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Keith Wittgenstein
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Dim 10 Jan - 15:52
What happens in karaoke stays at karaoke
Fabien & Keith
15/01/2021

Y'a des choses que j'acceptais de faire à Spear... S'ambiancer un peu sur de la musique entre autre. Mais pour chanter il me fallait un endroit neutre... Un endroit où j'étais sûr de croiser personne. Et... ça faisait un petit moment que j'avais ce tract dans la poche. Sur un bar. Ouais j'l'avais récupéré. Parmi tous les autres il avait attiré mes mirettes à mon dernier passage à Londres. Bon... On se pelait les couilles sévère, mais j'aimais bien cette ville. ça dépendait des quartiers mais... Elle était bordélique, elle était... hyperactive, y'avait toujours du mouvement, toujours de la vie, on était jamais seuls. Jamais. Même alors qu'on pensait qu'il n'y avait personne... Il y avait toujours une ombre quelque part. Une ombre... Inquiétante ou pas, ça restait une présence. J'avais passé la porte du bar. C'était soirée karaoké. J'aimais bien trop ce genre de soirée pour mon bien... Cette foule, ils me connaissaient pas, et à peine j'aurais quitté la scène qu'ils m'auraient déjà oubliés. J'étais ombre parmi les ombres...
J'avais pris ma place, pris mon ticket pour chanter moi aussi, pour exorciser tout ce que je ressentais... Tout ce qui pouvait me traverser. Je ne connaissais pas ces gens, et on me connaissait pas. Alors... Pour aujourd'hui j'serais ni le héraut de Seth, ni le capitaine à la tête d'une armée. J'étais moi. Sans armure, sans le poids de mes responsabilités. J'avais attrapé un verre. un gin tonic. J'aimais bien ces saloperies, et je l'avais descendu d'une traite, pour me donner du courage. C'était finalement à mon tour. J'avais laissé tomber mon manteau, pour arborer un simple haut, col V, manches longues gris chiné. Un jean troué et des bottines à lacets en cuir complétaient ma panoplie. Personne ne te connaissait Keith... Personne, alors tu pouvais marcher droit et t'apprêter à faire ça sans même avoir peur.
J'avais soufflé ma chanson au mec puis étais monté sur scène. Y'avait eu quelques applaudissements, les mecs bourrés qui applaudissaient tous ceux qui avaient le courage de monter sur scène. ça chantait faux, parfois juste, moi j'allais chanter avec le cœur. J'attrapais le micro, et j'eus pas le temps d'angoisser, que déjà les notes de guitares emplissaient l'air.

" If I had wings like Noah's dove
I'd fly the river to the one that I love
Fare three well, my honey fare three well"


L'émotion faisait vibrer ma voix, mais j'm'en foutais. Je chantais. Je chantais

" I remember one evening in the pouring rain
And in my heart was an aching pain
Fare thee well, my honey
Fare thee well"


J'avais finis ma chanson, j'avais raccroché le micro et j'me sentais... Vide... Vide de toute cette tension, toute cette rage, cette tristesse. Vide de cette frustration, de ce feu brûlant qui s'arrêtait jamais de me dévorer les entrailles, à part quand j'lâchais tout, à part quand je faisais tomber ce masque. J'm'étais donc re-commandé un gin, installé sur mon p'tit tabouret. Entouré de monde, j'étais rassuré, presque.
Magneion


Dernière édition par Keith Wittgenstein le Mar 2 Fév - 14:56, édité 2 fois
Fabien Thomas
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Dim 10 Jan - 22:06
What happens in karaoke stays at karaoke
15/01/21 ft Keith
Assis sur un tabouret et confortablement accoudé au bar, le regard de glace de Fabien regarde les visages défiler sur la scène éclairée. Eux sont dans la pénombre, spectateurs interchangeables dont la clameur est supposée encourager les artistes en herbe à venir perdre toute dignité devant eux – on n’a jamais vu de réelle star se lancer grâce au karaoké. Les verres attrapent à peine la lumière et la distillent à grand-peine pour la mêler à l’alcool ainsi qu’aux notes plus ou moins fausses qui sortent des gorges écorchées des candidats. Une bonne soirée à n’en pas douter, ça, c’est certain.
Les doigts gantés par habitude de Fabien sont refermés autour d’un verre de whisky délicat : le liquide ambré sort d’une bouteille qu’il apprécie tout particulièrement, et l’odeur qui grimpe jusqu’à lui parmi les relents de fumée froide et de bière, les after-shave bon marché et les parfums capiteux bien peu captivants, lui promet sinon l’oubli au moins une bonne soirée. Il ne sent pas le toucher lisse du verre sous ses doigts, mais il a encore froid. Il n’a même pas retiré son manteau depuis qu’il a mis les pieds par ici, ses cheveux sont encore trempés par l’humidité ambiante de l’extérieur.
Il prend le temps, le quadragénaire, de souffler. (Souffle-t-il vraiment jamais ?) D’oublier les ombres qu’il pourchasse. (Juste les oblitérer quelques instants. ) De n’être qu’un homme pour quelques heures, un humain comme il y en a des milliers dans l’humanité. (De ne plus être leur bouclier, de prendre quelques heures pour être celui qui a besoin d’être protégé des vilenies du monde. )

Et apparemment, l’humanité passe par le karaoké. Plaisir coupable, plaisir avoué, sourit le brun à lui-même en buvant une gorgée. Ce n’est pas tant pour la médiocrité de la performance – le chanteur actuel doit en être à sa huitième bière, son haleine vient frapper l’inquisiteur  malgré la distance entre eux – que pour l’impression de cohésion de la foule. L’impression d’un tout dans lequel il se fond, absorbe l’ambiance et compose en retour son visage. Métamorphe social. Ca sera une bonne soirée, peu importe le peu de talent des personnes qui se succéderont au micro.

De bonnes surprises, quelquefois. Il y a ce gamin dégingandé – une silhouette taillée de trop près pour que ça soit uniquement naturel qui se dévoile. Une certaine hésitation, peut-être, dans son pas ? (On apprend à treize ans à corriger ça. ) Accoudé au bar, détendu, Fabien s’est dit que s’en était un de plus – moyen pour ne pas dire nul à chier, une voix pas folichonne mais qui ne donnera pas envie de gerber.
Il a été surpris. Pour une fois qu’il l’est. Ainsi donc ce genre d’endroit n’est pas entièrement peuplé de gens sans talent ? Quelle révélation. « Vous allez y aller, ce soir ? » Interroge le barman alors que d’un murmure il demande un second verre.
Pourquoi pas ?

La chanson s’achève et Fabien hésite. Plus tard, peut-être. Il y a encore du temps avant que ne sonne la fin de la soirée. Aucun couvre-feu de prévu sur Londres, pas vrai ? Ils ont le temps. Le temps de laisser l’alcool glisser et tout brouiller. D’un œil l’inquisiteur aperçoit à quelques sièges à peine le chanteur précédent qui a laissé son micro à quelqu’un d’autre prêt à massacrer Abba. Dans un mouvement fluide, suivi par son verre, Fabien se rapproche, aussi ouvert que possible : posture détendue, regard franc sans être intrusif. « Merci d’avoir rehaussé le niveau de cette soirée. On trouve plus de talents qu’on pense, par ici, en fait. » Soulève le quadragénaire amusé. Ne pas se montrer invasif de son regard. Peut-être a-t-il exagéré en le traitant de gamin plus tôt. Ses traits ont la force de celui qui est sorti de l’adolescence et il se tient plus droit que n’importe quel autre mec du coin. « Très belle performance. Désolé de venir envahir comme ça, ce n’est pas tous les jours qu’on croise quelqu’un capable de chanter dans ces conditions. » Un regard glisse jusqu’à la scène, un sourire désolé.


Dernière édition par Fabien Thomas le Lun 11 Jan - 17:37, édité 1 fois
Keith Wittgenstein
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Lun 11 Jan - 0:51
What happens in karaoke stays at karaoke
Fabien & Keith
15/01/2021
C'était comme exorciser tout ce qu'on ressentait. Chopper tous ces sentiments gluants, collants, et les foutre dans les mains de quelqu'un d'autre. Dans ce cas là, les balancer à la gueule du public. Leur balancer tout ça et s'en débarrasser, pour pouvoir continuer à arborer le même masque d'indifférence tous les jours. Pour taire les douleurs, taire la culpabilité. Car de la culpabilité il y en avait. Il y en avait tellement. Pour cette soeur que je n'avais pu sauver, pour cette mère que j'avais vu morte. Pour ces visions qui, parfois, me réveillaient encore. J'avais pu si j'l'avais voulu, les sauver, j'aurais pu les accompagner ce jour là. Mais je n'avais pas levé le petit doigt. Et je devais vivre avec ça. Avec des "et si" insupportable. Des "J'aurais pu". Des regrets dont je ne pouvais jamais me délester. Je descendis de la scène, encore fragile, je ne m'étais pas encore drapé de ma plus belle armure. Je n'étais pas prêt à le mêler au monde, et pourtant, fou que j'étais, c'est ce que je fis. L'alcool vint... Et je bus... J'aurais pu boire toutes les sources du monde, réduire ce monde en un désert géant, que la culpabilité me torturerai toujours. Qu'elle serait toujours là, avec ses doigts glacés, à triturer mon âme. Mais j'étais fort hein ? J'étais un guerrier, un loup. Une voix grave, agréable à l'oreille me fit relever le nez. Je détaillais l'homme d'un regard. Un sourire en coin s'étalant finalement sur ma face, alors que je prenais une pose qui se voulait nonchalante. Non j'étais pas en train de ruminer la même merde. Tout allait bien... Tout allait bien. Je ne pouvais que pouffer à ses mots, en entendant en fond le massacre.

"Le talent, paraît que soit on l'a, soit on l'a pas. Y'a des chanceux, et y'a les autres. Content que mon chant ait pu toucher au moins une personne ce soir."


Mon petit accent était perceptible, il ne m'avais jamais quitté. Cette manière que j'avais de prononcer certains mots, certains noms, légèrement âpre... Je terminais mon verre d'une traite, le reposant sagement sur le comptoir. Il ne m'avait jamais quitté, puisque nous utilisions ma langue maternelle pour parler, à la maison. Un sourire charmant s'étira un instant sur ma frimousse, alors que je haussais les épaules. D'un côté, ses compliments me donnais envie de me cacher sous une table. D'un autre côté... Bordel, j'étais plus seul, et j'aimais entendre ce genre de parole. J'étais celui de qui on se méfiait, pas celui qu'on aimait, alors ses paroles étaient aussi douces et délicieuses à mes oreilles qu'un bon miel de forêt noire.

"Merci et... T'en fait pas, t'es moins envahissant que la plupart des gens que j'connais. J'aime bien chanter, j'aurais pas peur du jugement de mes proches, je le ferais plus souvent. C'est pas facile de se mettre à nu comme ça devant les autres."


Mon regard sombre s'était plongé dans le sien. Une lueur de défi y brillait. "Et toi mon gars... T'oseras faire comme les autres ? Me juger ? Me jauger ? Certains s'y étaient essayés, ils avaient pas été déçus de ce qu'ils avaient trouvés derrière.". Je ne laisserai personne percer mes défenses... Tâter du bout des doigts les lanières de mon "armure". Elle était trop confortable. Le feu... La chaleur, la colère. ça vallait mieux que le froid, la solitude, la mort.
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Lun 11 Jan - 20:22
What happens in karaoke stays at karaoke
15/01/21 ft Keith
Il ne peut pas être la seule personne à avoir été touchée ce soir. Si l’inconnu jetait un œil alentour, peut-être verrait-il qu’on le fixe, qu’on a souri à sa descente, qu’on a joué des coudes pendant quelques secondes pour dire regarde, c’est lui. Regarde, c’était bien. Et si maintenant bien des visages sont à nouveau tournés vers la nouvelle personne qui se présente, le mystérieux chanteur ténébreux sera sans problème la référence du niveau inatteignable pour les jours à venir.  Par le barman, par les habitués, par cellui qui chante et qui sera une fois la chanson terminée aussitôt oublié.
Déjà la conversation enchaîne, déjà il n’envoie pas l’inquisiteur bouler. Il lui répond. Il apprécie.

