Good Morning Spearton FT Jojo

 C'était une journée comme toutes les autres. J'étais sortit dans le froid du mois de Février, j'avais affronté le vent armé de mes vêtements les plus chauds. Le désert me manquais... Vraiment... Sentir les rayons du soleil me cuir la couenne, réchauffer enfin tout mon être, être entouré de sable, dans mon élément, tout simplement. Personne ne pouvait vivre ainsi dans le désert, et quiconque s'y condamnait sans doute à une longue vie de solitude. Mais pour une fois... Pour une fois j'aurais voulu avoir chaud en tout temps. Ne pas me geler les miches, simplement. Enfin... Spear Island n'avait pas que des désagréments, déjà, il y avait Quin. C'était une des grandes nouveautés pour moi. Cette relation avec le Renard. Si nous ne nous montrions pas trop en public, j'étais néanmoins heureux à chaque fois que nous nous voyions. Un couple libre, voilà ce que nous formions. Il pouvait aller où il voulait, moi aussi, pas de jalousie, pas de crise, juste croquer la vie à pleine dents. Il était beau, Quin, quand il jouait les électrons libres et chaotique. Nous étions en tout point différents, mais c'était ça qui donnait une saveur intéressante à notre duo. J'étais décidé à, pour une fois, ne pas me prendre la tête et prendre les choses comme elles venaient. C'était pas quelque chose de naturel chez moi, mais cette nouveauté était reposante, plus que bienvenue.

Mais pour l'instant, j'allais prendre mon petit déjeuner dans un café de la place de Spearton. Je m'offrais cette petite parenthèse de temps en temps. J'avais mon café latte au lait d'avoine dans la main, dans ce petit gobelet de carton qui réchauffait agréablement mes doigts. J'étais installé sur la terrasse. Paradoxalement, avec les radiateurs extérieurs, bien placé, il y faisait beaucoup plus chaud qu'à l'intérieur. On ne prit pas long temps à me servir une assiette contenant des oeufs brouillés, et un museli aux fruits rouges, nappé de fromage blanc. Un petit déjeuner qui allait bien tenir au ventre et qui allait me préparer à la journée. Je lisais tranquillement le  Spearton Herald. L'édition du matin. J'en avais pas grand chose à faire, de ce qui était écrit dedans... Mais c'était toujours distrayant. Lunettes sur le bout du nez pour protéger mes yeux, je profitais d'un petit instant de paix avant de commencer à travailler.  Une parenthèse loin du stress du travail, profitant du chauffage et d'un café bien chaud. J'allais ensuite devoir affronter à nouveau la fraicheur du monde. J'avais sorti un stylo pour faire les mots croisés et les sudokus. Mordillant le bout de mon stylo pensif.  "Nom du dieu des tambours"... Mais qu'est-ce que j'en avais à foutre du dieu de la batterie. "Phil Rudd" ça rentrait pas...

 Encore une belle soirée, une longue soirée, une soirée de folie qui venait de se passer à Kingston, et tu n'étais clairement pas étrangère à tout ce remu ménage. Enfin, dans la ville que tu avais adopté, ça ne dérogeait pas à la règle, ça ne dérangeait même pas vraiment.  C'est une des raisons pour laquelle tu avais optée pour un pied à terre ici, pour être assez tranquille vis à vis de tout ce que tu aimais faire. Tu as 33 ans pratiquement, le 17 avril, ce sera clairement une journée de malade, alors pour le moment, tu t'entraînes pour tenir tout au long du jour, sachant qu'avec le labyrinthe, tu te prenais parfois des décalages horaires incroyables sans forcément t'en rendre pleinement compte. Ainsi donc, la soirée se passe bien, tu t'amuses comme une folle, et puis, tu as ce bourdonnement dans ta tête, dans ton esprit. Tu sais ce que ça signifie, tu le sais mieux que personne. Tu ne t'es jamais amusée à demander comment les autres entendaient les pensées de leur dieu, mais toi, ça fait un bourdonnement, un crépitement comme si un courant électrique plus intense parcourait ton esprit à ce moment là. Et donc, une pensée traverse ton esprit, Thor requiert ta présence, non pas à Kingston, il s'en fout de Kingston, mais à l'autre bout du monde, tout simplement, plus précisément en Inde, rien que ça. Pourquoi ? Tu n'en sais trop rien, c'est compliqué de comprendre parfois, mais tu n'es clairement pas en état. Tu comprends que c'est quand même apparemment urgent. Mais tu en es à déjà trop de verres de téquilas, et si tu as l'habitude de boire régulièrement, le petit joint n'arrange pas la sauce. Bon, c'est presque ton état normal depuis plusieurs années mais voilà. Ainsi donc tu fonces sur le port de la ville pour franchir la porte qui te conduira à Spearton. Quelle heure est-il ? Ici, c'est la fin de soirée, le début de matinée même, et donc, sur l'île, il est à peu près 6 heures de moins, n'est ce pas ? Tu te perds un peu, heureusement que ton téléphone se met à l'heure du fuseau horaire de façon automatique.

