je lisais dans les pensées... ouais j'avais oublié que je pouvais faire ça moi! Mais je ne le ferais pas. Je respectais trop Keith pour le faire. C'était sa vie privée et ... j'Avais quand même mes limites. Il y avait un code qui venait avec ce pouvoir. Un code que je m'imposais moi-même. Peut-être un peu con, je le sais, mais je tenais à le faire respecter, c'était important.


J'affichais un petit air amusé avant de souffler d'une voix douce, prenant mes aises dans la maison, prenant mes aises dans la situation à dire vrai. «T'a besoin d'aide pour défendre tes intérêts? Parce que je suis un expert dans l'art d'enquiquiner l'autre sexe hein visiblement. Donc je pourrais t'aider pour ça. Et évite de mourir hein, je t'aime bien, je serais triste de ne plus t'avoir.»

Je m'étais retourné vers lui, l'observant avec attention avant d'hausser les épaules, l'air de dire que je n'étais pas certain. Il avait raison, j'étais très dans le domaine agricole avec toutes mes expressions, mais en même temps, je ne savais pas comment le dire autrement. J'avais soupirer longuement parce que bon.. je ne pouvais que lui donner raison. Elle s'attendait à quoi ? Je ne le savais pas réellement. J'avais jamais caché qui j'étais... enfin bon, presque pas caché qui j'étais. Je ne pouvais pas dire à quoi elle avait pensé. Je n'avais jamais eu le fin mot de l'histoire sur ça. Tout ce que j'ai su, C'était que j'étais un mari qui n'était pas à la hauteur. Que je n'étais pas fait pour le mariage. Ironique n'est-ce pas? Ouais je me disais la même chose. «J'sais pas à quoi elle pensait Keith... L'amour rend con? Enfin.. si on peut dire ça comme ça. On s'est mariés pour une raison. On a divorcé pour un autre. J'sais pas. Tout ce que je sais désormais, c'est que j'ai l'air con en tant que héraut d'Héra divorcé mais je vis ma meilleure vie. Alors, qui suis-je pour me plaindre?» J'éclatais de rire en secouant la tête doucement, il avait tort. Je me ne serais pas pris le sucre en pleine poire «Clairement, elle me l'aurait foutu dans mes shorts ou ailleurs! Elle me l'aurait fait renifler pour ensuite le cracher. Je m'en serais pas juste sorti avec un coup de sucre dans la gueule. Mais bon, tu comprends pourquoi je t'ai choisi toi? Puis comme ça, t'es content de me voir, je le suis aussi, la vie est belle non?»

Ouais je me doutais que la vie que j'avais dans la coloc n'était pas faite pour lui. Suffisait de le lire sur son visage à dire vrai. Mais bon en même temps est-ce que je pouvais lui en vouloir de ne pas comprendre, de ne pas le vivre de la même manière que moi? Nan zéro. C'était ainsi. Puis il était bien comme il était. Et j'étais heureux pour lui pour ça. Mais bon... nous on se faisait des vilains coups. Et... j'étais fier de ma connerie? «Tu sais très bien que avec ma chance, ça va être moi et je vais me trouver con de l'avoir fait. Le Karma me revient souvent à la gueule, tu devrais le savoir.... Le meilleur exemple, mon divorce!»

Le sérieux m'avait regagné lorsqu'il avait fait mention que quelqu'un veuille d'un héraut de Seth. Le rire qui était le mien, le sourire qui était alors sur mes traits avaient disparus et j'avais froncé doucement les sourcils avant de secouer la tête délicatement parce que j'étais en désaccord avec ce qu'il venait de me dire. Après tout, n'avais-je pas trouvé le bonheur parfait moi aussi pendant un moment? «Tu sais... tu devrais avoir confiance... je veux dire si moi entre tous, j'ai réussi à me marier... pourquoi on voudrait pas de toi? Puis tu me brises le coeur en me disant des trucs comme ça hein! C'est pas ça que tu veux, si? Sois gentil avec mon poto d'accord? C'est tout ce que je demande! »

L'air totalement désintéressé, j'avais laissé glisser la mention sur le café. bon ok, il aimait pas ma punition... mais écoute, je faisais avec les moyens du bord moi hein. Et fallait que je me venge! Sinon mon monde aurait été sans cookie et ça, c'est un crime! Ça c'est une abomination. Ça! C'EST LA FIN DU MONDE!!!! Ouais peut-être que j'en faisais trop... probablement. Mais bon... c'était comme ça hein. C'était moi. Et j'allais pas me changer. Je voulais pas me changer non plus. C'est juste.. je pensais pas que ça allait devenir aussi sérieux aussi rapidement. Je pensais faire une blague à la base hein. Et là... on était parti sur un truc... enfin j'aimais pas voir qu'il se voyait ainsi. Parce que moi, j'avais confiance en lui. Vraiment. J'avais confiance. Et je ne voulais pas avoir autre chose que confiance en lui.