(Il est mignon, quand il sourit. )

C’est un éclat de douceur, une brève déchirure dans le tableau impeccable qu’il a présenté à Fabien jusqu’alors – un vernis plus épais qu’on ne le penserait mais qui blinde jusqu’à son regard. Une chaleur qui irradie quelques secondes à peine mais c’est suffisant. Il est mignon quand il sourit. Il n’est pas un enfoiré entièrement, Fabien en mettrait sa main à couper. (Les personnes les plus dangereuses n’ont qu’un sourire sans vie et prétendent encore l’être. En vie. )
Il faut du courage ou aucune estime de soi pour foutre les pieds sur cette scène, oui, songe Fabien avec les doigts refermés sur son verre, cuir noir qui cache le liquide d’ambre. Détendu, le bras contre le bar et la tête légèrement penchée, il n’ose pas pousser. Il est là pour une bonne soirée, pour un véritable contact. Pas pour analyser jusqu’à perdre le goût d’être humain. Alors l’espion repousse au plus loin qu’il le puisse ce besoin de comprendre son interlocuteur : il barre la porte aux analyses – la manière dont il s’assied, le regard qu’il lui lance. (L’accent qui danse dans ses mots, oh, si présent ! Que même le sien bataille avec ses racines pour ressortir. )

Et il voudrait parler, mais leurs regards s’affrontent. Le néant – un marron sombre qui dans la lumière tamisée vire à la nuit – cherche à défier le bleu glacé du regard du quadragénaire. Sans sourciller il se prête au jeu, quelques secondes de silence s’imposent entre eux. Aucun ne baissera les yeux (conviction intime). Le sourire sur ses lèvres se fait plus joueur en réponse à l’étincelle qu’il décèle : ce n’est pas un jeu de lumière, il l’a trop souvent perçue pour l’ignorer. Tu veux t’engager sur ce terrain, gamin ? Comme tu veux.
(Le sale gone a évolué en petit con, les années n’ont rien arrangé. )

« Tu oses les priver de ça ? Tu n’as aucune honte ? S’amuse-t-il. Encore que si ils sont du genre à grimper sur toi en te réclamant de l’attention, dans le genre envahissants… Je comprends un peu la réticence. »
Parle encore. Son verre glisse jusqu’à ses lèvres et il est forcé de rompre le contact quelques secondes. Il ne faut pas s’y méprendre cependant : même appuyé contre le bar, l’inclinaison de sa tête et le sourire dont il ne se départit pas traduisent qu’il veut jouer. (Il ne sait pas à quoi. ) « Ca a du sens de venir ici pour s’ouvrir. On sait que les gens d’la foule changent, que t’as peu de chances qu’ils te suivent à la sortie si ta gueule leur revient pas. Certes, il y a Bert, ajoute le brun en faisant la moue, mais il est déjà trop rond pour avoir quelque chose à redire à ta performance. »

Jusqu’où veux-tu pousser ? Fabien jauge sans vraiment savoir quoi. Dans un respect qui n’est que factice, dans une tentation qui tiraille pour comprendre. « Y a l’anonymat, la célébrité relative et… Et puis on s’en fiche, qu’ils jugent, eux. Un mouvement de tête accompagné d’un soupir moqueur. Tu les reverras jamais et moi non plus. Alors autant prendre son courage à deux mains et dire ce que tes comparses attachants ne voudront jamais entendre.. Et c’est bien dommage. »
Il hésite, cherche ses mots. Pour la première fois ses yeux dérivent vers le bas, vers le bois du bar qui ressemble de plus en plus à un radeau de sauvetage. « T’as l’air d’en avoir, des choses à dire. C’dommage qu’ils écoutent pas. » Un murmure comme un aveu. Voulait-il vraiment le dire ?
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Mar 12 Jan - 3:41
What happens in karaoke stays at karaoke
Fabien & Keith
15/01/2021
Cette interaction... Elle était somme toute banale. D'une banalité affligeante même, dans un monde où les créatures fondaient sur les populations, protégées par les ombres. Camouflés aux yeux du plus grand nombre. Plein de futilité, et pourtant ça faisait tellement de bien. Une bouffée d'oxygène alors que j'me sentais étouffer. Une inspiration, une pause. C'était agréable. Ce petit moment... Il semblait s'étirer dans un confort des plus douillets. J'étais qu'un simple pécore ici. Rien de plus. J'avais ouvert mon coeur à des inconnus, j'avais chanté... C'était un adieu, un adieu alors même que j'avais même pas totalement fais mon deuil. Perdre des êtres chers, et l'accepter, c'était pas dans ma nature.

A cet instant, y'avait une douceur dont je m'en serais pas cru capable, une sensibilité dans ce palpitant que j'avais endurcis. Je m'en pensais pas capable. On était des êtres pleins de magie, et surtout de paradoxe. On craignait la solitude, et pourtant on ne voulait laisser entrer personne dans notre vie, de peur de le perdre. De peur d'avoir une fissure supplémentaire. Plus les années passaient, plus les souvenirs devenaient flous, plus leurs silhouettes dans mes souvenirs me semblait éthérés. Des souvenirs brumeux, des scènes qui n'avaient peut être jamais existé. Un étrange sourire, à la fois terrible et incroyablement doux s'afficha sur ma bouille. C'était la nostalgie, c'était les bons souvenirs.

Mais je quitte finalement ce monde intérieur, ces souvenirs, je m'en détourne pour me tourner vers cet homme. Il est plus vieux que moi. Mais... L'âge vous savez... C'est quelque chose de bien illusoire. Les lumières de l'endroit, légèrement tamisés, offre un étrange jeu de lumière sur son beau visage. Parce que oui, l'homme n'est pas désagréable à l'oeil, loin de là. Il se dégage un certain charme. P't'être que ce soir tout le monde aurait l'air charmant ? Je tournais la tête vers le gars de l'autre côté. Nan... C'était pas tout le monde. Les jeux de regards s'enchaînent, ça se cherche et ça se trouve, encore et encore, dans un silence qui est finalement rompu. Un petit reniflement amusé m'échappe alors que je reprend une gorgée de mon verre. L'alcool réchauffait agréablement ma gorge, me donnant l'énergie.

"Oui j'ose. De toute façon je préfère ne pas le faire, ils risqueraient d'attendre des choses de moi si je leur montre que je sais faire quelque chose de bien. J'veux pas qu'on attende quelque chose de moi. Je veux pas risquer de les décevoir."
Je glousse. "J'ai pas de chiens à la maison, rassure toi ! ça pue, ça bave... ça laisse des poils et des puces partout, une vraie horreur."

L'anonymat, le fait d'être un homme parmi les hommes, d'être personne, c'était... Quelque chose de savoureux, quelque chose de libérateur. Je connaissais pas leur vie, ils connaissaient pas la mienne, et demain... Tout le monde m'aurais oublié, parce que je n'étais qu'un passager parmi tant d'autres. J'étais ombre parmi les ombres. Et... Lui aussi, à sa manière, dans sa discrétion certaine, c'était... Une silhouette parmi tant d'autres. Je finissais mon verre, demandant le petit frère, qu'on me servit bien vite.

"De toute façon, si Bert a quelque chose à redire... Au pire il peut aller se faire foutre. Hein ?"
C'était comme si je cherchais son approbation. J'attrapais mon verre, mon index pointé sur lui un instant. Moi aussi j'allais finir rond, je voulais m'engager sur ce chemin.

"Précisément. Z'êtes rien dans ma vie, et je serais rien dans la votre. Mes souffrances, mes douleurs, vous les connaissez pas. Et... Je suis sûr de n'avoir aucune pitié qui brille  dans vos mirettes. Aucun "Le pauvre chou, alors c'est par rapport à ce qu'il a traversé". J'veux pas avoir un rappel constant de mes obstacles, de mes douleurs. J'veux juste chanter, j'veux juste me débarrasser de..." Je fis un vague signe de la main, j'sais même pas ce que je représentait. "De la tornade que j'ai en moi, de ce truc qui se calme jamais. La colère, la tristesse, le regret... J'vous ai tout jeté à la gueule. Maintenant... Je suis libre. Pour quelques temps j'suis libre."

Il murmure, et inconsciemment j'me penche vers lui. Et à cet instant, mon regard se plonge dans le bleu du sien, dans ces pupilles céruléennes qui semblent suivre le moindre de mes gestes, comme si il me jaugeait. C'était comme si le reste du monde disparaissait, comme si ce mec, là bas, à quelques mètres de nous, n'était pas en train de massacrer Dancing Queen. Et je lui répondis, dans un même murmure.

"J'en ai des choses à dire... Mais... Si je les lâche, l'image qu'ils ont de moi va changer. Si je me dévoile... J'aurais plus rien derrière quoi me cacher. Les masques... C'est agréable. On est qui on veut. Tu trouves pas ? Tu peux être... N'importe qui, n'importe quoi, et on pourra pas te blesser, on pourra pas te faire de mal, parce que t'as un masque, t'es protégé." Un p'tit rire m'échappe. "Quand je chante... On peut lire en moi, on peut sentir les fêlures. Quand je chante... J'suis trop transparent. C'est une faiblesse."  
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Mar 12 Jan - 18:44
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15/01/21 ft Keith
Se mettre à nu face à quelqu’un et lui confier ce que l’on a sur le coeur, ce n’est pas inné. Sortir des mots, même faux, même dénués de toute relation avec soi, bouffé par les sentiments même inventés, ça ne se fait pas sans savoir ce que l’on fait même inconsciemment. Ca s’apprend. Ca s’apprivoise plus que ça ne s’improvise, et si l’on dit que ça part du coeur c’est uniquement car les gens ont du mal à se dire que les sentiments naissent de la raison. Le fait est et reste le même : ça s’apprend. On apprend à ouvrir sa gueule et à chialer les mots, à les hurler, à moduler l’émotion pour que l’autre en face comprenne ce qui va ou ne va pas. On apprend, et c’est humain, tellement humain.
Lorsque l’on s’en rend compte, alors commence le processus de la maîtrise de tout ce cheminement.

Il n’en a pas conscience, son inconnu : encore pris dans les engrenages de la violence des mots balancés, porté par l’alcool dans le verre qui descend et réapparaît tandis qu’il en recommande un second et que Fabien articule doucement au barman « c’est pour moi, celui-ci. » en le pointant du doigt, le gamin ne sait pas qu’il aurait pu se cacher encore plus dans cette chanson.
La peur de décevoir. De ne pas être assez. Intéressant et terriblement banal. Le brun ne peut pas s’empêcher de juger. Lui-même connaît cette foutue boule glacée au fond de l’estomac qui va nouer sa gorge et lui donner envie de vomir à ses pieds. Il sourit. Un sourire qu’il veut compréhensif, sympathique. Pas un sourire  de pitié – ce serait la mauvaise carte à jouer – mais juste un sourire qui dit qu’il a vécu, qu’il est à ses côtés. Been there, done that. Le tout dans un enrobage de chair, la tête qui hoche sur ses paroles. Il le comprend.
(Vraiment ? )

« On n’a pas besoin de les connaître pour que tu les évacues de la manière qu’il te plaira, répond l’inquisiteur en terminant son verre. Je comprends ça. T’en as d’autres qui vont aller chercher un confident, tu cherches un défouloir dans le chant. » L’alcool tourbillonne  dans sa tête et fait pétiller son regard, ses pensées. Il a une tolérance assez élevée et une résistance construite au fil des années – on boit un peu trop, dans l’Inquisition. Pour oublier ou pour graver.