Mais donc, tu arrives en début de matinée sur l'île avant donc d'arrivée dans la nuit à Mumbai, c'est ça ? Sans doute que oui, ton esprit ne semble pas être en mesure de calculer précisément tout, mais peu importe, tu dois passer par la case Speaton quoiqu'il arrive, et donc, au vue de l'heure, tu te dis qu'il serait bien de te mettre quelques choses dans le bide si jamais tu as une grosse journée qui s'annonce devant toi. Mais déjà il faut que tu réalises où tu remets les pieds. Bon, clairement, tu n'avais pas pensé à prendre des vêtements un peu plus chaud en cette fin février, surtout que tu n'es que de passage par ici avant de retourner dans un pays où il fera chaud. Ainsi donc tu te diriges au pas de courses, enfin aussi vite que ton esprit arrive à mettre en marche tes jambes du côté de l'esplanade, comme si tu n'avais pas dormie de la nuit et puis, tu le vois, juste là : Keith, le discret capitaine de la phalange des loupiots, mais aussi, et surtout, le petit ami plus ou moins officiel de ton frère. Tu n'as pas suivi toute l'histoire, ou alors tu ne te souviens plus de tous les détails, raison pour laquelle tu parles de façon plus ou moins officielle. Ainsi donc, il est là, sur la terrasse, pour manger son petit déjeuner vu que c'est l'heure. Pourquoi ne pas t'incruster avec lui ? Oui, en voilà une bonne idée. Ainsi donc tu t'approches.

" Hey salut Keith, les nouvelles sont bonnes ? La place est libre pour un bout de fessier ? Je meurs de faim, et autant partager un peu de bonne nourriture avec quelqu'un, n'est ce pas ? "

Pour toi, c'est dans la logique même, le partage, même si c'est juste un peu de partage d'espace et de temps, c'est toujours mieux que de rester seul, mais voilà, peut être que ça ne lui plaira pas. Après tout, vous êtes tous les deux aux antipodes l'un de l'autre niveau personnalité, comme Keith et ton frère.

C'était une matinée ordinaire parmi tant d'autres, et pourtant... Et pourtant elle prit une direction particulière, quand, alors que je tentais une énième fois de remplir mon petit mot croisé -ils avaient quoi les gens de Spearton à faire une grille axée sur la mythologie là ? J'connaissais déjà à peine toutes les subtilité de la mienne- un bruit me tira de ma concentration, le bruit d'une chaise tirée à la hâte. Je relève le nez pour tomber finalement sur la soeur de Quinny. Oh... Ils se ressemblaient pas mal l'une et l'autre... On pouvait retrouver quelques similitudes dans le visage de l'un et de l'autre, bah oui, j'avais assez maté mon mec pour m'en rendre compte.

"Tiens, salut Jordan, c'est rare de te voir par ici. Généralement t'es plutôt dans des coins un peu plus chauds... On se les pèle un peu ici... Tu risques d'attraper la mort si tu te balade à moitié à poil."

Je replie précautionneusement le journal, le posant sur la table, avant de faire glisser l'assiette d'oeufs, intacts, vers elle, hélant une serveuse.

"Tu veux boire quoi ? C'est moi qui t'invite. ça fait longtemps que j'ai pas vu ta bouille à Spear."

Fallait dire que déjà, on fréquentait pas les mêmes cercles. J'étais pas du genre fêtard. En réalité il y avait bien des différences entre Quinlan et moi. Et sa soeur semblait taillée dans le même bois que son frère, auréolé d'une sorte de charisme festif. C'était typiquement pas pour moi. J'avais besoin de quelque chose à quoi m'accrocher pour être à l'aise. Pourrions nous aller jusqu'à dire qu'en société j'ai un putain de balais dans le cul ? Oui on pouvait aller jusque là.

"Les nouvelles... Bof... Y'a le courrier du coeur qui était assez drôle. Un mec parlait de sa compagne qui avait des fétiches un peu particulier. C'était... étrange... Mais presque fascinant. Parfois ils doivent se taper des bonnes tranches de rire au journal."

Je me frotte les mains, baissant soudain les yeux. Que dire... Que faire pour alimenter la discussion ? Si elle coulait toute naturellement avec son frère... J'avais un certain trac avec sa soeur. On se connaissait pas, mais je savais qu'elle comptait pour Quin. Si je faisais un faux pas ? Si elle pouvait pas m'encadrer ? Je me mordillais la lèvre, incertain.

"Tu... Vas bien sinon ?"

Ta vie n'est pas la même que bien d'autres personnes, tu en as bien conscience, déjà parce que tu es une hérault du meilleur dieu nordique qui existe et qu'il venait de te charger d'une mission complètement improbable en Inde. Qu'est ce qu'il avait à en faire de Mumbai Thor ? Tu ne saurais dire, mais tu allais agir clairement pour qu'il te fiche la paix pour quelques temps, pour que tu puisses réaliser tes photos pour la postérité aussi, et les vendre aux plus offrants. Tu sais si bien calculer ton coup en règle générale, même si là, tu n'avais pas pris ton équipement dernier cri, parce que tu avais un peu la tête ailleurs, en pleine soirée, pour te retrouver ici, au petit matin, même si tu n'étais pas certaine de ton coup à vrai dire. Mais si ici il était le matin, alors chez toi, enfin à Kingston, tu finissais la journée alors qu'elle était commencé ici, à moins que tu ne te foires dans ton calcul. Bref, en revenant sur Spearton, tu ne pensais pas croiser ton beau-frère qui ne te ressemblait pas le moins du monde, mais qui semblait être assez complémentaire avec Quinny, le côté festif en moins. Parce que oui, du peu que tu avais pu le croiser, il était très formel en public, pour ne pas dire qu'il semblait avoir un truc bien coincé dans le derche, mais bon, ça c'était un détail que tu avais un peu beaucoup zappée en la circonstance puisque toi, tu es très cash, très naturelle avec les gens, c'est comme ça après tout. C'est ta façon d'être, même si tu n'appartiens pas au dieu de la malice, comme ton frère qui à mettre des vêtements qui ne lui ressemble pas vraiment. Du coup, tu ne savais pas trop ce qui avait pu attirer les deux capitaines ensemble, mais tu t'en fichais du moment que ça fonctionnait. Il était en tout cas surpris de te voir, mais tu ne savais pas si c'était de la bonne ou de la mauvaise surprise à vrai dire. Mais il se montrait fort aimable en délaissant sa lecture, ou ses mots croisés, pour te parler un peu. Alors il te fait remarquer ta tenue décontractée et légère. Tu souris à cela.