Riant doucement, je me levais et je commençais à fouiller dans ses placards dans aucune gêne pour faire les cookies, trouver les ingrédients. J'allais sortir trois oeufs du frigo et je commençais à jongler avec une certaine aise avant de lui jeter un coup d'oeil amusé «Allez fais moi confiance! Me fait pas d'attaque! Je sais rattraper, je sais nettoyer au pire des cas.» Je lui fis un clin d'oeil, faisant mine d'échapper un des oeufs avant de le rattraper en riant et je les déposais sur le plan de travail «Je sais que tu voudrais pas être à ma place mon biquet, et t'en fais pas, je veux pas te la donner. C'est chiant d'être moi. Reste toi, t'es bien comme ça. Allez ramène ton joli fessier ici sinon je commence une bagarre de bouffe!» Riant doucement, je continuais les préparatifs. Bien que Quin cuisinait souvent.... je savais me débrouiller aussi. Le seul truc... C'était que quelque chose me taraudait... me faisait me poser des questions. Je m'arrêtais alors et je le regardais, tentant de lire en lui... avant de le questionner clairement et du regard et de mes mots. «Je dois faire un pacte avec toi? Au sujet de trovuer quelqu'un? Ou je dois te trainer dans les bars? Parce que tu m'inquiètes à me dire des choses comme ça Keith. t'es pas... on va te dérouler le tapis rouge... faut juste trouver la bonne personne. Et s'il faut... je t'aiderais à trouver. J'ai un mauvais flair pour moi... mais je dois avoir un bon flair pour toi non? »

Je fronçais une nouvelle fois les sourcils. Bon sang... J'étais vraiment pas à l'aise quand il s'agissait de parler aux autres. Je hochais la tête, une fois, deux fois, sérieux. Croisant les bras. J'étais un peu du genre à prendre les choses de manière littérales. Le petit "je t'apprécie" faisait naître quelques rougeurs sur mes joues. J'en doutais, ou alors je comprenais pas ce que les gens pouvaient bien me trouver. J'avais ce manque d'appréciation de moi même, résultat d'années à me prendre à la face les jugements des autres. J'étais le héraut de Seth, ce qui voulait dire qu'on s'attendait forcément à ce que je fasse quelque chose de mal. On pouvait pas réellement m'apprécier. Mais je me contentais de sourire un peu. Baissant les yeux sur mes mains.

"Quand tu veux Thad... Quand tu veux."

Un sourire qui se fait un peu plus sincère, qui monte jusqu'à mes yeux alors que je le regarde. Nan en vrai j'avais pas trop besoin d'aide pour défendre mes intérêts, j'avais beau faire ma petite drama queen, Charlie n'était pas dur à vivre, loin de là. C'était mon amie... Et j'avais beau dire ce que je voulais, dans notre duo, c'était moi qui en exigeait le plus. Entre le chauffage et les inquiétudes constantes que je lui causais quand je sortais le soir sans dire où j'allais et que je finissais dans certains bras... J'avais clairement pas à me plaindre. Je le regardais un moment, croisant les bras et m'appuyant contre le plan de travail.

"Non t'inquiète pas, ça devrait aller ! En plus ça risque de barder pour nos deux matricules si toi aussi tu te met à enquiquiner Charlie ! Je vis dangereusement, mais pas trop quand même !" Je laisse échapper un léger rire. "C'est surtout que t'aurais plus personne à appeler "biquet" hein ?"

La discussion tourna un instant autour de son ex compagne. J'étais un peu du genre sauvage, et leur flirt et mariage avait pas duré assez longtemps pour que je fasse l'effort d'apprendre à connaître son ex femme. Pour que je me sente assez en confiance pour apprendre à la connaître. J'étais toujours en retrait... Toujours. J'arrivais pas à aller vers les gens naturellement la première fois, il me fallait un temps d'adaptation. Je haussais les épaules.