Fabien se mord les lèvres en soufflant doucement pas le nez, leurs yeux s’affrontant encore – se trouvant encore. Soupir inavoué. Que lui dire ? Lui parler de la vacuité de l’esprit, quand on porte trop de masques ? De l’impression de ne plus être personne derrière tant ceux-ci sont lourds ? Des masques qui ne tombent plus, dont on n’arrive pas à se débarrasser même en hurlant derrière, en se fracassant la tête contre les murs, de ces mensonges qui vous collent à jamais à la peau et qui vous effacent petit à petit votre être. « Mais si ton masque devient toi, tu risques de te perdre. » Une réponse brève et délicate. Petit pas par petit pas, ne pas le brusquer. (Il n’a pas la moindre idée d’où ils termineront, mais c’est addictif, c’est violent, c’est doux, c’est une conversation où ses talents toutefois retenus jouent en coeur et où la compagnie est autant agréable qu’intrigante)

« Je sais que c’est rassurant d’être quelqu’un d’autre. Crois-moi, je le sais. Mais on s’oublie. Tu n’as pas peur de ça ? Aussi compliquée que soit ta vie… Il lève la main droite pour retenir toute remarque. Je ne demande pas de détails. Aussi compliquée qu’elle soit, ou pourrie, c’est la tienne. Ton masque il te vole ça. Il te vole tes amiEs, tes plaisirs et s’il cache bien les larmes et absorbe les coups… Il t’isole et finit par te séparer. »

Il y a du regret au fond de sa voix. J’aurais voulu être autre chose, et pourtant, me voilà. Je porte des milliers de masques. « Pose-toi la question : tu préfères que tes amiEs continuent de voir ce que tu leur donne à voir et ignorent tout de toi, jusqu’au jour où tu leur sera un inconnu ? Ou les laisser entrer, juste une fraction de secondes ? » Le pas est compliqué à faire. Violent à exécuter. Dangereux, quand on ne sait pas ce qu’il y a en face.

« Quoi qu’il en soit. Quoi que tu décides. ce n’est pas une faiblesse d’être transparent. Déclare Fabien en hochant la tête sur un ton décidé.> Pas quand tu choisis de l’être. On t’as pas forcé à montrer tes failles, là-bas : tu as choisi de les révéler. Tu étais le maître. Quand t’y retourneras, ça sera parce que tu le veux, et tu laisseras sortir ce que tu voudras. »

Le quadragénaire hésite à peine. Sa main se pose sur l’épaule de l’inconnu : toucher léger et supposément réconfortant. « On a vu tes fêlures, mais elles étaient férocement gardées. C’était brave. Et tu n’es pas faible. » Il connaît les crevasses des crevures : il s’y engouffre et les exploite. Peut-être ment-il un peu, là, tout de suite. Mais honnêtement, on s’en fiche.
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Jeu 14 Jan - 21:48
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Fabien & Keith
15/01/2021
Pleurer en cachette, arborer toujours devant autrui l'image d'un gars sur qui tout glisse, c'était mon perpétuel combat. C'était le jeu dans lequel j'étais empêtré. Parce que le moindre faux pas pouvait m'attirer des ennuis à moi, plus qu'à certains autres hérauts, parce que j'devais pas montrer la faille de peur que quelqu'un s'y engouffre, que quelqu'un brise tout à l'intérieur dès qu'il en aura l'occasion. Alors on se forge une armure qu'on pense imprenable et voilà. Pourtant y'avait des jours durant lesquels l'armure, elle était trop lourde à porter. Y'avait des jours où les courroies elles sciaient les épaules, où les lanières, elles imitaient la peau, et c'était ma vraie personnalité qui devait sortir.  Il sourit, mon compagnon d'un soir. D'un sourire qui veut dire à la fois tellement, et si peu. Il sourit de ces sourires qui disent "Gamin j'en ai vu des belles, j'sais bien ce que c'est". Et j'veux le croire... J'veux croire qu'il sait ce que je vis. Qu'il sait. Un sourire doux, contrastant avec l'image que j'affichais sans cesse devant le reste du monde releva la commissure de mes lèvres, alors qu'une expression rêveuse faisait s'échapper mon regard vers le lointain.

"Je  sens tellement de choses quand je chante... C'est tellement puissant... C'est comme si ça exacerbait tout ce que je ressens. Et après... Quand j'ai finis, quand j'ai lâché tout ce que je pouvais... J'me sens incroyablement fragile, mais aussi... Vide. Je me sens prêt à repartir de l'avant. Tu sais... C'est quelque chose de jouissif, et à la fois, ça en dévoile tellement sur moi que... j'ai l'impression que s'en est dangereux."

Il parle, il parle et il se dévoile plus qu'il ne pourrait le croire. Et moi... Je l'écoute, je bois ses paroles. Et finalement, je bois à nouveau, laissant le doux coton de l'alcool rendre mes gestes plus pur, me libérer de ce carcan qui m'emprisonne sans cesse. J'avais des difficultés à aller vers l'autre, à parler, pourtant, avec l'alcool, ça semblait beaucoup plus facile à gérer. Ma main se leva, lentement, se glissant finalement sur la joue de l'homme pour s'y poser. Une expression enfantine de curiosité se peignait déjà sur mon visage alors que ma peau touchait la sienne, si froide en comparaison à la mienne. On avait souvent l'impression que je me pressais de tout mon corps contre un radiateur.

"Et toi... Combien as-tu de masques ? Pour parler comme ça... T'en as forcément un paquet. ça t'arrive... De réussir à ressortir le vrai toi ? De retrouver ton visage initial ?"
Je secoue doucement la tête, mon regard se perdant dans mon verre alors que ma main se baisse doucement pour se poser sur ma cuisse. "Si j'me perd, je risque pas de manquer à grand monde je crois. J'ai fais ce qu'il fallait pour me couper de tout le monde. Y'a vraiment peu de mondes qui seraient en mesure de le remarquer tu sais." Je poussais finalement un soupir, avant de reprendre mon souffle. "Si j'me montre... Et si ce que je montre leur plaît pas, ils seront en mesure de me blesser. De me faire du mal. Et... Et ils pourront voir à quel point j'suis cassé. Tu crois qu'ils voudront quand même de moi malgré ça ? Moi j'sais pas... J'sais pas."

Et c'était vrai. J'étais rongé par le doute. Rongé par l'incertitude. Pousser la chansonnette devrait pas me faire peur à ce point, j'étais plus un gamin, et pourtant, ça impliquait tellement... Je sens finalement un contact sur mon épaule, et baisse un instant les yeux sur cette main, cette poigne sur mon épaule. Elle n'est pas forte, et j'aurais besoin que d'un geste pour m'en dégager, mais j'la laisse là... Ce contact là... Il m'ancre sur terre. Il m'ancre dans cette situation, dans le "maintenant" et pas le "avant". Ses mots, ils provoquent un soulagement intense chez moi. C'était comme si tous le poids du monde s'était échappé de sur mes épaules pour galoper ailleurs. J'étais pas faible... J'étais pas faible. Je lève les yeux pour ravaler mes larmes, non... Rien ne coulerait. Fallait être fort. Fallait pas se laisser aller. Ou alors peut être un peu, mais dans l'intimité. Le verre fait comme les précédents, et finit désespérément vide. Parfois j'me demandais si dans ce bar y'avait pas un p'tit lutin qui vidait les verres quand on regardait pas. J'crois que mon esprit était déjà en train de s'embrumer. Je penche doucement la tête, le regardant vraiment. Tentant de percer le voile de mystère qui l’entourait. J'étais un inconnu sans nom, je j'le resterai, et s'en serait de même pour lui. On ne se recroiserait plus jamais. Je pose doucement ma main sur la sienne un instant, avant de libérer cette dernière.

"Toi aussi tu veux te libérer ? J'peux t'accompagner. Si c'est faux c'est pas grave. ça fait du bien tu sais. Et comme tu dis... C'est pas une faiblesse."

Magneion
Fabien Thomas
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Ven 15 Jan - 19:27
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15/01/21 ft Keith
Et c’est un autre sourire qui accompagne ses déclarations. Aussi timide que le premier, lumineux, innocent - comme si c’était la première fois qu’il souriait, putain, Fabien a du mal avec ce sourire qui le remue –, un peu navré peut-être car il s’excuse de ce qu’il va prononcer, un sourire comme Fabien n’en verra plus, pas demain, pas plus tard. Juste ce foutu sourire qui illuminerait le bar où pourrait danser la fumée des cigarettes si l’on avait encore le droit. Ce n’est même pas qu’il trouve l’inconnu attirant, c’est juste ce sourire. Et il parle et il dit que ses mots, son chant, sa prestation l’ont fait se révéler et bordel, Fabien voudrait hurler que ce qui le dévoile plus certainement c’est cette balafre hésitante qui traverse son visage comme la lune se dévoile derrière les nuages ; ces lèvres qui s’étirent et ce regard qui se perd, se voile et s’étiole. On s’en fout de ce qu’il dit, tu souris, putain, et tu es si fragile, gamin.

Mais ça lui fait du bien de parler. De penser qu’il a la main sur le bordel d’émotions quand il chante, qu’il peut tout libérer alors qu’il a juste poussé par-dessus bord le trop-plein : vidé comme s’il avait couru le marathon, c’est rien. L’Homme n’est véritablement vide et libre de ses émotions et sentiments que lorsqu’on l’a brisé. Quand la lueur du regard se fait vide, qu’il agit, automate, qu’il ne craint plus la faim ou le froid mais espère juste vivre. Qu’il se plie. Qu’il revient à son humanité. Alors seulement là, il est libéré. Le calme ne dure jamais.

Sa main sur sa joue fait hausser un sourcil à l’inquisiteur : il sent la chaleur de sa paume et de ses doigts sur sa peau, contre sa barbe à peine taillée. A-t-il froid lui-même ou est-ce qu’il brûle jusqu’au bout des doigts ? Ce n’est pas désagréable. Juste… Bizarre. Même si l’alcool émousse les sens, cette particularité de son interlocuteur l’alarme et réveille chez lui ses premiers instincts. Rien ne change. Rien qui ne se voit. Il écoute juste plus attentivement. Il retient. Ouvre les yeux. (Peut-être que ce n’est rien. Pourvu que ce ne soit rien. Un soir tranquille, c’est tout ce qu’il demande. )

Déjà leurs corps se quittent.

« Des masques, j’en ai trop. Avec raison. Le brun clarifie ses termes. Pour mon métier, ça ne sert à rien d’être moi. Personne va me payer pour être moi. Ils sont pas là pour ça, les gens s’en foutent. Ils veulent voir… Sa main s’agite. Un voisin. L’amant de leur amie. Un inspecteur des impôts déchu, un prince en vadrouille et en mal d’argent. Pas moi. Pourtant je suis tout ceux-là, encore et encore. » Et il n’a pas menti une fois. On le croit acteur. Il est acteur. Le propre du mensonge réussi, c’est qu’il contient juste assez de véracité pour que la sincérité perce par dessus la vacuité du reste. Une toile brillante pour cacher le trou en dessous. « Ouais, des fois, c’est dur de redescendre. Mais toujours je me retrouve. Parce qu’il y a des gens qui m’attendent. Certains connaissent qu’un masque, de moi. D’autres ont pu m’le retirer et ont voulu me garder. »

Un soupir passe ses lèvres. « Les autres aussi ont leurs masques. Les autres aussi sont brisés. Pas comme toi, gamin, mais de bien d’autres manières. Les détesteras-tu s’ils s’ouvrent à toi entièrement ? S’ils te montrent jusqu’où s’ouvrent leurs blessures, la profondeur de leurs plaies à l’âme ?  Fabien secoue la tête. J’pense pas. Tu tiens à tes amis, collants ou pas. J’pense que tu juges sans savoir au fond de toi, et que de pas savoir tu te mets à penser qu’ils te voudront pas. Que t’aies confiance en de foutus inconnus plus qu’en tes amiEs, ça, ça va les blesser. »

Aucun reproche ne perce dans sa voix, à aucun moment. D’un geste de sa main libre, le quadragénaire indique leurs deux verres au barman : autant qu’ils soient en bon état, pas vrai ? Et heureusement il n’est pas sorti avec des objets compromettants, ce soir. Presque. Leurs verres n’ont pas le temps d’arriver qu’il se confronte à nouveau à la possibilité évitée jusqu’ici. Chanter. De quoi t’as peur, Fabien.
« C’est pas une faiblesse j’suis juste… Pas très musiques actuelles, justifie le brun avant de se lever. Mais si ça t’fait plaisir. »

Quelques mètres jusqu’à la scène, un coup d’oeil en arrière. Suivra, suivra pas ? Une courte discussion s’enchaîne avec les musiciens présents, une encore plus courte négociation qui amène la chanson qui tombe sous le sens.