" Je ne fais que passer, mais faut absolument que je graille un truc. T'en fais pas, je suis au courant qu'à Spearton, en février c'est pas la chaleur de Kingston. "

Ainsi, il plie le journal pour t'inviter à boire tout simplement, parce qu'il ne t'a pas vue depuis un moment, sans doute parce que tu passes ici en coup de vent à véritablement n'importe quelle heure de la journée.

" J'avoue, la dernière fois que je suis passée, ici c'était la nuit donc je pense que c'est pour ça que tu m'as raté, mais je passe souvent, pour aller partout dans le monde, faut dire que c'est utile un labyrinthe pour voyager presque partout dans le monde. Bon, faut passer par ici pour être tranquille, mais imagine si je devais me taper un Kingston-Mumbai sans passer par la case départ ? Et puis ça me couterait un bras. "

Tu hausses les épaules, parce qu'en vrai, si tu n'étais pas hérault, tu n'aurais pas besoin de faire le voyage, donc la problématique serait clairement différente, mais peu importe, tu préfères en sourire. Alors, tu fais un signe au serveur, ou à la serveuse pour qu'il ou elle vienne prendre ta commande et tu te prends des viennoiseries, un café et un martini, parce que ça le fait bien. T'aurais pu t'abstenir pour le martini, mais tu t'en fichais pas mal, il offrait, alors tu payerais s'il fallait les viennoiseries, et tu le laisserais payer les boissons. Tu n'es pas difficile à ce niveau, tu n'es pas à quelques pièces près. D'ailleurs, t'avais toujours plein de monnaies différentes sur toi, au cas où. Bon, t'allait rarement en Inde, donc si besoin tu ferais le change mais voilà. Ainsi donc, il se décide à te répondre à propos des nouvelles fraiches du matin sur Spearton, et il te parle du courrier des coeurs, te donne le bâton pour parler de ton frère du coup même si clairement, tu lâches un bon petit rire à son anecdote.

" C'était quoi comme fétiches ? Mais ouais, vu qu'il se passe pas grand chose, ils ont au moins ça pour se fendre la poire en deux Keith. Parfois, je bosse avec eux, vu que je fais des photos, et on se marre bien, pas avec tous, mais avec certains, c'est super drôle. Après, on peut pas être tous égaux devant l'humour, mais comme je suis bon public, ils savent que je rigole pour rien, alors ils me font rigoler. "

Tu t'abstiens de lui parler de ton frère pour le coup et il finit par te demander comment tu vas. Tu souris, il a presque peur de me demander, alors que je ne vais pas le manger clairement, je suis pas comme ça, je pique pas la nourriture de mon frère, ça me ferait bizarre de passer après d'ailleurs même si faut pas dire qu'il a bon goût parce que Keith est pas dégueulasse du tout avec cette petite barbiche là, ça donne presque envie de la grattouiller.

" Moi, ça va toujours, je m'en fais pas trop dans la vie, je suis tranquille et toi alors ? Comment ça se passe avec Quinny ? "

Tu poses la question avec un naturel déconcertant alors que peut être il n'a pas envie de spécifiquement en parler, surtout avec toi, mais tu t'en fous complètement. Il est là, tu discutes avec lui pour boire et manger un peu avant de partir pour Mumbai, là où il fera chaud, pas comme ici, où même en été, il fait froid. T'es d'origine nordique, mais ça s'y connait pas trop on dirait.

Je hoche la tête à ses mots. Ouais fallait dire qu'à Kingston... En février il faisait quoi ? La température qu'on pouvait espérer en été à Spearton ? Parfois je regrettais amèrement de vivre ici. Fallait dire que cette année, elle avait été froide... longue... Et surtout FROIDE. J'avais passé pas mal de temps collé à ma cheminée. Le froid était destructeur, dévastateur pour moi. Si je prenais pas gaffe, en un clin d'oeil je me retrouvais en hypothermie. Le corps brûlant, obligé de me défaire de mes fringues, alors que c'est le seul barrage qui me protège réellement. Le froid... Il est vicieux. Il te fait ressentir une sensation paradoxale. Celle que ton corps brûle, alors qu'il est juste frigorifié. Alors ton premier réflexe, à moitié fou et endormi par le froid... C'est de te foutre à poil. ça m'étais arrivé une ou deux fois à l'apparition de mes pouvoirs. Et après quelques passages récurrents chez les serpents... J'avais appris la leçon. Je piochais une cuillère de muesli. La portant pensivement à la bouche.

"Ouais j'ai tendance à dormir la nuit, et à bosser le jour. J'ai un rythme trop banal j'crois. Mais d'accord ! ça explique pourquoi on se croise tous les tremblements de terre. D'ailleurs tu devrais faire gaffe à tes miches, si sa ce trouve il va neiger à Mumbai."

Un frisson remonta le long de ma colonne en repensant à ce que j'avais lu.