"Vous vous êtes lancés là dedans trop vite... Je pense. On... Je pense qu'on se marie pas avec n'importe qui. Même si l'amour est là... Bah... Parfois ça suffit pas." Je baisse les yeux. Après tout... On pouvait pas être compatible à tous les coups. Et puis... C'était toujours moins compliqué de se séparer sans être mariés. Mais... C'est pas quelque chose que je ferais avant d'être sûr, d'être certain d'avoir trouvé la bonne personne. Que notre vie de couple correspondrait à ce que je cherche, ce que je veux. Parce que parfois... Parfois l'amour ça fait pas tout. On a beau aimer de tout notre coeur, de tout notre être... Parfois ça suffit juste pas. "C'est pas un échec un divorce... J'espère que ta déesse en a conscience. Enfin... Entre nous... Je pense pas." Oui... Elle s'échinait à rester avec un homme volage alors qu'elle était d'une jalousie maladive. Le comble et l'exemple même d'un couple malheureux. Donc non... Je pense pas qu'elle en ait conscience. J'aurais sans doute pas ce soucis là avec Seth. Après tout... Il était marié mais s'embêtait pas pour coucher à droite à gauche.

Un sourire amusé éclaire mon visage alors que j'le regarde. "Oui... La vie est belle, t'as raison."

Parfois elle l'était. Mais trop peu souvent. Généralement elle avait un goût doux-amère. Si au début tout semblait beau et agréable... Et tu finissais toujours par avoir une claque dans la gueule qui te faisait revenir au point de départ... Fallait juste attendre la claque. Je hausse finalement les épaules à ses mots.

"Faut que tu te mette une croix sur la main, comme ça t'oubliera pas que t'as fais un p'tit coup en traître et tu te feras pas prendre non ?"

Je secouais la tête, un sourire triste sur le visage, avant de hausser les épaules.

"Ta déesse a pas la même image que mon dieu tutélaire. On parle d'un gars qui est vu par beaucoup comme le "dieu du mal". Le méchant par excellence. Quand on me voit on voit pas Keith le capitaine, Keith qui a toujours tout fait pour son île depuis qu'il est en âge de la défendre. On voit l'ombre de Seth derrière moi. Seth "le méchant", Seth "le traître" alors qu'est-ce qui m'empêche de l'être aussi ? Quand je fais un truc, c'est pas par bonté de coeur mais bien parce que j'ai quelque chose derrière la tête non ? Rigole pas Thad. J'ai beaucoup trop entendu ça quand les gens ne se pensaient pas à portée d'oreille."

Mon regard se perdait sur la fenêtre, se plongeait dans le vide, j'entendais les vagues en contre bas, en fond sonore. La maison sur la falaise... Elle m'offrait sa protection, elle m'éloignait du reste du monde. J'avais pas à m'y frotter tout le temps, j'avais pas à laisser la méfiance et le désamour des gens m'envahir. Vilain petit canard depuis ma naissance, je ne ménageait pas mes efforts, je l'avais jamais fais. Mais dés lors que j'avais été nommé capitaine, il s'était murmuré que j'avais pas mérité ma place, que j'avais été pistonné par mon oncle. Que c'était un risque inconsidéré de me filer cette place étant donné le dieu qui m'avais choisis comme messager. Je vivais chaque jour avec ces regards. Chaque jours avec ces gens qui exprimaient sans aucun regrets leur dégoût de ma personne. Leur méfiance. Il me demandais de venir l'aider. Et je me redressais finalement en le regardant jongler avec des œufs. Un deux trois... L'un manquant de tomber. Je tendais les doigts pour le rattraper, vainement. J'étais vidé... Vidé de n'avoir rien fait. Je resserrais doucement le kimono rose plein de pivoines sur mes épaules. Le tissu satiné glissait entre mes mains rendues caleuses par un entraînement au maniement des armes intensif. Un sourire sans joie m'échappe.

"Les rares personnes que je trouve et avec qui j'en ai envie sont actuellement pas disponibles."

Après tout... J'avais pas de nouvelles de Quinlan, et il avait prit soin de me fuir après la nuit que j'avais passé. J'ignorais si il s'agissait de moi, ou de cette ombre que je me traînais. Mais je chassais tout ça de mon esprit, frappant dans mes mains comme pour me débarrasser de la poussière que j'aurais pu accumuler sur mes mains. Les mauvaises pensées poussiéreuses, fallait les enfouir, les cacher sous un tapis. Si on les regardaient trop, elles devenaient plus concrètes.

"T'en fait pas pour moi. Alors... Ces cookies !" Je sortais d'une armoire des petites paillettes de caramel, et des pépites de chocolat au lait. Je cuisinais beaucoup... J'attrapais dans le frigo tout ce qu'il fallait. "Tu vas faire saliver les gens de la coloc c'est moi qui te le dis." J'avais besoin de me plonger dans quelque chose, de me rattraper à quelque chose pour ne pas penser. Ne pas penser.