De quoi as-tu peur, Fabien. De ce que tu ressens au fond de toi, du tourbillon de vide qui te prend quand tu rentres dans cet appartement dont les murs vont te dévorer et dont tu t’enfuis presque chaque soir ? De révéler combien tu dépéris loin de Nemi, loin de ta famille et de ceux que tu sers, manipulé et manipulateur, pantin, acteur, bouclier et protecteur, sacrifice plus que martyr, bouffé de l’intérieur jusqu’à ce que toi-même tu ai l’impression d’être déjà ? Tu ne fais pas sens sans eux, loin d’eux, Fabien. T’as peur que quelqu’un t’entende. Qu’on sache que tu n’es qu’un mec.


’’Have you ever felt like nobody was there?
Have you ever felt forgotten in the middle of nowhere?
Have you ever felt like you could disappear?
Like you could fall and no one would hear?’’


Que tu n’es qu’humain.
Et les humains sont si fragiles.

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Sam 16 Jan - 3:12
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Fabien & Keith
15/01/2021
Ce contact, peau à peau, mon regard cherchant le sien, cherchant à voir parmi tous ces possibles masques, parmi toutes ces possibilités. Est-ce que je verrais le vrai lui sous le masque ? Sans doute pas, ça resterait ainsi. Lui m'aurait vu, et moi, j'aurais croisé qu'une ombre parmi tant d'autres. Mais c'était pas grave... C'était pas grave. J'étais prêt à l'accepter. Sa peau me semblait si froide sous la pulpe de mes doigts. Je sentais sa barbe de quelques jours, sous mes doigts. Mais ça ne dure pas. C'est un contact humain qui ne dure pas... Assez rapide il n'y a pas le temps de s’appesantir dessus. Mais je ne pouvais pas dire que c'était désagréable. Il était rare que ma peau en touche une autre... Et pourtant... Ce soir n'était pas un soir comme les autres. Je l'écoute, je l'écoute avec attention, prêt à recueillir ses émotions comme il avait recueilli les miennes, compatir à ses déboires, juste le découvrir.

"Dis donc... ça doit pas être facile d'avoir tout ce monde dans la caboche... Ton vrai toi te manque pas parfois ? C'est à quel masque que j'ai affaire ce soir ?"
une nouvelle expression emprunte de douceur s'étale sur mon visage alors que je me penche un peu plus vers lui. "Le chanteur désabusé ? Le pilier de bar qui en a trop vu ? Ou alors... Peut être que ce soir, ce n'est pas à un masque que j'ai affaire, ou alors... A une demie vérité ?"

Et il soupir, un genre de soupir qui va avec le portrait du gars qui "en a trop vu" qui en a trop vécu... Qui en a trop perdu. Ce soupir vaut bien plus que tous les aveux. "Coucou, j'suis brisé, j'ai perdu bien des choses... Mais j'suis toujours là malgré tout, mais ça laisse des marques tout ce bordel.". C'est à mon tour de lui offrir un regard compréhensif.

"Je pense... Que t'as raison. Que j'serais en mesure de les accepter tels qu'ils sont. Je... J'connais la colère, mais pas la haine. J'ai des défauts, mais pas celui ci. J'pense que... Je tenterai de panser aux mieux leurs plaies. Voir les siens blessés, c'est dur. mais... Y'a des plaies qui se soignent qu'avec le temps et la patience. Je comprend. J'ferais des efforts. Pour eux."


Mon regard pétille de plaisir alors que je le vois déjà se lever.

"J'vais t'accompagner, ça va aller... Tu verras ce que ça fait. De tout lâcher, et p't'être que tu te redécouvrira au passage ? Qui sait... Peut être que... Les choses seront plus claires. Viens avec moi."


Je lui attrapais le bras, l'entraînant avec moi. L'alcool aidait. L'alcool aidait toujours quand il était question de relations sociales. Et une fois la musique décidée, on grimpe sur cette scène miteuse. Et les gens deviennent à nouveau des ombres, des passagers d'une vie, alors que la lumière tombe sur nos deux silhouettes. Moi aussi... J'étais une de leurs ombres, un p'tit trou du cul qui venait de nul part, et qui disparaîtrait le soir venu. Je laissais ma voix s'élever, se mêler à la sienne.

" Well, let that lonely feeling wash away
'Cause maybe there's a reason to believe you'll be okay
'Cause when you don't feel strong enough to stand
You can reach, reach out your hand"


Je laissais l'émotion m'envahir, une expression presque extatique sur la bouille. Se lâcher, s'exprimer, laisser le vrai Keith prendre les manettes... C'était quelque chose que j'avais pas fais depuis 7 ans. Je cherchais de nouveau le regard de mon partenaire d'une chanson, plongeant mon regard dans le sien, on devait avoir l'air de deux pauvres ivrognes. Mais vu les applaudissements qu'on nous offrait... On devait pas trop s'être foirés. Je posais ma main sur son avant bras, sur sa veste, riant à grands éclats. Reposant le micro où je l'avais trouvé. Ma voix était pleine de chaleur.

"Alors... T'as ressenti quelque chose, tu te sens plus libéré ? ça fait du bien hein ? Tu m'avais pas dis que tu te débrouillais."
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Sam 16 Jan - 16:27
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15/01/21 ft Keith
 Le masque que je porte, c’est toi qui le définit. » Un sourire joueur, de vagues paroles cryptiques pour énoncer ce qui n’est que la vérité. Il se la prend en pleine gueule et comment va-t-il réagir ? Va-t-il l’oblitérer ? Fabien a vu de multiples réactions à tout ça et la plupart n’en ont rien à carrer. Pourquoi auraient-ils à y réagir sérieusement ? Ce n’est qu’une brume, qu’une ombre vide de substance, qu’un inconnu croisé au bar avec qui il entremêle sa vie pour quelques heures qui, de toute manière, ne les changeront pas. C’est pas comme si chaque mot ici avait une importance – pour lui, peut-être.

Ils montent ensemble sur la scène pour « lâcher prise » en laissant leurs verres derrière. Fabien sent à nouveau à travers le tissu de son pull bien assez chaud pour la saison la chaleur irradier des doigts de l’autre qui le serrent. C’est ténu, comme lorsqu’on pose ses mains sur le haut d’un poêle à bois ayant juste commencé à tourner à plein régime et dont la fonte se réchauffe à peine. Mais c’est assez pour qu’une fois encore l’inquisiteur le note. Il est sans doute malade. (Ou alors… )

Raise a glass to freedom, something they will never take away
No matter what they tell you
Raise a glass to all of us…

Tomorrow they’ll be more of us.


C’est bien beau toutes ces conneries, Fabien. Tu regardes la foule et tu la vois à peine, tes yeux éblouis par la lumière cinglante du projecteur braqué sur vous. Tu chantes, tu chantes à t’en écorcher la voix parce que t’as pris un morceau où tu ne gères pas. Ca a un petit côté profond ce que tu leur dis, dommage qu’ils ne sachent pas ce que t’as vraiment en tête là. When you need someone to carry you, you will be found. Et devant tes yeux, tes adelphes dansent : une parade délirante de leurs visages quand tu es parti, les signes de la main des petits et les embrassades des frangins. Tu revois ton Maître le jour où plein de fierté et les yeux emplis d’une dévotion sans faille il vient te chercher pour t’annoncer sa promotion. Tu imagines ton premier apprenti, un gamin qui s’est engagé à dix-sept ans après avoir accidentellement ouvert les yeux.
Tomorrow they’ll be more of us.
T’as juste à espérer.

Descendre de la scène est plus compliqué que d’y monter. La tête lui tourne, à Fabien, alors qu’au fond de ses yeux il y a une étincelle de nostalgie et de manque qui brille. Il est vulnérable. (Vraiment?) Il semble atteint, véritablement atteint, un peu moins évanescent qu’à l’arrivée. N’est qu’un jeu de sa part ? (Qui sait ? ) Le brun hoche la tête doucement et repose le micro, rate l’encoche deux fois avant d’y arriver. « Ca va, répond-t-il, évasif.Je tiens le coup. Et j’ai pris des cours de chant quand j’étais môme. »
Inutile de préciser qu’il était dans la chorale de l’église et qu’il s’en est fait virer pour avoir écrit un remix avant-gardiste uniquement composé de jurons. 13 ans et un immonde petit con pré-adolescent.

Il place sa mains sur l’épaule de son compagnon d’un soir et le guide en bas des marches afin qu’ils libèrent la scène pour une femme qui rampe plus qu’elle ne marche. Ca va donner. « Je m’en voudrais de la priver de son heure de gloire, chuchote Fabien dans son oreille avec un petit rire.Ca va être quelque chose. »

(De quoi ont-ils l’air, de dos ? )

Leurs verres les attendent sagement, remplis sous leurs yeux par le barman qui a retenu leurs têtes d’imbéciles heureux et les attendaient. Sans qu’il ne le dise à haute voix, l’inquisiteur se sent plus détendu. Libéré d’un poids qu’il n’a même pas remarqué jusqu’ici. Etonnant. Attrapant son verre il se fige quelques secondes. Sourit. Sourit vraiment. « Merci pour ça. Tu as raison. Peut-être qu’au final, j’en avais besoin autant que toi. Je sais pas ce que ça t’a fait. Menteur, même emporté dans la sensation, il a pu saisir au vol quelques inflexions qui l’ont fait s’interroger.  Du bout des doigts, il pousse l’autre verre vers lui. Croise son regard. Il va finir par le connaître à force. Je crois qu’on est en passe de devenir les meilleures stars de cet endroit. Demain, on aura créé une légende du karaoké, on sera pareil à des dieux. »
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Dim 17 Jan - 1:47
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Fabien & Keith
15/01/2021

Un sourire malin et joueur étire finalement mes traits à ses mots. Moi qui le définit hein ? Je pouffe un peu, sans doute un des effets de l'alcool, alors que mon doigt se met à glisser en cercle, sur le rebord de mon verre. Je baisse les yeux, avant de finalement revenir croiser son regard, me noyer dedans. De toute façon... J'avais l'impression qu'on faisait que ça depuis que nos chemins s'étaient croisés, se bouffer du regard.

"Moi hein ? Dis donc tu me donnes un pouvoir que je ne pensais pas posséder."

Puis vient le moment... Ce moment où tout bascule. Ou on se laisse aller, où on lâche tout, à nouveau. Y'a d'abord le trac, cette boule dans le ventre, cette impression que les regards vont nous déstabiliser, vont nous faire du mal. C'est une crainte, presque une peur. Et pourtant... On a beau se dire que le regard des autres n'est pas une arme, qu'il n'y a aucune lame qui viendra nous perforer dans le dos, beh c'est quand même l’appréhension qui prend le dessus au début, avant de s'envoler tel un mauvais souvenir pour laisser place à autre chose, une sensation jouissive de laisser sa voix s'exprimer vraiment. Si la communication avec autrui est habituellement dure, si la langue, sans l'aide de l'alcool pour la délier, est lourde comme le plomb, il n'en est pas de même durant ces rares instants. Et peut être que c'est aussi parce que j'suis aussi rond qu'une queue de pelle que je peux me permettre d'agir avec autant de naturel... Peut être que c'est pour cette raison qu'on a pu discuter lui et moi... Et que nos deux ombres se sont croisés cette nuit là. Son nom... J'lui demanderai pas... Et j'pense qu'il en ira de même pour lui. On finit par descendre, bras dessus bras dessous.

"Beh ton professeur t'as bien formé. Moi... J'ai appris avec ma tante, c'est elle qui m'a élevé, elle avait une très jolie voix tu sais... Du genre qu'on oublie pas. Et pourtant j'crois que je commence à l'oublier."

C'était flou dans ma tête, les souvenirs commençaient à perdre de leur netteté, petit à petit, ne restait que certains souvenirs plus traumatisants que d'autres. Un rire clair et franc m'échappe alors qu'il parle de la prochaine. Elle se démène pour grimper les marches, et déjà c'est un miracle. Je finis par rire un peu plus discrètement, m'appuyant sur lui pour pas me casser la gueule, encore plein de cette étrange ivresse. La joie et le plaisir se mêlaient, alors que mon regard pétillais doucement.