"Elle voulait être infantilisée par son mec, qu'il lui donne le biberon et tout ce qui s'en suit c'était... Oh c'est trop loin de ce que j'ai l'habitude de voir. Du coup beh... Je juge pas, chacun fait ce qu'il veut dans l'intimité... Mais bon. C'est pas quelque chose qui me botterai." Un sourire incertain étire un instant mes lèvres. "Moi c'est l'inverse... J'suis trop sérieux, je rigole pas. Enfin... On a pas le même taff toi et moi c'est peut être juste ça." Difficile d'être relax et drôle quand t'as la vie de tes hommes entre les mains... Difficile d'être un bout en train et un chef quand on attend le moindre faux pas de ta part pour dire "AHHA ! Je l'avais dis, c'est un héraut de Seth on peut pas lui faire confiance." C'était une place difficile... Celle de héraut du dieu du désert. Pourtant... La notion du bien et du mal n'était apparu qu'avec le christianisme, et si désormais Seth représentait le mal, à l'époque il était juste l'inverse de son homologue Horus. Si l'un représentait l'ordre et la protection, l'autre s'occupait du désert et du chaos. L'un et l'autre représentaient chacun une facette de Pharaon. Enfin... Toujours était-il que je ne cessais jamais de rouler des yeux quand j'entendais parler de mon dieu tutélaire avec crainte et mépris. Seth... C'était pas un si mauvais dieu tutélaire. A n'en pas douter. Y'avait des gens plus mal lotis que moi. Genre Raf... Raf il en suait avec son dieu là. Le nom de mon compagnon, et accessoirement son frère passa ses lèvres. Elle savait forcément qu'elle savait. C'était son frère. Un sourire timide éclaira mon visage, faisant pétiller mes yeux.

"ça fait pas longtemps qu'on est ensemble mais... Je pense que ça se passe bien. Moi j'ai pas à m'en plaindre en tout cas. Ton frère est..." Je baisse les yeux, mon sourire ne faisant que s'accentuer, j'arrivais pas à contrôler mes zygomatiques. Et si au niveau professionnel je ne souffrais d'aucune faiblesse... Pour ce qui est du personnel c'était une autre paire de manche. "Il est charmant, et... J'espère que lui non plus il regrette pas son choix." En vrai... Si au départ, on courrait droit dans le mur, c'est parce que notre renard préféré n'envisageait pas qu'une relation ne soit pas exclusive, moi ça me dérangeais pas. Et au terme d'une longue discussion, nous étions tombés d'un commun accord.

Non, clairement Kingston, c'était plus chaud qu'ici. Là, tu avais des températures qu'ici, ils ne pouvaient pas connaître. Bon, c'est sur que Cork, c'est pas terrible non plus niveau température, mais instinctivement, tu avais choisi une ville où il faisait bon vivre, et où le bobsleigh n'était pas le sport national si vous voyez le genre. Pourtant, tu as des origines nordiques Jordan, mais non, le froid ne t'attire pas véritablement. D'ailleurs, si la terrasse n'était pas chauffée, tu serais déjà morte de froid ou presque, mais pour le moment, ça allait, de toute façon, dans ton esprit tu étais juste de passage ici, n'est ce pas ? Oui, tu ne resterais pas longtemps et le hasard avait fait que tu avais croisé la route de Keith, sinon, tu serais sans doute pratiquement à Mumbai, mais bon, même si la mission semblait importante, tu pouvais attendre quelques minutes, sans doute qu'il te le rappellerait au moment opportun. Quoiqu'il en soit, tu devrais survivre aux températures à priori et c'est ainsi donc qu'il te disait qu'il dormait la nuit et bossait le jour, aussi étonnant que cela puisse paraitre. Tu en souriais, c'était évident pour lui, beaucoup moins pour toi, et tu ne parles pas seulement de faire la fête même si c'était régulier, tu étais un oiseau de nuit, tout simplement, du genre à te coucher à quatre heures du matin pour te lever à midi, pour dormir au final environ huit heures mais avec un rythme décalé du plus logique 23h-7h du matin par exemple. Alors, il te fait un commentaire qui te fait exploser de rire.

" Mes miches vont bien t'en fait pas, au pire, je m'achèterais un truc sur place, mais en théorie, il fera assez chaud, sinon, je repasse par ici pour une combinaison de ski, ça le fera aussi, c'est pas comme si je devais attendre des heures. "

Oui, tu es comme ça, tu ne te prends pas la tête, parce qu'il n'y a pas besoin d'agir de la sorte surtout dans ces circonstances là. Alors tu lui demandais plus de détails sur ce courrier du coeur. Avec la tête qu'il tirait, tu te disais que ça devait forcément être très particulier alors qu'on t'apportait ta commande. Et effectivement, le délire était particulier mais ça te fait rire, lui prouvant que tu aimais bien ça, et que tu le faisais en beaucoup de circonstances, peut être trop d'ailleurs. Enfin peu importe, car lui, il était tout l'inverse, te confirmant qu'il était bien trop sérieux même si là, ça allait, de ton point de vue.

" C'est un délire bien particulier j'avoue. J'ai certaines connaissances qui sont un peu comme ça quand ils sont dans un état second. Ils veulent toujours me téter la poitrine, comme si j'étais leur mère et que j'allais leur donner du lait. En général, c'est à ce moment là que je les renvois chez eux, ou que je retourne chez moi. Mais faut savoir se lâcher un peu dans la vie. Je sais que ton rôle est différent du mien mais quand même. "

Enfin tu rentrais chez toi quand tu étais en état de le faire, et ce n'était pas toujours possible, alors parfois tu avais de petites traces de succion sur la poitrine et si tu arrivais à refaire le cours de la soirée parfois, ce n'était pas toujours ainsi. Enfin bon, tu ne rentrais pas dans des détails inutiles pour celui qui te faisait face car il pourrait réellement prendre peur. Et puis donc, tu demandais pour lui et ton frère, s'il n'y avait pas d'ombres sur le tableau, de nuages dans leur petit ciel bleu, mais à voir son regard pétillant, s'émerveillant rien qu'à l'utilisation de ce surnom, tu avais vite compris l'affaire. Il était fou amoureux clairement et ça te convenait. Il te confirmait donc tout cela, même si évidemment, tu aurais la version de ton frère pour confirmer tout ça, car parfois le ressenti est différent même si là tu en doutes.

" C'est cool alors, parce que t'es un type sympa Keith, mais ça me dérangerait pas de te casser la gueule parce que t'aurais fait du mal à mon frère. Mais il n'y a pas de raison que ça arrive. "

T'en rigolait carrément, parce que des deux, c'est sans doute toi qui morflerait le plus dans un combat mais ça n'arriverait pas , n'est ce pas ? Non, il n'y avait pas de raisons à cela de toute évidence alors que tu croquais dans ta viennoiserie et que tu poussais un petit râle de plaisir gustatif.

 
Je portais une nouvelle cuillère de ma mixture du matin à mes lèvres, en appréciant le goût. J'aurais été chez moi, j'aurais sans doute troqué le fromage blanc par du yaourt au lait végétal. Disons qu'à part dans les gâteaux j'essayais de consommer un minimum de produits d'origine animale. Je faisais quelques exceptions, mais lorsque j'en avais l'opportunité je faisais attention. Je devais avouer que j'avais pas prévu de croiser qui que ce soit. Je m'enfonçais dans mon siège, glissant mes mains dans mes poches pour les garder au chaud. Ah... La température actuelle conviendrait parfaitement à un humain normal, il pourrait même retirer sa veste. Pas moi.

"Ouais... Le labyrinthe facilite pas mal les choses."

Et c'était vrai. Tu pouvais te réveiller à Londres et être à Rio avant midi. Qui pouvait se vanter de ce genre de moyen de locomotion ? Personne. Je l'avais toujours connu, mais il n'y avait que depuis peu que je me rendais compte de la chance que nous avions. Lutz m'avais emmené voir le monde entier tout jeune... Quand il n'était pas en mission. L'ancien loup et père adoptif m'avais fais voir pas mal de merveilles à travers le monde. Le labyrinthe était une bénédiction. Le courrier du coeur vint bien vite sur le tapis, et Jordan se lança dans une description de ce que certains amants lui faisaient. Trop tôt... Beaucoup trop tôt. J'étais en train de boire mon café au lait, et je m'étouffais à moitié, les joues cramoisies, reposant précautionneusement mon café sur la table. Trop intime d'un coup, j'avais pas l'habitude.

"Ah... Behjeheu... Je te demande pardon ? Tu... Ho trop tôt Jordan. Trop tôt. On va dire que j'ai rien entendu." Se lâcher dans la vie... Non c'était pas possible, pas envisageable. Parce que au moindre signe de faiblesse, le reste du monde me faisais bien comprendre que j'aurais pas dû. Je ne pouvais pas. J'avais quelques moments d'insouciance avec certains de mes camarades, mais bien peu. Je gardais mon éternel sérieux. Avec Raf, Rox ou Quin... J'essayais néanmoins de délaisser ce masque sérieux. J'essayais de me montrer moi. Mais je n'étais pas encore capable de m'en délester totalement. A nouveau, elle parla à nouveau, et je lui lançais un regard interloqué. J'pensais qu'il y avait que dans les sitcoms américaines qu'on menaçait de la sorte quelqu'un. Je fronçais les sourcils, un peu interloqué.

"Ouais enfin... Entre nous Jordan... Faudrait déjà que t'arrives à me casser la gueule, le prend pas mal hein. ça fait 17 ans que je suis chez les loups. Je pense que je devrais survivre, puis c'est pas dans mes projets de faire du mal à ton frère. Je tiens à lui."

J'étais combattant, et taillé pour ça. Mais ouais... C'était pas dans mes projets de me bagarrer avec la sœur de mon mec, ou de lui faire le moindre mal. C'était délicat. Je haussais les épaules, envoyant tout ça au loin. On était pas ensemble depuis un mois. Il était trop tôt pour se prendre la tête avec ça.

"En théorie... Tu ne devrais pas avoir à en arriver à de telles extrémités, promis."