"Je suis pas sûr de vouloir entendre ça ! Mais en même temps j'suis fasciné !"

Alors qu'on retourne au bar, l'homme laisse échapper un sourire. Et cette expression est pleine d'une franchise qu'il n'y avait pas jusqu'alors. Ce sourire là, il monte jusqu'à ses yeux. Il est canon comme ça... Enfin il l'était déjà avant, mais y'a quelque chose en plus. Mon verre, j'me dis un moment qu'il est magique, il se remplit automatiquement ou comment ça se passe ? Je laisse l'alcool me réchauffer, la bouche, puis l'intérieur, ça donne l'impression d'avoir chaud. Alors que c'est faux, alors que le froid ne disparaît jamais vraiment. Il est glaçant, tellement glaçant. Toujours là. Je me penche vers lui, j'pouvais sentir son souffle contre ma peau.

"ça m'a fais du bien, j'me sens capable de dominer l'monde presque. Et..."
Je tend l'oreille, tournant la tête, finissant par poser ma main sur la sienne, soufflant dans un murmure. "De toute façon y'a pas trop de mal vu le niveau de base. Mais... C'était vraiment agréable. ça faisait... ça faisait longtemps que j'avais pas fais de duo."

La dernière fois c'était avec ma tante, mais elle était plus là, et j'avais pas eu le coeur de reprendre. Ma main remonte doucement, venant se poser maladroitement à nouveau sur sa joue, traçant finalement du bout du doigt un chemin le long de sa mâchoire.

"J'aime bien le masque que je vois là... J'pense que j'verrais pas le vrai-toi ce soir. Mais le peu que j'peux voir... Je l'aime bien." J'me fais pensif un instant. "Toi aussi... T'as perdu quelque chose. T'as perdu quelqu'un." On se reconnait entre nous faut croire. Le choix de cette chanson avait révélé une de ces fêlures qui faisait écho à la mienne.

"T'sais, t'as un joli sourire."

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Dim 17 Jan - 18:10
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15/01/21 ft Keith
Peut-être bien qu’il a raison, ce gars. Cet inconnu qui le suit, qui accepte sa présence ce soir sans se rebiffer – il aurait pu l’envoyer bouler encore et encore, et encore et encore il continue de se rapprocher ; Encore et encore il continue de lui imposer cette étrange chaleur qui émane de son corps et à laquelle Fabien voudrait s’habituer. (Mais s’il s’habitue, il risque de ne plus la remarquer et d’oublier le danger dansant à l’arrière de son crâne, l’impression que ce n’est pas normal. Il ne doit pas. Il ne faut pas. )
Peut-être bien qu’il a raison. Que ça révèle en soi plus qu’on ne voudrait, de chanter ainsi, que ça fatigue plus que de raison : il sent la fêlure de son âme la plus profonde – celle qui court comme un canyon depuis que Julian l’a quitté involontairement, fauché par une saleté – qui s’est rouverte, juste un peu. (Son visage danse devant ses yeux, fantôme éthéré, impression sur sa pupille lorsqu’il bat des paupières)
Peut-être bien qu’il a raison, son inconnu brûlant. Peut-être que ça fait du bien, de s’ouvrir au monde comme ça. Mais les Sept Plaies ont le temps de s’abattre à nouveau sur le monde avant que Fabien ne l’admette. Il n’aime pas revenir sur ce qu’il a dit.

« Dominer le monde presque ? Mais ne t’arrête pas en si bon chemin, vas-y, domine. » s’amuse le britannique en le soutenant pour qu’il ne se bouffe pas les tables et les chaises éparpillées qui se vident doucement, se remplissent dans un ballet étrange et incompréhensible. Il a l’impression de porter son ami avec lui, d’être dans une autre soirée tout aussi chill comme disent les jeunes. Il a l’impression de connaître l’homme qui le quitte pour son tabouret alors que lui-même s’assoit avec une dignité toute alcoolisée depuis des années.
La preuve que même bourré, ou du moins bien intoxiqué sans être pour autant une loque, il sait encore faire travailler ses capacités. On n’en attendrait pas moins de l’un des maîtres de l’Inquisition.

« C’était super agréable, oui. » répond-il en replaçant ses doigts autour de son verre – de peur qu’il ne s’enfuie ? – « Je suis pas du genre à venir chanter d’habitude. J’aime bien les regarder faire, par contre. Qui sait. Je suis peut-être un agent en recherche de la prochaine grande star, tu sais, et j’écume les soirées karaoké. » Il n’en a pas l’air, bien sûr, mais Fabien pourrait être n’importe quoi en ce moment précis. Pilote, danseur, musicien, acteur, professeur, membre des franc-maçons, reptilien, même une foutue Abomination. Encore que, pour cette dernière, il se tirerait une balle. Il pourrait être n’importe qui, n’importe quoi. Son existence n’a aucune limite, sinon la décence et les barrières qu’il se pose.

Le quadragénaire réagit à peine quand la main brûlante de son acolyte d’un soir retrouve le chemin de sa peau. Il s’habitue à la différence de température, à la trace chaude que laissent ses doigts le long de son épiderme. Il en frissonne légèrement – un tremblement presque imperceptible. (Brièvement ses yeux glissent sur lui, il se demande si tout son corps brûle, si tout son être est aussi une flamme contenue dans une enveloppe charnelle. ) « Qu’est-ce qui te dit que je porte un masque, ce soir ? » La question est posée avec douceur. Fabien s’est penché vers lui, donnant des airs de véritable confidence intime à leur conversation.
« C’est pas là le plus beau de ce soir ? D’aimer ce qu’on ne reverra jamais, un coup de foudre éphémère. Pour la soirée, tu vois ce qui t’attires et ça suffit. »

Sa lèvre disparaît brièvement sous ses dents alors qu’il la mord quelques secondes. « Ouais. » Ce n’est pas une personne qu’il a perdue. Ce sont dix, vingt, bien trop. Disparues dans les flots, déchiquetées par des monstres qui rampent dans l’ombre, cramées par les flammes de bêtes innommables et leurs cendres éparpillées aux quatre vents, à jamais oubliées. Il en a perdu trop pour qu’il puisse toutes les compter. Ce n’est pas le moment de gâcher la soirée. Sa lèvre est libérée, son sourire revient – autant pour appuyer le dire de l’homme en face de lui que pour effacer de son visage tout mauvais souvenir. « J’ai un joli sourire ? » il rit – franc. Amusé comme un enfant.

Une de ses mains glisse à son tour vers lui, son visage. Son pouce sur sa joue brûlante caresse la commissure de ses lèvres, ses doigts doucement posés contre sa peau. (Ils doivent avoir l’air cons. Qu’est-ce qu’il s’en branle. ) « T’as souri, tout à l’heure. T’as souri et j’me souviens avoir pensé que putain t’es beau. » Le juron lui échappe comme son regard vers le ciel mais il ne s’excusera pas. « T’as ce genre de présence qui illumine la pièce quand tu souris. Tu t’éclaires. Vraiment.  »

Ils sont si proches. L’air entre eux est chargé de mots et de secrets, de leurs voix qui se mêlent dans le tumulte du bar – et personne ne les regarde, et personne ne fait attention à eux, et personne n’a la moindre idée de ce que font les deux hommes plantés là, vers le bar. Ils sont si proches et leurs sourires se répondraient s’ils se souriaient. Fabien n’a pas la moindre idée du moment à partir duquel leur conversation a dérapé dans ce sens-là. Il n’a pas non plus le souvenir de la dernière fois où il s’est laissé piéger comme ça. Ou son coeur lui a fait ce même genre de misères.

(Il voudrait se pencher sur lui. Poser ses lèvres sur les siennes, sentir son sourire, sa chaleur, inonder son corps. )

« J’ai l’impression de ressembler à un vieux pervers, comme ça, d’un coup. » lâche Fabien  en détournant le regard et la tête pour étouffer un éclat de rire contre la main de son compagnon de la soirée – involontairement, bien entendu. « Je suis désolé. »
Keith Wittgenstein
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Mar 19 Jan - 14:14
What happens in karaoke stays at karaoke
Fabien & Keith
15/01/2021


Un sourire un brin carnassier étire un instant mes traits... "Dominer le monde". C'est une étrange image. C'était... Imposer ma personne, faire ce que je n'avais jamais osé jusqu'à présent. Parce que j'étais celui qui avait mauvaise presse. Si je m'y risquais... C'était foutu. Après ma prise de poste dans la phalange des loups, il y avait eu des rumeurs. Les gens étaient prêts à parier que je doublerai mon oncle pour prendre sa place. Après tout... N'était-ce pas ce que le dieu Seth avait fait avec son frère qui régnait alors sur l'Egypte ? En même temps... Quant tu ne récoltais que le trône du désert... Je n'étais pas sûre que tu sois en position de hocher la tête et de dire merci. Un petit rire m'échappe, alors que je secoue la tête.

"C'est ce qu'on attend de moi... Que je domine. J'aime pas faire ce qu'on attend de moi. C'est trop prévisible."


La colère brilla un instant dans mes prunelles. Tiens... ça fait longtemps qu'elle s'était pas ramené dans l'équation celle là. Dans le tourbillon émotionnel qu'avait déclenché cette soirée, elle était allée se faire foutre un temps, et déjà elle revenait. Mais... La vague léchait à peine ma p'tite personne qu'elle se retirait déjà.  Plus tard. La soirée n'était pas à la colère. Pas à cette rage. Je le regarde, par dessus mon verre, haussant un sourcil et agitant doucement mon verre dans sa direction, je finissais par en boire une gorgé. Ou tout le verre ? Tout s'embrouillait un peu dans ma tête. Je sentais mon téléphone qui ne faisait que de vibrer dans ma poche, des frissons loin d'être désagréable se glissaient dans ma colonne.

"Si c'est le cas... Il faudrait que je te laisse mon numéro tu crois ? Tu dois en entendre de belles si tu te tapes tous les soirs ces merveilleuses soirées. En tout cas... J'ai beaucoup aimé chanter avec toi"

Un doux sourire vient étirer mes lèvres alors que mon regard se fige dans le sien un instant. Oui... C'était bien. Je finis par hausser les épaules, avant de glisser dans un murmure.

"Je vois de l'authenticité. Du moins j'ai l'impression d'en voir, mais je serais jamais sûr de ce que j'avance... Mais... Oui. Tu as raison."


Il finit par glisser à demi mot que lui aussi il a perdu quelqu'un. C'est un aveux qui ne le rend que plus proche de moi. Le deuil... Le deuil est le même pour tout le monde. Il y a les 7 étapes. Peu importe comment on est, on le vit tous de la même manière. Un vide aliénant, des souvenirs qui ne nous laissent jamais. Et pourtant... Pourtant les souvenirs se faisaient plus flous. On avait beau aimer l'autre de tout notre coeur. L'aimer avec les sentiments les plus purs du monde, ça ne l'empêchera pas de partir vers d'autres horizons. Quand ? On sait jamais. ça nous tombe dessus sans crier gare. Echo... Echo. La souffrance dans son regard, je l'avais vue bien des fois. Mais je ne fais aucun commentaire. Non... ça n'aurait servit à rien. Je me contente de pencher la tête, et d'attraper la perche qu'il me tend pour sortir de ce terrain boueux.

"Oui. J'aime beaucoup. Il fait briller tes yeux parfois, et j'crois que... J'me lasse pas de ce spectacle."