Ces viennoiseries étaient bonnes, c'est dingue, on dirait presque qu'elles viennent de France, et qu'elles ont été cuite du matin, ce petit croissant, et ce pain au chocolat là. Attention, pas de débat sur le nom de cette viennoiserie s'il vous plait, sinon, il va y avoir des meurtres, ce serait dommage. Bah oui, chocolatine, c'est une hérésie totale. Ainsi donc, tu croquais dedans alors que tu buvais une gorgée de café. Ton esprit semblait s'en trouver plus aéré comme si tu arrivais à y voir un peu plus clair de tout ce qui se jouait devant toi. Bon, dans l'instant, il n'y avait que Keith, hérault de Seth, petit ami de ton frère, mais quand même. Faut dire que tu adorais parcourir le labyrinthe, ça t'amusait tellement même s'il faut le dire, parfois tu aimerais te passer d'avoir comme point connexe Spearton. Mais bon, tu te disais que par rapport à un voyage lambda, ça prenait moins de temps et surtout ça ne te coûtait rien ou presque alors si tu râlais sur certaines choses, sur celle-ci tu arrivais à ne pas trop le faire. Et c'est ce que le Wittgenstein te confirmait par rapport à labyrinthe. Quelle idée d'avoir un nom aussi compliqué d'ailleurs, c'est fou quand même, heureusement, tu n'allais pas devenir la prochaine madame Wittgenstein sinon ce serait un calvaire, pas de supporter Keith, mais de devoir écrire le nom de famille sans fautes. Bref, ton esprit s'égarait encore alors que pourtant, il ne devrait pas, mais c'est toi tout crachée ça Jordan. Et puis le courrier du coeur, sa faute, c'est lui qui t'a lancé sur ce sujet disons sensible. Et toi, brute de décoffrage, tu parles de certaines expériences que clairement il n'aurait pas voulu connaître, il n'aurait même pas voulu les entendre, mais c'est toi, alors que ce soit le beau-frère ou n'importe qui d'autres, tu dis ce que tu penses, c'est comme ça. Et tu le vois devenir tout rouge alors qu'il buvait son café. Ce n'est pas non plus si fou que ça quand même, les types retombent juste en enfance en gros, ça peut être marrant mais il ne faut pas abuser des bonnes choses. Pour toi, c'est encore la nuit, alors qu'en fait, c'est le matin ici, le début de journée. En vrai, ça ne change pas grand chose l'heure de la journée, parce que pour toi, il est toujours bon de faire l'apéro, surtout que dans chaque ville, il y a des spécialités locales qui sont très bonnes. Alors ce qu'il tente de te dire te fait carrément exploser de rire, il fait comme s'il n'avait rien entendu. Décidément, c'est pas un rigolo quand même, il est vraiment coincé, tu te demandes ce que ton frère lui trouve, mais sans doute que dans l'intimité, ça doit être moins froid que ça, vu que c'est un hérault d'un dieu égyptien, ça doit faire la différence, à priori. En vrai, t'en sais rien s'il y a une réelle corrélation, mais bon, la prochaine fois tu essayeras de t'abstenir, mais c'est pas garanti.

"  Désolé, pour moi, on n'est pas vraiment le matin, et puis qu'on soit le matin, l'après-midi, le soir, la nuit, je vois pas ce que ça change. Mais j'essayerais de faire attention la prochaine fois, rien que pour toi. Je peux pas te promettre plus, je suis quelqu'un de franche, je dis ce que je pense. "

Et tu hausses les épaules en levant légèrement les mains paumes contre le ciel comme si ça n'avait pas tellement d'importance. Est ce que Quin était comme ça aussi ? Un peu, mais moins que toi quand même, un peu moins. Alors, tu le menaces de lui botter le derrière s'il faisait du mal à ton frère et ça te fait rire parce que tu n'es pas sérieuse du tout, surtout que des deux, il sait clairement mieux se battre que toi.

" Touché coulé. Mais c'est bon à entendre, je suis sûre que si t'arrives un peu plus à te détendre en public, en commençant avec moi, tu serais un merveilleux beau-frère. Sinon, je te lancerais une petite décharge, ça pourrait te remettre les idées en place, on sait jamais. "

Quel bout en train ce Keith. Si un jour t'arrive à le dérider un peu, tu seras clairement contente de toi, mais c'est pas encore pour aujourd'hui, un détail, parce que vous avez le temps de voir venir, n'est ce pas ? Toi tu rigoles tout le temps, pour rien parfois, mais c'est un peu ta marque de fabrique après tout. Tu croques la vie à pleines dents, tu fais ce qu'il faut pour ça, tout en t'acquittant de ta mission qui t'étais confiée. Tu attendais encore quelques précisions sur ce que tu devais faire en Inde, sinon, tu irais en mode yolo, au talent comme tu aimes dire et advienne que pourra.

 
Si à première vue nous étions détendus et nous discutions tranquillement, elle était loin de se douter de la tempête qui siégeait dans ma tête, de l'ouragan qui hurlait sous ma caboche. Toutes ces émotions... C'était une fatigue extrême de parler avec des inconnus, je n'étais pas à l'aise en société, et pesait chaque mots qui sortait de ma bouche. Alors je me contentais de boire à petites gorgées mon café au lait, ayant fini depuis longtemps mon muesli. Elle explosa de rire après mes mots, et je la regardais, essayant de rester de marbre. C'était pas le genre de sujet que je me sentais prêt à aborder avec n'importe qui, je sentais la gène faire rougir doucement mes joues. Non... Décidément j'avais pas été élevé dans cette ambiance décomplexée, et j'avais pas l'habitude d'être moi. De parler "franchement" des affaires de culs des autres, pour moi... Certains sujets restaient dans l'intimité, et c'était tant mieux.

"Qu'on soit le matin, l'après midi ou le soir, je pense que... Bon... En réalité ça changera pas grand chose. C'est vrai mais... Merci. Je te demande pas de jouer les hypocrites, mais de m'épargner tes histoires intimes." Je passais une main sur mon visage, me mordillant la lèvre. "J'ai pas envie de penser aux coups d'un soir que t'es susceptible d'avoir eu la veille et aux choses étranges que tes amants t'ont fait au prochain repas de famille."

Enfin... Je disais ça, mais j'étais pas sûr que Quin voulait que je prenne cette place et que je me greffe à leurs repas de famille, j'étais bien décidé à prendre la place qu'on me laisserait sans poser de problème, tant qu'il était heureux et moi aussi, n'était-ce pas ce qui importait ? Si je ressentais de réels sentiments pour Quin... Sa soeur me mettait mal à l'aise, mais j'avais du mal à cerner pourquoi. Elle rit, et tout semble glisser sur elle, elle finit par parler à nouveau, et ses mots me font froncer les sourcils. Toute émotion déserte d'un coup mon visage alors que je pointe mon regard sombre dans le sien. Glacé. C'était comme ça que je me sentais.

"C'est encore une menace Jordan ?" Je croisais les bras, m'installant un peu plus au fond de mon siège, croisant les jambes avec élégance. "Je ne pense pas que ça contribuera à me faire me sentir mieux en ta compagnie tu sais..." Je détournais un instant le regard, avant de le glisser dans le sien. "Mais je tiens à te prévenir... A la première attaque je me défendrais. Que tu sois de la famille de mon mec ou pas... Je suis pas prêt à me laisser faire. Peu importe les conséquences."

Je m'étais jamais laissé marcher sur les pieds, et si fallait assumer sa réputation de grand méchant violent que j'avais grâce à mon dieu tutélaire, j'étais prêt à le faire. Seth était violent, colérique, et je devais avouer que j'étais dans la maîtrise... Mais je ressentais toujours cette colère, cette rage. C'était ainsi. Je frappais pas pour le plaisir, je rendais les coups qu'on me donnais. J'avais appris à ne jamais être le premier à agir. Mais je répondais en conséquence. J'attrapais mon café, finissant ma tasse. ça allait être une bonne journée... A n'en pas douter. Je me sentais d'une humeur des plus exécrable.

Tu es clairement trop détendue Jordan, trop pour celui qui te fait face. Tu ne le connais pas plus que ça non plus, mais dans ton esprit, il fait déjà parti de la famille, et donc, tu peux te permettre de petites familiarités. Mais en vérité, tu aurais mieux fait de t'abstenir. Tu es comme ça, très naturelle, trop naturelle pour le coup, avec un humour qui ne trouve pas du tout son public, et qui a pour effet l'inverse de ce que tu désires. C'est bête, faut bien se l'avouer, mais au moins, tu sauras à quoi t'en tenir pour la prochaine fois, parce que là, tu ne vas pouvoir que limiter les dégâts, que limiter la casse auprès de ton presque beau-frère. Il te le fait comprendre donc une première fois avec des histoires tournant autour d'un certain amusement. Toi, ça te fait rire, mais lui, pas du tout.

" Désolé, c'était pas le but rassure toi, mais je note, pas de sujet tendancieux, je ferais l'effort de m'en souvenir pour une prochaine fois. "

Parce que oui, il y aurait une prochaine fois, que ce soit dans deux jours ou quelques semaines. Tu passais souvent par Spearton même si tu n'y logeais pas, et puis, tu adorais passer du tems avec ton frère et sans doute que parfois, Keith sera dans les parages. Il ne serait sans doute pas tout le temps là, surtout aux repas de famille, enfin, je savais pas à quel point tout était sérieux entre les deux, mais bref, tu allais devoir faire attention à ta langue clairement trop bien pendue. Mais ton naturelle revenait vite. Pour toi, rien de méchant, juste une petite blague posée là, sans arrière pensée et il y voit clairement une véritable nouvelle menace. Ouais, vu comme ça, finalement, son raisonnement tient la route. Tu as vraiment l'art de mettre les pieds dans le plat Jo', et là c'est assez flagrant. Si tu pouvais te métamorphoser en petite souris, ou en volatile, tu choisirais la fuite, parce que finalement, c'est toi que tu mets mal à l'aise avec tes bêtises. Son regard te fixait. Tu n'aimais pas ça.

" Désolé à nouveau, c'est mon humour qui est comme ça Keith. Je suis une bavarde, et je crois que j'ai tendance à dire beaucoup de bêtises. Mais c'est vrai, on se connait pas vraiment, je pense qu'on est partis du mauvais pied tout les deux. J'ai aucunement l'intention de te faire du mal. Je vais pas t'attaquer physiquement, ce serait un vrai Thor. "

Tu as mis un peu l'intonation pour qu'il comprenne le jeu de mot, même si peu importe au final, car une migraine grésille dans ton esprit de façon instantanée ou presque, message de ton dieu pour te faire comprendre que tu dois te montrer respectueux avec celui qui te fait face, ou bien que tu dois simplement te presser dans ta mission, tu sais pas trop ce que ça veut dire. Mais tu poses ta main gauche sur ta tempe avec une petite grimace. Tu finis ce que tu dois boire et manger et tu iras, mais tu as encore le temps, à priori.

 
La tension s'est désormais bien établie dans ma petite personne, une pointe de colère, un sentiment de menace... Tout ça fait battre mon coeur plus vite alors que je tente de rester maître de moi. Le jeune Keith, impulsif, il est loin désormais. Il a laissé place à un adulte qui a apprit à faire avec l'injustice des autres, qui a apprit à maîtriser un tant soit peu ses émotions alors même que la colère me semble vive, amère. Mais je fais mine que ce n'est rien, alors que je joue, du bout de ma cuillère, avec mon repas. J'étais pas sûr d'apprécier ma rencontre avec la soeur de mon compagnon. Pour une fois c'était pas forcément de ma faute. Je hausse les épaules.