Un rire aviné m'échappe, alors que les mots se mélangent dans ma tête. J'aurais aimé qu'on me regarde toujours comme ça, qu'on m'offre toujours ce genre de sourire. Cet intérêt. Parce que... C'était ce qu'il me montrait. Il s'intéressait à moi, à ce qu'il percevait de moi là où bien peu de gens ne faisaient cet effort. Parce que, après tout... J'étais qui ? A part ce gamin sans manière et sauvage que le Loup avait prit sous son aile ? J'étais qui à part le mec immature, le capitaine qui "n'avait sa place que parce qu'il était fils du conseiller" ? J'étais personne. Et on voulait pas se souvenir de moi. Je sens sa main, fraîche, se poser sur ma joue, et un sourire jovial, un brin enfantin vient adoucir mes traits alors que mon regard vient chercher le sien, à la recherche de cette étincelle intéressée, ce regard qui semble dire "je te vois.". Mon coeur loupe un battement alors qu'il parle, mes joues rosissant déjà d'un plaisir certain, alors que mon regard se baisse, revenant timidement se plonger dans le sien, un sourire timide, mais rayonnant s'étirant sur mes traits, faisant briller mes prunelles, sa main sur mon visage... Ce contact... Il était agréable... Putain c'était bon. J'entrouvrais la bouche pour répondre... Mais ne trouvant pas de choses intelligente à dire, je fermais mon clapet. J'avais pas la verve poétique, je peinais déjà à communiquer avec mes semblables, alors... Je me contentais de lui offrir le sourire le plus chaleureux et doux que j'ai en stock. Se perdre dans un bar... Puis se laisser rassurer par un inconnu, ça c'était nouveau. Mais n'était-ce pas parce que c'était un inconnu qu'il en était attirant ? Il avait pas d'idées déjà conçues. Il finit par se détourner, s'excuser, et une pointe de peine vient se nicher dans mon coeur alors que deux doigts viennent se poser sur sa joue pour tourner à nouveau son visage vers moi.

"Un "vieux pervers"... Tu t'entends ? C'est des conneries, j'suis pas un gamin tu sais... T'excuses pas. Au contraire... Je... J'veux pas que tu regrettes, parce que moi, c'est pas ce que je ressens, à aucun moment. Je... On se ressemble. Et... J'aime c'que je vois en toi. J'sais pas... J'sais pas si tu joues ou pas. Et j'm'en fous complètement. "


J'me tais. Rompant finalement la distance entre nous deux, faisant le premier pas avec une pointe d'angoisse. Peut être qu'il allait me dégager, peut être que j'allais me prendre une tarte. Mais au moins je vivrais pas dans le regret et l'incertitude de ce qui aurait pu se passer. Dans un univers parallèle, peut être que j'l'avais envoyé chier, et que je serais là à rester broyer du noir, à laisser la brume de l'alcool m'enfermer dans cette tristesse qui me quittais rarement. Alors je pressais mes lèvres brûlantes, avides, contre les siennes. Mes doigts venant timidement monter le long de son bras, pour se glisser sur sa nuque, le libérant pour finalement ancrer mon regard dans le sien, passant la langue sur mes lèvres. Ne rien regretter. Vivre dans le regret, c'était pas pire que la mort dans un certain sens ? J'assumais toujours mes actes, j'avais pas le choix de toute façon.


Magneion
Fabien Thomas
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Mar 19 Jan - 21:58
What happens in karaoke stays at karaoke
15/01/21 ft Keith
Son numéro. L’idée n’est pas stupide, après tout. Dans l’esprit un peu embrumé par les verres passés de Fabien, c’est même loin d’être déconnant. Un numéro reste une information plus que précieuse, presque une mine d’or, totalement suffisante en tout cas pour lui permettre de remonter jusqu’à lui, plus tard. Pour le revoir, prendre de ses nouvelles, le suivre s’il disparaît de la circulation à cause d’une abomination car on ne sait jamais, tout peut arriver. Un numéro pour un maître inquisiteur et il vous retrouve n’importe où sur le globe, pour peu que vous lui laissiez les chiffres. Il vous balance à la figure votre historique et vous démonte petit à petit, pièce par pièce comme on démonterait un objet pour en voir tous les mécanismes avant de les briser à leur tour. Un inquisiteur avec des informations personnelles, pour peu que celui-ci soit un tant soit peu hacker et sache où chercher, c’est poser une flèche rouge et lumineuse sur la tête de quelqu’un. Mais le voudrait-il, ça ? Voudrait-il vraiment se lancer dans ce genre de choses pour un inconnu un peu trop brûlant rencontré au détour d’un bar ?
Oui. Définitivement. (Peut-être que l’alcool parle pour lui, tout de suite. ) « Faudra qu’on chante encore ensemble à l’occasion alors. Tu peux définitivement me laisser ton numéro. Mais sans ton nom. Je suis très clair là-dessus. Ton nom, ça gâcherait la soirée, non ? » On a vu plus fin comme foutue remarque. Avec un toussotement il rajoute, à peu près certain qu’il ne voudrait pas que la soirée tourne court à cause d’une manière infortunée de tourner ses phrases – surtout qu’il lui plaît, le brun aux cheveux un peu en bataille. Il a quelque chose de différent. Bon différent. Pas la différence qu’il combat tous les jours et qu’il poursuit dans ses rêves. « Pas que le tien soit pas beau. J’veux dire… On est mieux sans noms. Toi comme moi. »

Il rit. Il sourit. Il s’illumine d’une forme de bonheur alcoolisé, la joie pure et altérée par la fragilité humaine face à l’alcool trop fort : il regrettera ses mots, le quadragénaire pourrait le parier. Il n’a encore rien vu de lui. Juste un sourire, de la poudre aux yeux, un masque ou deux parce que jamais Fabien ne laisse tomber ce qu’il se colle sur la figure. Il n’en est plus capable aux abords des inconnus – aussi séduisants soient-ils. Il est une ombre, il lui a offert le portrait  qu’il a voulu lui offrir, celui qu’il est entre deux masques, l’homme qu’il laisse souvent les gens saisir. Il a laissé ses doigts effleurer la surface de sa carapace. Rien de plus. (Il voudrait que ça ne soit rien de plus. )
Et il rougit. Ses yeux n’en paraissent que plus sombres – Fabien s’y abîme quelques secondes, s’y perd, glisse trop profondément pour en ressortir. La couleur sur ses joues dans la lumière tamisée de l’endroit donne l’impression d’un bronzage inégal, une fine pellicule de cuivre qui recouvre sa peau. Un spectacle privé, réservé au regard du plus âgé. Son visage souriant et angélique qui reste imprimé sur la rétine même quand il se marre contre sa paume et brise pour quelques instants la tension entre eux.

Bien sûr que si, c’est un vieux pervers. Peut-être n’ont-ils pas tant de différence entre eux, mais il a l’impression d’avoir sur les épaules une chape de plomb qui le leste, le poids des épreuves traversées et des années qu’il a survécues tant bien que mal. J’ai vécu. Plus que lui, sans doute. Et rien que ça, entre eux, ça crée un gouffre qu’il ne pourra jamais combler.

Ils peuvent essayer.
Fabien n’a pas le temps de songer à une réponse que leurs lèvres se rejoignent. Les yeux glacier, bleu glacé, ciel gelé, s’écarquillent de surprise pour quelques minuscules secondes. Une, deux, avant qu’il ne succombe. L’appel de la chair, le besoin naturel de sa présence. Ce quelque chose en lui qui l’attire. (La brûlure de sa bouche sur la sienne, une douleur qu’il fait sienne.) Il le retient alors, ses doigts crispés sur lui et ses lèvres cherchant encore les siennes.Et la chaleur qui s’insinue avant de le quitter brutalement. Reste. Il le retient alors, ses doigts crispés sur lui et ses lèvres cherchant encore les siennes pour lui rendre la pareille et s’empêcher de le perdre. Un autre baiser, plus fiévreux, plus intéressé, qui déraperait sans doute s’il n’était pas contrôlé.
Et quand enfin ils se séparent : l’impression d’être là, comme un con, sa main sur sa joue qu’a glissé sur son épaule et se raccroche à son pull sans savoir où se mettre, la bouche entrouverte comme une gamine en manque de souffle et le coeur qui bat trop vite pour être parfaitement normal. L’air  peut-être un peu sonné aussi, qui rapidement se voile pour ne plus afficher qu’un autre masque.
Peut-être est-ce son véritable visage, alors.
« T’as donc quelque chose pour les vieux pervers émotionnellement cassés, on dirait. » C’est la chose la plus naturelle qui semble vouloir sortir d’entre ses lèvres pour l’heure. Il sourit, à l’aise, déjà en manque, sa bouche le brûle, ses lèvres ont froid. La main de l’inquisiteur serre son épaule légèrement, son pouce s’aventure à tracer nonchalamment des symboles délicats contre sa peau – glace contre le brasier de son corps il en est sûr. Encore. Une impulsion qui pourrait le jeter sur lui s’il ne savait pas la contrer. Plus tard, s’il accepte. Se contenir du mieux qu’il le peut. « Tu t’attendais à ça en venant ce soir ? Ravir quelqu’un avec ta voix comme une sirène ? » La plaisanterie apporte un sourire moqueur sur ses lèvres, mais ses yeux sont sérieux. « Pas que je me plaigne. Tu me verras difficilement m’en plaindre. »

Oubliés, les verres sur le comptoir qui sont, de toute manière, vides. Ils n’ont plus qu’une belle gueule de prétexte. Fabien rattrape doucement les informations qui planent autour d’eux et relâche sa prise sur l’épaule de son inconnu. (Il a si froid quand il ne le touche pas. Et pourtant il a peur que s’il jette un coup d’oeil à ses doigts il les découvre brûlés. ) Son regard glisse sur sa montre avant qu’il ne fasse la moue. « Ca te dirait que les deux talents de la soirée aillent porter leur talent ailleurs ? Sur la scène les gens ont commencé le stade du chant uniquement en yaourt. Je t’offre un peu de tranquillité auditive et… Avec un sourire innocent, il se penche vers lui. Sans vouloir offenser le barman qui nous observe depuis qu’on est revenus, j’ai de la bien meilleure qualité chez moi que ce qu’il fiche dans nos verres. Si jamais ça t’intéresse. »
Tout tient à la proposition voilée. Avec le recul, il fait signe au gars qui, définitivement, n’arrêtait pas de leur glisser des coups d’oeil presque malsain. Même en bon état, Fabien n’est pas aveugle. Il lui fait rapidement comprendre que, quelle que soit l’issue de sa proposition, il paiera la note pour eux deux. (Sa petite rébellion adolescente, qu’il a faite perdurer dans sa vie adulte : faire payer les consommations de ses coups d’un soir – ou de ses amantEs régulierEs – à l’Inquisition. C’est toujours délicieux de se dire que les quelques coincés de la compta payent pour qu’il puisse profiter de boissons et s’envoyer en l’air. ) « Et j’habite pas si loin que ça. Si t’es pas pressé par le temps, je veux dire... »
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Mer 20 Jan - 12:58
What happens in karaoke stays at karaoke
Fabien & Keith
15/01/2021
Parfois on est tellement aviné qu'on en vient à sortir des conneries. Laisser mon numéro à un inconnu ? Mauvaise idée... Tellement mauvaise. Et pourtant... Pourtant je crevais d'envie de me sentir aussi unique, aussi spécial chaque jour. Je me serais bien laissé tenté, juste une fois, à la normalité. Ce quotidien charmant sans rien qui ne sortait de l'ordinaire. Mais ce serait tourner le dos à mes responsabilités, à cette protection que je m'efforçais d'offrir à tous ces ingénus. Mais parfois ça pesait. Parfois c'était lourd. Trop lourd. Alors pitié, pitié laissez moi me délester de ce poids, de ces carcans pour cette nuit... Cette unique nuit. Je voulais me mouvoir dans les ombres avec cet inconnu, je voulais goûter du bout des lèvres à cette vie que je n'aurais jamais. A ce nectar qui me serait inconnu. Je voulais m'enfoncer dans la passion, et plus encore. Vivre en bon épicurien, goûter chaque chaire sans aucune droiture ni piété, me plonger dans le chaos que mon dieu semait sur son sillage. J'hochais doucement la tête, mon regard se perdant dans le sien.

"On sera deux inconnus cette nuit. J'aime l'idée... Y'a des choses qui sont faites pour rester cachées. J'accepte, monsieur l'inconnu. Je voudrais pas te débarrasser de l'obscurité et de la fumée dans laquelle tu sembles aimer te draper."

Les jeux de fumée et de miroirs. Voilà les plus grands artifices des magiciens. La poudre aux yeux, pouvoir magnifier la réalité et nous faire douter... De tout... De tout le monde, nous émerveiller avec juste un brin de fumée et quelques tours adroits de passe passe. C'était peut être un peu ce qu'il faisait. Ou pas. Il était impossible d'en avoir la certitude, de SAVOIR et... n'était-ce pas ça qui était magique dans le fond ? De vivre avec cet indicible doute, ce soupçon d'incertitude... Et bien vite... Toutes les interrogations que j'aurais pu avoir sont balayés au loin. Le goût d'alcool sur ses lèvres, son parfum, la pression de ses lèvres contres les miennes, sa main que je sens sur moi, c'est tout un tourbillon qui donne naissance à des sentiments des plus contradictoires en moi. Encore, mais par où fuir ? Encore, mais si c'était justement que de la poudre aux yeux ? Je suis incapable d'aligner deux pensées cohérentes alors que mon coeur s'enfle d'une envie, d'un désir dévorant. Regardes moi, embrasses moi, fais en sorte que j'me sentes particulier, unique, juste le temps d'un battement de cil... Ou alors juste une soirée, peu importe. Dis moi que j'existe, loin de cette image qu'on a de moi, de celle du gamin du chaos. Dis moi que quelque part au fond de moi il y a autre chose que ce bordel, ce besoin de briser tout ce que j'ai entre les doigts. Et laisse moi ensuite fuir, retrouver l'anonymat de la nuit. Tu crois que j'me laisse avoir aussi facilement les autres fois ? Avec les autres ? C'est peut être vrai... Peut êtres est-ce que c'est ce que je cherche. D'exister en dehors de mon île. D'exister en dehors. Quelque part, d'être quelqu'un d'autre. Les baisers se multiplient, se faisant plus fiévreux, et je me sens plus hardi, plus dégourdis. Et je finis par me séparer, prenant une goulée d'air. Reprendre doucement pied. Mon regard s'emplit de défi, d'une certaine fierté dont je me drape. Armure légère, qui ne m'empêchera pas d'être blessé si on me balance un bon gros "next".   Mais rapidement la tension disparaît, et un rire sincère passe le barrage de mes lèvres et s'élève dans un son plein d'allégresse.

"J'crois bien oui... J'vois des choses que peut être, le vieux pervers lui même, ne voit pas."

Je pose mon regard sombre, emplit d'un tourbillon d'émotion, le regard brillant d'envie. J'entrouvre la bouche, avant de la fermer, fronçant un instant les sourcils.

"Non. Les gens s'approchent pas trop de moi en général, ils doivent se dire que je mord. J'm'y attendais pas... Mais je vais pas non plus m'en plaindre."


Je voulais m'oublier, m'abîmer dans ces sentiments contradictoires, faire mienne cette envie. Il finit par me faire une offre. Beaucoup de gens auraient étés sur leur garde. Moi... J'étais comme ce papillon de nuit hypnotisé par la lumière, hypnotisé par ce joli regard clair, par cette attention qu'on me donnait. J'en voulais plus, toujours plus, me rouler dedans, m'en gonfler... Je me redressais, tendant les doigts, incertain, avant d'attraper sa main et de nouer mes doigts brûlants aux siens, entrelacer ma main à la sienne. Il pouvait m'emmener où il voulait. Jusqu'au bout du monde si il le voulait... Juste une nuit... Je voulais me débarrasser de ce qui me pesais. Juste une nuit goûter à la normalité, à l'excitation de rentrer avec un inconnu. Le point de non retour, il était là, il n'avait jamais été ailleurs. Une fois arrivé à ce stade, impossible de s'échapper. Et il y avait une certaine excitation à faire ces choses que le commun ne faisait pas. Ces conduites à risques, ces incertitudes, elles étaient aussi effrayantes qu'addictives.

"J'ai le temps... J'ai rien d'autre à faire de toute façon. Puis bon... Un endroit un peu plus intime ce serait pas de refus."


Je tirais doucement sur sa main pour le remettre sur ses jambes, le menant jusqu'à dehors, non sans avoir enfilé ma veste que j'avais laissé au vestiaire. Il me fallait au moins ça, et encore... Malgré tout ça, je tremblais encore. L'hiver pouvait m'être fatal. Ma main lâchait pas la sienne, et ses doigts se réchauffaient progressivement au contact des miens.

"J'espère qu'il y a aucun(e) Monsieur ou Madame X qui t'attends chez toi. J'ai... Pas l'habitude de ce genre de choses, va pas t'imaginer que je suis un gars facile ou quoi."


... C'était totalement l'image que ça donnait. Et dans le fond.... Est-ce que ça me dérangeais ? Étrangement... Non... Dans un sens, j'en avais rien à foutre. On me mettait déjà tellement d'autres trucs sur le dos. Et puis... Si je l'étais, qu'est-ce que ça changeait ? Je sortais mon téléphone de ma poche, pour regarder l'écran. J'y vis d'abord l'heure. Il n'était pas si tard, et mon passage au bar n'avait pas duré cent-sept ans. Quant au reste.... Douze appels en absence et une dizaine de messages. Je textotais rapidement pour Charlie. J'crois que ce que je lui avais envoyé était pas compréhensible... Mes doigts glissaient sur la surface tactile sans que ça ait vraiment de sens. "Un signe de vie.", un simple signe pour apaiser Charlie. Pour lui permettre de dormir, parce que elle le méritait. Elle me supportait chaque jours, elle méritait de temps en temps une bonne nuit de repos. J'lui envoyais un autre message, un simple "Dors" dans ma tête c'était un "dors bien, repose toi ma grande". ça devait avoir une autre gueule, mais... Hey. J'étais pas en état de réfléchir posément. Et j'étais occupé. Je suivais Monsieur X dans la nuit, seule la lumière artificielle nous éclairait et donnait au moindre coin de rue un air inquiétant. Ma main se pressa un peu plus contre la sienne alors que j'me rapprochais de lui. Quand on savait que les monstres se tapissaient dans la nuit, on était plus aussi insouciant. Et pourtant... N'était-ce pas ce que j'avais passé ma soirée à faire ?

 
Magneion
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Mer 20 Jan - 18:42
What happens in karaoke stays at karaoke
15/01/21 ft Keith
« Va pour chez moi. Tu me raconteras, alors, ce que tu penses voir derrière la fumée et les miroirs dont joue selon toi cette personne d’un certain âge qui s’est… Il cherche ses mots pour ne pas trop en rire. Enhardie. Peine perdue, on entend les trémolos d’une envie de se marrer réfrénée – comme un hoquet entre les mots qui le force à faire des pauses pour ne pas exploser. A venir draguer un jeune homme au sourire et à la voix magnifique qui aurait pu définitivement chanter…. Shakira ? » Il se marre en se mettant sur ses pieds.

Il n’est pas compliqué pour Fabien de remarquer les regards du barman. A la fois curieux et intéressés par la conversation menée à mi-voix et par la manière qu’a le brun de faire remplir à chaque fois le verre de son partenaire de la soirée, il a rapidement viré sur l’air réprobateur et vaguement gêné de quelqu’un qui ne sait pas comment réagir à une présence incommodante. La présence incommodante étant, dans le cas actuel, la leur. Leurs mains qui se lient, leurs corps qui se rapprochent et leur foutu baiser qui a sûrement amené la bile au fond de la gorge d’un mec juste venu ici pour ramasser un bon pourboire pour une soirée de beuverie. Ca ne les vaut pas, de voir deux mecs s’embrasser sous ses yeux. Alcoolisé mais pas aveugle. A partir du moment où son inconnu accepte de le suivre et qu’ils se lèvent, Fabien sourit. Mais au mec qui lui tend le terminal de paiement : sourire joueur et un peu ironique sur les bords, suffisant, son regard se voile et se charge d’orage pour bien rappeler qu’il n’est en aucun cas apte à les juger, eux, de simples passants dans sa vie à qui il n’a qu’à peine adressé la parole. La carte règle le montant et le pourboire. « Doucement sur les regards envieux, je voudrais pas qu’on pense que vous voudriez nous rejoindre, lui glisse-t-il à peine discrètement. Passez une bonne soirée vous aussi. »
Peut-être qu’il se trompe, qu’il a mal vu, mal lu les indices jusqu’ici – ses pistes sont un peu troubles à cause de ce qu’il a ingurgité jusqu’ici, il faut l’avouer. Accompagné de son compagnon de la soirée, il passe la porte dans l’autre sens et affronte la bise glaciale ayant décidé de se lever ce jour. Une bonne chose que ses doigts soient refermés autour de la main brûlante de celui qui l’accompagne. (Et en d’autres occasions il l’aurait attiré ailleurs que chez lui, il se serait méfié, il aurait posé plus de questions. Mais il n’est pas un combattant, il n’est qu’un pro des renseignements qui aspire, pour la soirée, à juste un peu d’une putain de normalité. Il suffirait pour ça qu’il retire son masque. )

« J’en aurais pas cru autrement de toi. Je doute que ça soit ton trip, les personnes mariées, lâche l’inquisiteur. Non, personne qui m’attend. Sauf un chaton. Je suis pas sûr que ça compte dans ta liste. » Un éclat de rire qui s’envole dans la brise. Il se tait alors qu’il lui laisse le temps de lancer quelques messages qu’il a la courtoisie de ne pas espionner. Il ne lâche pas  sa main une fois cela fait, tout en le guidant dans la rue. Il s’assure de marcher assez lentement pour ne pas le perdre et pour ne pas non plus arrêter de lui prêter attention autant qu’au chemin. Penser est plus lent, dans cet état. Vraiment, ils ne sont pas loin. L’attente aurait été bien trop insupportable et le chemin un calvaire s’il avait vécu bien plus loin. « Je dois m’inquiéter que quelqu’un te traque jusqu’à mon appartement et m’engueule, de ton côté ? » Pas d’alliance, en tout cas. Donc pas de mariage dont il est fier de parler. Elle peut très bien être au fond de sa poche – mais il n’a pas le souvenir d’avoir vu une différence de couleur sur sa peau, au niveau du doigts. Il espère au fond de lui que non. Qu’il n’est qu’à lui, juste ce soir. Demain Fabien le rendra volontiers à la masse informe des inconnus. Ce soir, il donne forme à celui qu’il ne connaît pas, met des besoins et de sentiments en étiquette sur un corps sans nom, à défaut de pouvoir l’identifier autrement.

Sept minutes, dix grand maximum, se sont écoulées avant qu’ils n’arrivent au bas de la porte de son logement. « Hep, c’là. » Il le retient par la main le temps de sortir ses clés. Sa peau semble le brûler mais pour rien au monde il ne voudrait le lâcher. Les clés glissent dans la serrure de la porte du hall, il l’attire à l’intérieur.
S’il lâche ses doigts enfin, ce n’est que pour poser un index brûlant sur les lèvres de l’inconnu tandis que la lourde porte se referme. « On va monter en silence, murmure-t-il, sinon je suis certain que mes voisins vont trouver à y redire. » Ses voisins ou ses adelphes – ils ne vivent jamais loin l’un de l’autre, et le bâtiment abrite plus de personnes de l’Inquisition que Fabien ne cherche à le savoir. « Ok ? Discret. » Son doigt dérive de sa bouche à son menton et se recourbe pour le caresser doucement.
Bien entendu, c’est à ce moment que la porte d’entrée claque en se refermant avec violence.