"C'est gentil de ta part de faire un effort pour moi Jordan. Franchement. C'est pas dans mon éducation de parler de tout ça avec autant de facilité."

Oh... J'aurais pu lui dire bien des choses moi aussi. Des détails salaces et autres histoires. Mais pour moi... C'était intime, c'était précieux. C'était des choses qu'on gardait pour soi, qu'on gardait précieusement. Les ébats que j'avais avec son frère par exemple... C'était un délicieux secret que je gardais avec le principal concerné. Et je savais que j'étais incapable de parler de ce que nous partagions avec quiconque. Mais... J'étais différent, j'avais mes limites, et j'avais mes habitudes. J'étais moi, et Jordan était différente, c'était pour cette raison que le monde avait mille facettes, nous étions tous différents. Elle arbore finalement un air plus humble, plus discret et s'explique finalement. J'suis pas quelqu'un de cruel, et ça a jamais été dans mes projets de la mettre mal. Je hausse maladroitement les épaules et la regarde finalement, une moue incertaine sur le visage.

"Excuses acceptées. On est différents toi et moi et... T'as sans doute moins le poids des mots que moi. J'ai vraiment pas envie que ça se passe mal entre nous parce que j'apprécie sincèrement ton frère et que j'ai pas envie qu'il y ait d'ombres sur le tableau. Je sais pas où notre histoire nous mènera, je sais pas si ça durera ou pas. Mais c'est pas mes intentions de faire du mal à ton frère, j'ai pas envie. Parce que... Bah j'l'aime, après, si ça colle pas, si on finit par se séparer, j'ai pas non plus envie de te voir débarquer pour qu'on se batte. J'ai pas envie d'appréhender quand tu seras là." Je passe une main dans mes cheveux et je soupir. "Je suis timide, susceptible, et j'ai pas mal de défauts, mais faudra me prendre comme ça, faudra m'accepter comme ça Jo'. Si Quin' m'accepte et m'apprécie comme ça... Faudra faire avec." Je hausse les épaules. "T'en fait pas... Y'a pas de rancunes ou quoi, d'accord ?"

J'avais bien des défauts, mais je ressassais pas ma rancune, une fois que les choses étaient mises à plat, c'était fini pour moi.

Deux salles, deux ambiances clairement ici, toi tu es détendue, nature, tranquille, lui c'est tout le contraire, il est assez coincé, tendu, mais sans doute, sûrement même que le vécu est bien différent. Toi, tu as été élevée plutôt à la cool, en tout cas, c'est ce que tu as retenu le plus, raison pour laquelle, tu as fixé ton pied à terre à Kingston en Jamaïque. Lui, d'après ce que tu as pu comprendre, l'éducation a été clairement plus sévère que la tienne. Mais bon, il faut de tout pour faire un monde, n'est ce pas ? Oui, il faut clairement de tout et tu sais très bien que vous pourriez être parfaitement complémentaire lui et toi. Cependant, tu t'excuses, doublement pour ce que tu as pu lui dire. Pour toi, c'est normal et banal, pour lui, c'est tout le contraire, peu importe quand, que ce soit le matin, à midi ou le soir, ce ne sont pas des sujet à aborder en mangeant, en public qui plus est, enfin entre lui et toi donc. Tu retiendras pour les prochaines fois, histoire de ne pas mettre les pieds dans le plat même si c'est une de tes spécialités Jordan, faut bien le dire mais ta personnalité joviale et bonne vivante fait passer le tout comme il faut, en général. T'en souris, parce que mine de rien, t'es soulagée de voir que son visage semble s'apaiser un peu. Bon, il va rester tendue, mais lui comme toi, vous n'avez pas envie de partir du mauvais pied. Qui sait ce qui pourrait se passer dans le futur ? Tu sais que son rôle ici est important, mais si toi, tu n'as plus un rôle à part entière sur Spearton, tu restes hérault de Thor malgré toi. Alors des missions tu vas encore en accomplir si tu arrives à décrypter les messages parce que parfois, c'est compliqué, il faut bien se le dire.

" Je comprends, pour moi c'est un sujet comme un autre en fait, j'ai pas spécialement de tabous, mais je retiens pour une prochaine fois, promis. "

Tu souris et tu hausses les épaules, tu n'as pas véritablement de sujets qui te font peur, qui te font t'arracher les cheveux ou autres. Bien entendu, tu ne vas pas parler de choses horribles comme ça, de but en blanc, mais le sexe, ça ne te dérange pas le moins du monde en fait, ça fait partie de ton presque quotidien, de tes habitudes régulières en tout cas, et dans ton esprit, c'est acquis qu'il en va de même pour tout le monde, mais ce n'est pas le cas. C'est bon à retenir pour les prochaines discussions avec Keith, de rester dans une sobriété qui ne te ressemble pas forcément mais dont il faudra faire preuve toutefois. Ainsi donc, il accepte tes excuses, c'est bon, ça ira. Tu apprécies le discours qu'il te tient ensuite.

" Sans rancunes oui. Du coup, je crois que je vais devoir y aller, la pause petit déjeuner est finie, le devoir m'appelle, et promis, la prochaine fois, je ferais dans un style plus sobre niveau parole. "

Et tu te lèves, tu lui tapotes gentiment l'épaule avec un petit sourire, comme pour lui dire à la prochaine en somme, parce qu'il y aura une prochaine fois, tu le sais très bien, même plusieurs sans doute.