Fabien lève les yeux au ciel et le tire dans la cage d’escalier, entame la montée vers le troisième étage. C’est plus compliqué qu’il n’y paraît quand on est dans un état certain. Lorsqu’il arrive devant son appartement il joue à nouveau des clés avant de pousser la porte de bois et de se pencher pour allumer. « Viens. » Et d’un mouvement délicat il l’attire à l’intérieur dans une pièce d’une taille plutôt modeste. Manque de se prendre la grande table dans le dos, la bouscule dans un bruit sourd. « Merde putain. » jure-t-il, l’ambiance  presque irréelle complètement explosée.
Un silence. La porte se referme sur eux. « T’es vraiment là. » Irréel de se dire qu’il l’a suivi. (Et il a froid)

Fabien jette un coup d’oeil alentour, sa cheminée éteinte. Il ne fait pas trop chaud par défaut dans son appartement. Ca lui fera du bien. « Si tu me donnes quelques minutes pour éviter qu’on meurt de froid, je vais l’allumer... » Le brun désigne la cheminée. Il voudrait rester près de lui, le toucher, encore l’embrasser, ici, là, plus bas, donner libre cours aux pensées qui se bousculent dans son esprit. « Fais comme chez toi., je t’en prie. Erhm… Cuisine derrière toi, salle de bains à côté. Si jamais t’as besoin. Alcool… Dans la cuisine. Il ajoute en souriant avant de se détourner. J’en ai pour une minute. Je reste là. » Et il se dégage à regret après l'avoir gratifié d'un baiser fantôme sur la joue, attrape un paquet d’allumettes et s’accroupit face à la cheminée pour la faire repartir. L’attente au creux de son ventre, au fond de sa gorge, le tue.
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Sam 23 Jan - 13:22
What happens in karaoke stays at karaoke
Fabien & Keith
15/01/2021

Un nouvel éclat de rire qui s'élance et se perd dans le brouhaha ambiant, alors que ma main se pose doucement sur son bras, caressant cette peau que je sens sous le tissu.

"Hey ! A t'écouter on dirait que t'as 107 ans... T'es pas non plus un dinosaure ! Ou alors le fossile est plus que bien conservé."
Je glisse le dos de mes doigts contre sa joue un instant. "Si j'avais chanté du Shakira en trémoussant mon cul tu serais venu ? L'échange aurait p't'être pas été tout à fait le même, mais... Je peux faire ! Suffit de demander."

Main dans la main, je laissais la froideur de l'hiver picoter ma peau avec une violence toute  réactive. C'était un temps à s'enfouir sous beaucoup trop de couvertures. Mais on allait chez lui, et j'allais me réchauffer d'une autre manière... Je m'approchais de lui d'une démarche incertaine, comme si sa proximité allait éloigner le froid qui jamais ne me quittais. Comme si la chaleur humaine parvenait à chasser tous les autres désagréments. Et je devais être un peu con... Parce que ça marchait.

"Non... J'aime pas avoir le cul entre deux chaises et j'sais pas mentir. Donc traîner avec des personnes mariées c'est pas mon truc. J'ai un peu de dignité aussi. Bien... J'suis content de le savoir."

Le petit rire que je lui souffle après sa question carillonne dans l'air glacial, alors que mes doigts se resserrent doucement sur les siens. J'aurais aimer marcher n'importe où comme ça, la tête haute, une main dans la mienne. Putain c'était pas désagréable comme sensation.

"Non... J'ai juste une sœur qui s'inquiète de ne pas me voir rentrer à la maison mais... Je l'ai rassuré, aucune furie ne viendra te déranger, j'te le promet."

J'avais personne. Ma vie était aussi désertique que possible. Et.... Peut être que dans le fond, j'avais moi même contribué à ça. J'avais eu un comportement des plus destructeurs, digne du dieu du chaos dont j'étais le héraut. Cette main dans la sienne empêchait mon esprit de vagabonder. J'étais dans un sentiment d'euphorie, malgré tout, mes tremblements avaient tout à voir avec le froid. Froid... Vif. Puissant, il était capable de me couper les jambes. Toujours là, impitoyable. Froid. Alors que je continue mon chemin, insouciant, il me retient, et je me retourne vers une jolie porte en bois que je regarde, curieux, avant de le laisser ouvrir, me glissant à l'intérieur. Me retrouvant avec un index sur les lèvres, que je ne peux m'empêcher d'embrasser un instant, avant que la compréhension ne brille un instant dans mes prunelles et que je hoche la tête. Oui... Compris. La caresse qu'il glisse sous mon menton m'arrache un sourire solaire, joyeux, alors que je le suis, le laissant me tirer dieux savaient où. Alors qu'on pénètre dans l'appartement, je jette des regards curieux un peu partout. La décoration est sobre... Presque spartiate. C'est son appartement, mais en même temps on a l'impression qu'il s'agit là d'un logement de fonction qu'il pourrait abandonner n'importe quand. Mon regard se perd à nouveau dans les deux glaciers, il fait froid dans ce petit appartement... J’attrape de mes deux mains les pans de son manteau, l'attirant vers moi avec force pour l'embrasser à nouveau, me mettant sur la pointe des pieds. Assis on voit pas à quel point les gens son grands. Je me sépare de lui, me mordillant la lèvre inférieure.

"ça me semble évident, je suis vraiment là."


Il parle soudain d'une cheminée, et mon regard s'illumine. Enfin.... Enfin, le feu va chasser le froid. Le feu chasse toujours le froid. C'est l'une des sources de chaleur les plus délicieuses que je connaisse. Je hochais doucement la tête.

"Pas de soucis, je t'attends sagement, promis."
 

Je lâche son manteau, aplatissant d'un geste de la main les plis que j'aurais pu y laisser, avant de m'élancer vers le canapé, m'écrasant dedans, évitant de justesse une boule de poil. Elle me bailla au visage alors que je me penchais vers elle. L'animal était d'un gris-bleu, et me semblais bien jeune.

"Je vais éviter de boire plus... J'ai peur d'en devenir tout pataud et de te faire passer un mauvais moment. Il est sympa ton appartement. Y'a l'air d'avoir une jolie vue."


J'attends que la flambée prenne, qu'il finisse de s'occuper d'allumer un feu, me redressant finalement pour me glisser derrière lui, à pas de loups, laissant au passage ma veste sur une des chaises. Me retrouvant en t-shirt, venant coller mon bassin à ses fesses, torse contre son dos, égrainant quelques baisers brûlants sur ce dernier alors que mes mains se glissaient délicatement sous son haut, contre la peau de son ventre, y glissant quelques arabesques. Le feu m'offrait déjà une chaleur plus que bienvenue, la chaire de poule qui recouvrait mes bras, mes tremblements s'apaisant finalement. Chaud... A l'intérieur, perdu dans l'étrange bien être que procurait l'alcool... J'me sentais mieux.
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Lun 25 Jan - 19:19
What happens in karaoke stays at karaoke
15/01/21 ft Keith
« Je pense qu’on n’aurait pas eu la même discussion si tu t’étais trémoussé sur du Shakira, comme tu le dis, avoue sans faillir le britannique avec un sourire en coin. Gardons cela pour plus tard. Je veux définitivement le voir. » Le voir se trémousser au rythme d’une chanson bien plus joyeuse que celles qu’il avait chanté ? Ou juste voir ses fesses ? Dans un cas la chose est plus que possible. Dans l’autre… S’il branche un de leurs téléphone à sa chaine hi-fi, ils peuvent s’improviser danseurs sur du Shakira, après tout. L’idée lui fait lever les yeux au ciel et retenir un rire derrière ses lèvres – s’il s’échappait il se noierait dans sa barbe.

Les rues silencieuses ont avalé leur conversation. Les mots les plus importants ont été bouffés par l’attente et l’envie, qui les ont recrachés pour ne conserver que le plus important de leur discours. Il n’a personne pour venir étriper l’Inquisiteur – encore qu’il n’y ait aucun humain qu’il craigne sur cette Terre et ailleurs, sauf peut-être les dingos qui se nomment pompeusement maîtres dans la section Combat et qui se nourrissent du sang de leurs victimes – « Je pense pouvoir me défendre contre une sœur en rage, de toute manière, t’en fais pas, murmure-t-il dans l’air froid. Les mots pourraient s’y suspendre. D’un autre côté, pas sûr qu’une furie je sois de taille. Surtout si tu occupes mes pensées et… Le reste. » Il sourit en serrant ses doigts. Non, il n’est définitivement pas de taille. Et il est à peu près certain que son doux inconnu n’a rien capté de ce qu’il vient de dire. C’est mieux pour lui. De toute manière les gens passent à côté des références d’abominations si souvent, dans les expressions populaires ! Que bon nombre d’entre eux en ont fait leur petit jeu. (Ou une simple manière dangereuse de découvrir les pourritures de hérauts qui courrattent derrière tels des rats à la surface de la Terre. )

Les marches ont a peine craqué. La porte a fait un peu plus de bruit en se refermant. (Ses lèvres sont brûlantes contre les siennes et il s’abandonne avec plaisir à cette chaleur) Il refuse de le quitter, mais s’il ne le fait pas ils vont crever de froid. « Merci. J’ai emménagé y a pas si longtemps, répond Fabien en se battant avec les allumettes un peu trop trempées – boîte gondolée ramenée d’un voyage périlleux il y a peu. Il n’aime pas gâcher. J’ai pas totalement fini d’apposer ma patte. Mais oui… On est tranquille et on ne voit pas le local à poubelles, pas comme les locataires de l’autre côté. » Bientôt les flammes s’élèvent devant lui, la chaleur encore absente. Elles sont jeunes. Il faudra une minute, deux, avant que l’air autour ne se réchauffe et ne chasse la froideur qui a envahi l’appartement.

Ils ont le temps. Fabien se redresse et s’époussette les mains pour chasser les copeaux de bois sur ses doigts. Il balance l’allumette utilisée en plein coeur du brasier avec un geste habitué et commence à défaire les boutons de son manteau avant de le poser presque patiemment sur la chaise à côté. Il n’a pas encore eu le temps de se retourner qu’il sent une présence dans son dos. Il se raidit, son instinct plus fort que tout qui prend le contrôle : pourtant il l’a invité, pourtant il sait qui c’est, il est con et il ne peut pas s’en empêcher. Son coeur s’emballe pour autre chose que le désir qui court dans ses veines. Il laisse un léger soupir s’enfuir de ses lèvres, son corps pressé contre le sien. Il se force à se détendre. C’est ridicule. « Tu m’as surpris, glisse l’Inquisiteur en penchant la tête en arrière pour tenter de le voir. Ca n’arrive pas souvent. » Son corps glisse contre le sien, ne s’en détache pas vraiment. Il veut le voir.


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Mer 27 Jan - 11:41
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Fabien & Keith
15/01/2021

Il pouvait être flou dans ses propos, le joli garçon, et quelque chose me disait que cela ne devait rien au hasard, que c'était fait exprès, c'était un jeu dans lequel je me plongeais avec lui, nous étions deux adultes... Deux grands, et j'avais décidé de ne pas rentrer seul ce soir, voir ne pas rentrer tout court. Je glousse un instant, lui offrant un clin d'œil.

"On arrangera ça... Ce serait dommage que tu passes à côté de tout le spectacle."

Il parlait de réussir à se défendre contre ma sœur. Il ne connaissait définitivement pas Charlie, quand je parlais de furie... J'exagérais à peine, elle aurait pu se faire un collier avec leurs plumes tellement elle s'amusait à les écrabouiller. C'était... Impressionnant. Cette fille c'était une guerrière, et il ne faisait aucun doute que si elle savait ce que je m'apprêtait à faire, elle me secouerai comme un prunier. Mais... On était différent... J'étais différent. Et... J'avais envie d'oublier qui j'étais, ce qui pesait sur mes épaules. La suite de sa phrase, j'l'avais pas relevé. Trop abrutis par l'alcool, je savais pas quoi dire sans me griller, alors je préférais fermer ma gueule, mes doigts entremêlés aux siens. J'ai soif de baisers, de contacts, je finis par, à contre cœur, le laisser allumer la cheminée. Mon regard scrute l'endroit.

"Avec une petite touche personnelle tu t'y sentiras bien j'imagine ! S'approprier les lieux parfois ça peut prendre du temps."


Alors que je me colle à lui, il me semble sentir un sursaut, un petit soubresaut. Oups... J'ai recommencé. J'étais trop discret. Autant en combat, j'étais une vraie brute, autant j'avais appris à me déplacer sans bruit. C'était une manière de prendre le moins de place possible, de ne pas attirer le regard sur soi. Une protection, une carapace, pour être loin des commentaires de gens. Je finis par glisser dans un murmure:

"Je suis désolé, c'est vrai que j'me déplace sans faire de bruit."


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Mer 27 Jan - 22:22
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Ven 29 Jan - 10:22
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Sam 30 Jan - 23:42
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Ven 12 Fév - 8:51
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